tout le monde est en train de partir en live à la casba. alysha est malade, reese est triste qu'alysha soit malade et prudence s'est mise à communiquer avec un mec en prison. reese n'est pas au courant et s'il l'était, ça ne ferait que le chambouler un peu plus. alors quand iago l'a attrapé en train d'écrire à ce mec, il lui tout bonnement conseillé d'arrêter, que tout c'qu'elle allait gagné c'est des ennuis, des questions plein la tête et qui sait si elle tombait amoureuse de lui: le calvaire. ce matin, réveil du mauvais bien. pas de bonne humeur = café. café = sortir du lit. sortir du lit = aller dans la cuisine et se rendre compte qu'il n'y a plus de café. grogner et sortir de l'appartement pour trouver du café. iago aimait trainer dans les du quartier, ça lui remontait le moral quand il était pas trop là et surtout, ça faisait disparaitre le nuage qu'il avait devant les yeux les jours où il ne levait du mauvais pied. des jours comme ce matin. il s'arrête devant le café en bas de la rue et apperçoit prudence. à sa hauteur, il se traine jusqu'à la chaise en face d'elle. - y'a plus de café, t'as du remarquer toi aussi. son regard encore à moitié fermé se pose sur la feuille posée sur la table. elle était encore en train d'écrire à ce type ou quoi. iago soupira longuement avant de passer une main sur son visage. - prue écoute, c'est pas une bonne idée c'que tu fais.

Elle rassemble ses genoux devant son tronc, son regard lorgnant sur l'horizon. Il fait gris dehors, et la pluie bat depuis une bonne heure déjà. Ce paysage reflète exactement son état ces derniers temps: sans couleurs, brumeux, triste. On bien sûr, il y a tout de même ce job dont elle a tant rêvé et qui est tombé du ciel comme un magnifique cadeau. Une vie à aider les autres, à pouvoir en partie leur offrir un surplus de vie; des collègues qui l'ont accepté tout de suite dans leur grande famille sans la mettre de côté. Mais à côté de cela, il y a toute cette noirceur dans laquelle elle vit. L'annonce de la maladie d'Alysha, ton amie depuis des années et des années. La meilleure de toute d'ailleurs. Cette annonce qui est tombé et qui fait mal comme un violent coup que tu te prends sur la tête et qui fait perdre l'esprit. Et il y a tout ce qui en découle : cette chimio, cette fatigue et cette transformation physique. Ce crabe est en train de manger l'âme d'Alysha. Littéralement. La rendant différente, lui ôtant toute vitalité. C'est bien cela qui rend le plus malade. Est-elle encore cette amie qu'elle connait depuis toujours ou n'est-elle que l'ombre d'elle-même? Elle ne s'est jamais sentie aussi seule. Pourtant, la coloc est un endroit rempli de personnes qu'elle aime, de bruits, de bonne humeur. Mais rien n'y fait. Elle a ce blocage, cette barrière qui l'empêche de parler avec les autres. Parler ne sert à rien quand on est impuissant. Ca n'empêche en rien le mal de se propager. Alors elle s'est mise à écrire, un peu plus qu'à l'accoutumée. C'est d'ailleurs cette raison qui la pousse à s'habiller et à se rendre au café qui se trouve non loin de chez elle. Ça et le fait qu'il n'y a plus de café à l'appartement. Six dans cette maison et personne pour en racheter. Si c'est pas du laisser aller ça. Rentrant à l'intérieur, Prue commande un café et s'installe. Elle souffle sur ses doigts, rougis par le froid. De son sac, elle sort du papier et un stylo avant de faire danser celui-ci sur la page blanche.
"Roman,
Tu dois sûrement me prendre pour une folle à t'écrire aussi souvent ces derniers temps. Ma vie ne ressemble qu'à un nuage de fumée opaque dont je n'arrive à extirper aucuns membres. La maladie d'Alysha ne touche pas seulement sa personne, mais tout le monde. Mon coeur se brise un peu plus à chaque fois que j'ose affronter son regard. C'est mon amie, ma confidente, ma soeur. Et pourtant, je n'arrive pas à m'approcher d'elle alors que je rêve de lui tenir la main. C'est ce qu'on faisait, avant. Avancer main dans la main, rire à gorge déployée, affronter le monde. Aujourd'hui, il s'écroule et moi avec."
