1999 assis dans mon salon, je tentais de regarder un film, la tête de camille, ma meilleure amie, était posée sur mes cuisses tandis que je glissais doucement mes doigts dans ses cheveux, mais avec ma mère qui se disputait dans la chambre d'à côté, c'était impossible de se concentrer. après plusieurs années, j'aurais cru m'habituer à tout ça, mais non. quand je rentrais du lycée, je trouvais toujours une note sur le frigo me disant que mon assiette était déjà préparée, manquait plus qu'à la réchauffer. lorsqu'elle revenait le soir, elle était rarement seule. accompagné par le premier connard qui passait sûrement. oui, il y a eu des gars sympas, mais ceux-là, je ne les revoyais plus après. « va te faire foutre ! » ces mots se firent entendre à mes oreilles, tel un réveil à six heure du matin. le mec en question venait de sortir de la chambre et passait dans le salon. d'un bond, je me redressai, faisant sursauté camille en même temps. ma mère était derrière lui, les larmes aux yeux. « qu'est-ce que tu viens de dire à ma mère ? » ma mère méritait peut-être la situation dans laquelle elle s'était mise, mais quand même. je n'acceptais pas qu'on lui parle ainsi. mes sourcils étaient froncés, mon regard centré sur lui. il avança quelques pas vers moi pour répondre. « va... te... faire... foutre. » j'inspirais profondément, prêt à rétorquer, mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, ma mère prit la parole. « ne t'en mêles pas todd. » lâcha-t-elle d'un ton irrité. ses paroles me déstabilisèrent quelques instants. what the fuck... je tente de la défendre et elle m'envoie bouler comme ça. ça m'apprendra. sur ce, je fis signe à camille de me suivre. je n'allais pas rester là pour les écouter se disputer encore plus, surtout que je pouvais rien y faire maintenant qu'elle m'a fait perdre toute crédibilité.

2004 j'ouvris les yeux pour découvrir camille, nue, couchée dans mes bras, tête posée contre mon torse. pendant un moment, la panique s'empara de moi. j'aurais bien aimé blâmer l'alcool, mais la vérité était que je n'avais pris que deux bières et ça m'en beaucoup plus pour me rendre à ce niveau. je savais qu'avec camille rien n'était clair entre nous, mais c'était ce que j'aimais de notre relation. nous agissions comme un couple, mais sans les avantages - de toute façon, ce n'est pas comme si j'en avais pas ailleurs. jamais nous avions dépassé les limites de notre amitié, jamais nous avions fait face à une situation comme celle-ci et à vrai dire, je n'étais pas préparer à ça. pas du tout. je me glissai hors du lit subtilement afin de ne pas la réveiller, enfilai mes vêtements et quittai la chambre sans faire de bruit. heureusement que nous étions chez elle, car quitter ma propre maison aurait été beaucoup plus difficile. quelques heures plus tard, j'étais dans la cafétéria de l'université à étudier pour notre examen. « attend je rêve où t'es vraiment en train d'étudier ? » se moqua camille en prenant la place libre à côté de moi. j'échappai un rire, mais ne rétorquai pas à son commentaire. à vrai dire, j'étais légèrement mal à l'aise et pourtant, elle semblait être plutôt cool. « bah voyons, ton chien est mort ou quoi ? » j'arquais les sourcils, un peu confus. « j'sais pas trop. je pensais qu'après ce qui s'est passé hier soir, tu voudrais qu'on en parle. » « hier soir ? honnêtement, je me rappelle plus trop de ce qui s'est passé, mais si tu tiens à ce qu'on en parle, je t'écoute. » sur le coup, j'étais soulagé. adieu les malaises, je pouvais être tranquille. par contre, je dois avouer avoir été un peu vexé qu'elle ne s'en rappelle pas. pourquoi ? aucune idée, c'est comme ça. du coup, j'ai décidé d'inventer une histoire bidon sur la soirée d'hier. oui, je lui mentais, mais c'était pour nous que je le faisais. tout était beaucoup plus simple ainsi.

2012 « on a l'air con. » je lançais un regard à ma meilleure amie qui se tenait à mes côtés, prêt à me regarder couper le ruban qui bloquait la porte. tous les deux avons finalement réussi à réaliser notre rêve d'adolescence : s'ouvrir une maison de disque. en fait, notre rêve d'adolescence était de devenir des stars du pop, mais en fait, nous préférons être derrière le talent. celui qui aide les jeunes à peaufiner leur talent. ayant tous les deux étudiés dans le domaine de la musique, nous avions les critères nécessaires pour les guider dans la bonne voie. nous étions peut-être pas connus ou quoi que ce soit, mais nous étions assez motivé pour que tout cela se réalise. « ouais, mais c'est un moment important, faut un truc assez legit. bon t'es prête ? » elle secoua la tête avec un rire léger, ce qui - à sa façon - voulait dire "oui". d'un coup de ciseau, le tissu se découpa sous nos yeux et se divisa en deux. nous étions ouverts. bien entendu, nous n'avions pas tout abandonné pour vivre notre "rêve". au contraire, j'avais toujours mon boulot de vendeur dans un concessionnaire. disons qu'ils n'allaient pas devenir riche en un an avec ça. ce genre de compagnie peut prendre du temps. nous courrons la ville à la recherche de talent, mais aussi, nous donnons des cours de musique à temps partiel.