Alors qu'elle gratte le papier, une voix se fait entendre. Par réflexe, elle repli la feuille vers elle et lève la tête. Un soupir soulève son thorax lorsqu'elle voit le visage de Iago. « oui. et j'en ais cruellement besoin. » répond-t-elle, alors qu'elle repose son courrier et reprend une posture normale. Ses prunelles se baissent puis finissent par se plonger dans les siennes encore endormies. « écoute, je ne fais rien de mal iago. j'essaye juste d'aider quelqu'un à se sentir un peu mieux. » finit-elle par dire, trempant ses lèvres dans son café.

en plus d'être crevé et d'avoir la tête dans le cul, iago était septique devant l'explication de prue. il l'adorait, vraiment, mais il était persuadé qu'elle se foutait dans la merde en correspondant avec ce taulard. il n'a rien contre les mecs qui sont en prison ou qui en ont fait mais prue est fragile et sensible. c'est ce petit être qu'on a envie de couvé, de prendre dans ses bras. ce petit être qu'on a besoin de protéger, comme une petite sœur. - je pense plutôt que tu as besoin de te sentir mieux. je me trompe? iago était peut-être direct dans ses réponses mais il voulait la faire réagir. non, il ne voulait pas la blesser ou l'énerver, la contrarier, il voulait juste qu'elle ouvre les yeux sur le bordel dans lequel elle était en train de se mettre. entre temps, un serveur était arrivé et lui avait amené son café presto. il avait pris le temps de réfléchir et de se calmer. iago soupire doucement et plongea ses yeux dans ceux de prue. - raconte-moi, dis m'en plus sur ce type, je t'écoute prue, dit-il en s'enfonçant dans son siège. il était sincère, il voulait en savoir plus pour savoir à qui elle avait à faire. il était hors de question qu'il la laisse s'enliser toute seule. il ne le pardonnerait jamais s'il se passait quelque chose, iago tenait beaucoup trop à elle pour qu'il arrive quoique ce soit qui pourrait lui nuire. sirotant son café, il frotta ses yeux qui s'ouvrirent presque entièrement.

Son coeur bat à rompre alors que ses doigts se crispent contre la feuille, la froissant légèrement. Peu importe, elle la réécrira au propre s'il le faut. Personne ne doit être au courant. Ce n'est pas qu'elle a honte, non loin de là. Cela lui paraît presque normal de donner un peu de soutient à quelqu'un qui est dans le besoin. Elle a toujours été présente pour les personnes qui se trouvaient dans des situations pires que la sienne, ce n'est pas aujourd'hui qu'elle allait changer quoique ce soit. Non, sa crainte est tout autre : que Reese l'apprenne d'une autre bouche que la sienne. Lui qui est si protecteur à son égard ne sera en aucuns cas compréhensif quand à cet échange épistolaire particulier. Il est même fort probable qu'il grogne et qu'il montre les crocs. C'est bien pour cela qu'elle repousse encore et encore le moment où elle va devoir y avouer. Elle ne veut nullement engendrer un conflit dont elle connaît déjà l'issue : des éclats de voix, des portes claquées, une distance installée, un manque pour l'un comme l'autre avec trop de fierté pour le dire. Et puis un des colocataires les prendra par la peau du cou pour les confronter avant de finalement céder. Même si elle sait que cela finira bien, elle n'a pas pour autant envie de passer par toute ces phases. Alors non, personne ne doit être au courant. Personne ne devait être au courant, avant que Iago tombe sur une des lettres de Roman dans une des poches de son jeans alors qu'il s'apprêtait à faire une machine.
Iago est un ange tombé du ciel. Prudence se rappelle encore de la journée où il est arrivé avec ses valises sous le bras, son chien Marley et son sourire. Et fut étonnée de voir que derrière ce physique de bad-boy se cachait en réalité un homme au grand coeur, à l'écoute et compatissant. Et leur lien au fur et à mesure s'est tissé et est devenu plus en plus fort. Pour Prue, Iago fait entière partie de sa famille. Parfois, elle pense que c'est Dieu qui l'a mis sur son chemin afin qu'elle puisse se reposer sur quelqu'un, elle qui donne habituellement aux autres. Et là, devant elle, il ne fait que confirmer sa pensée, ne la jugeant pas mais essayant de comprendre pourquoi elle fait cela. Ce dernier touche un point sensible. L'air absent, son regard transperce la fenêtre alors qu'elle repense à ce qu'il vient de dire. Il a raison. Cruellement raison. Roman a autant besoin de son soutient qu'elle du sien en ce moment. Ce blocage prend tellement d'ampleur qu'elle est obligée de se soulager en couchant son mal-être sur le papier.  « peut-être. mais ce dont j'ai besoin importe peu, finalement, hein? » dit-elle, ses lèvres s'étirant en un sourire léger alors qu'elle hausse les épaules. Certaines choses sont plus importantes pour l'instant. Prendre soin d'Alysha par exemple. La choyer, profiter de tout ces moments qu'elle pensait si futiles avec elle. Les états d'âmes n'ont pas leur place là-dedans. Elle n'a pas le droit d'être vulnérable, pas dans un moment pareil. Ses prunelles se reposent sur lui, elle reste un moment silencieuse. « il s'appelle roman, il a vingt-trois ans. il habitait dans le bronx lui aussi. plutôt marrant hein? je veux dire on a habité dans le même quartier sans jamais se croiser. il a toujours rêvé de travailler sur des bateaux. il a eu une enfance plutôt difficile. il a été rejeté, a été agressé à cause de son apparence. il a même arrêté d'aller à l'école à cause de ça. il est malade, c'est ce qui l'a poussé à commettre des fautes et à atterrir là-bas. mais il a un traitement maintenant et les symptômes ne se montrent quasiment plus. il allait très mal et il s'est tourné vers Dieu, comme moi. » commence-t-elle à dire, doucement. « ça fait maintenant deux ans qu'on correspond. et tu vas trouver ça stupide, mais malgré tout ce que je sais sur lui, je ne sais absolument pas à quoi il peut ressembler. » continue-t-elle, alors que ses doigts enlacent sa tasse encore chaude. « il sort de prison dans quelques jours et je dois le rencontrer. mais s'il te plaît, n'en parle à personne. » l'implore-t-elle presque, épiant autour d'elle, comme un animal qui se sent pris au piège.

elle lui faisait de la peine, pas dans le sens où elle faisait pitié, non. plus dans le sens où iago voyait maintenant clairement qu'elle n'était pas bien et ça ne lui plaisait pas du tout. il détestait que les gens qui l'aiment ne se sentent pas bien moralement. aly, reese, prue, ils étaient tous un peu au fond du seau ces temps-ci et ça l'affectait énormément en plus de ses soucis à lui. - si ça importe prue. il continuait de plonger ses yeux dans les siens. bien sûr que c'était important pour lui, bien sûr. - tu as des gens de ton côté, on est là nous, on est là quand ça va mais surtout là quand ça ne va pas. il était hors de question qu'elle se sente triste quand il était là. une deuxième fois, iago passe une main sur son visage, le frottant comme pour faire partir la fatigue qui l'envahissait. être vulnérable n'est pas une tare, c'est humain. tout le monde a droit à ses mauvais moments. encore une fois iago trahissait ses propres idéaux. il n'assume pas d'être vulnérable, faible mais chez les autres c'était normal, c'était humain. il voyait les mains de prue froisser la feuille devant elle et il soupire doucement. ses yeux clairs l'observait, elle était si jolie mais si fragile. iago écouta attentivement ce qu'elle lui disait sur ce taulard qu'il n'aimait déjà pas. le premier ressenti qu'il avait c'est celui qu'un mec qui se plains pour qu'on le plaigne encore plus par derrière, un mec qui se fait passer pour une victime alors que le bourreau en quelque sorte c'était lui, c'était lui qui était en prison, pas iago, pas prue, pas quelqu'un d'autre. - mmh.. deux ans? ça fait longtemps, je ne pensais pas. c'est vrai quoi, lui n'était au courant de son existence que depuis quelques semaines, il ne pensait que ça faisait déjà deux ans. deux ans que personne à la coloc n'a remarqué cette correspondante 'maladive'. - écoute, j'ai en aucunement le droit de t'interdire de le voir mais je n'en pense pas moins, sache-le. je trouve que c'est une très mauvaise idée tu sais. s'il a fait de la prison c'est qu'il a fait des choses regrettables, qu'il a sûrement nuit à plusieurs personnes. certes il est malade mais ce n'est pas une raison pour avoir pitié de lui, c'est lui qui est en prison. ça te préoccupais cette histoire, tu ne pouvais te permettre de la laisser dans ce merdier toute seule. - tu sais prue, même si je ne peux pas t'empêcher de le voir, tu ne peux pas m'empêcher de venir avec toi le jour où ça arrivera. si tu refuses que je t'accompagne, je te suivrais, je me fous que tu me prennes pour un malade, je veux juste qu'il ne t'arrive rien, je veux m'en assurer de mes propres yeux. iago était sincère dans ses mots, il ne la laissera pas y aller toute seule. quitte à la suivre, il en était capable. - mais rassures-toi, je n'en parlerais à personne. c'est pas à moi de parler de cette histoire aux autres, c'est à toi. et je trouve dommage que tu n'en es pas parlé avant, avant de t'enliser encore plus dans cette relation pseudo-réconfortante.

Elle peut sentir son regard courir sur elle et instinctivement, elle baisse le sien, comme pour fuir ce contact qui la dérange. Elle n'aime pas ça, le fait de se sentir si vulnérable, presque à sa merci. Voir ses prunelles remplies de pitié lui donne une furieuse envie de tout envoyer valser, de crier à en perdre son souffle et taper du poing sur la table à s'en faire des bleus. Non, ne la regarde pas comme ça Iago, ne la regarde pas comme si, par un simple mouvement de mains, elle pouvait devenir poussière. Ne la fait se sentir misérable et défroquée. Prudence veut juste qu'il comprenne, qu'il échange le temps de quelques minutes son corps avec le sien, pour qu'il puisse ressentir ce poids écrasant qui la suit jour après jour. Pour qu'il puisse comprendre qu'elle est prête à tout pour Alysha, y comprit à mettre sa colère et sa tristesse entre parenthèse pour un de ses beaux sourires. Oh oui, elle serait prête à se damner pour avoir un simple sourire de sa part. Mais ça, c'est impossible. Alors elle continue d'abîmer son être en gardant ce flot de pensées néfastes plutôt que d'en parler à qui que ce soit. Dans le fond, qu'est-ce que cela changera vraiment? Rien. Les situations resteront les mêmes. Prudence sera celle qui geint et Alysha celle qui souffre. Ni plus, ni moins. Ses yeux osent enfin retrouver ceux de Iago, qui la transpercent littéralement. Doucement, sa tête part de gauche à droite. « il ne faut pas se leurrer iago. »  lance-t-elle alors, haussant les épaules. « chacun essaye de gérer cette chose à sa manière. mais la vérité c'est qu'on avance chacun de son côté dans cette espèce de brouillard. » se rend-t-elle à l'évidence, son regard se posant sur ce café infâme qu'elle déteste. « je peux pas faire ça. je peux pas me mettre à pleurer sur mon sort en criant à l'injustice, alors que je suis là, bien vivante et respirant l'air à plein poumon. » continue-t-elle alors qu'une boule se forme au creux de sa gorge. « elle est celle qui me porte sur son dos depuis qu'on est en âge de marcher, celle qui m'a défendu contre vents et marées. c'est ma seule amie. alors je lui dois bien cela. » termine-t-elle, alors qu'elle tente tant bien que mal de refouler ces larmes qui rêvent de se faire la malle depuis un bail. Non, jamais. Jamais elle ne se mettra à pleurer devant qui que ce soit. Elle ne l'a jamais fait alors que son corps était martelé de coups, elle ne l'a jamais fait alors même qu'elle a osé penser se jeter sous les rails du métro, elle ne l'a jamais fait lorsque sa dignité avait été piétinée par son père. Alors hors de question qu'elle fonde en larmes devant Iago. Cette conversation prit le chemin défendu. Le sujet dont elle ne veut parler à personne. Elle acquiesce doucement. « oui. je ne pensais pas que je pouvais intéresser quelqu'un et pourtant, il est encore là deux ans après. » dit-elle, un léger sourire sur les lèvres. Prudence ne s'est jamais vraiment sentie importante aux yeux des autres. A ses yeux, elle n'est pas assez intelligente, assez cultivée, assez drôle, assez hargneuse, ni même jolie. Comme si elle se contentait d'exister, seulement. Un rire s'échappe doucement de ses lèvres. « tu ne crois pas aux secondes chances, hein? »  lui demande-t-elle, l'ironie teintant un chouïa ses dires. Prudence se relève légèrement et pose sa tête dans la paume de sa main. « ce n'est pas parce qu'on a fait une erreur une fois qu'on est pêcheur tout sa vie. c'est un sacré effort de prendre du recul sur sa vie, de se rendre compte de ses erreurs et de les assumer pleinement. et encore plus de se repentir. » tente-t-elle de le convaincre. C'est assez difficile de convaincre quelqu'un qui a un point de vue opposé au sien. « trop de personnes pensent comme toi. à la conséquence et non au point de départ, à ce qui l'a amené à faire cela. ce sont des personnes comme toi qui empêchent des personnes comme lui de remonter du fond du trou. » dit-elle d'un trait, sa respiration se coupant à la fin de sa phrase, s'énervant quelque peu. Un long soupir soulève son thorax pour finalement redescendre. « désolée, ce n'est pas ce que je voulais dire. » murmure-t-elle, pinçant ses lèvres. Il est certains qu'il va la prendre pour une cinglée, à prendre ceci trop à coeur. Peut-être que c'est elle qui devrait être enfermée. Elle écoute les dires du jeune homme. Instantanément, elle attrape sa main et la sert un peu plus que de raison. « ne fais pas ça, s'il te plaît. » lui dit-elle, alors que ses billes le fixe comme un animal apeuré. « si tu viens, il va croire que j'ai peur de lui et que je ne lui fais pas confiance... et ce n'est pas le cas. » déclare-t-elle, alors qu'elle tente de reprendre une certaine contenance. « s'il te plait, iago. » renchérit-elle, caressant légèrement sa main pour le rassurer et qu'il comprenne qu'elle ne craint rien.

c'était pas possible de l'entendre dire tout ça, la tension montait en toi, tu commençais à devenir furieux, furieux contre elle. comment pouvait-elle être aussi naïve? c'est pas possible. elle le disait elle-même, aly l'avait porté sur ses épaules depuis qu'elles étaient toute petite alors pourquoi elle réagissait comme ça maintenant? comme si aly avait fait ça pour rien, pour que dalle, pour qu'elle tombe dans le panneau à la première seconde où aly n'a plus eu la force de la porter. - et c'est comme ça que tu la remercies? en baissant les bras, en sautant sur la première occasion pour t'occuper de quelqu'un d'autre? tu commences à tapoter fortement avec ton index sur la lettre posée sur la table, tes yeux dans ceux de prudence. t'étais vraiment en colère. - ce que tu devrais faire pour la remercier de toutes ces années, c'est rester forte et surtout près d'elle. c'est à toi à la porter sur ton dos maintenant. le soutien c'est pas à sens unique prue, elle t'a épaulé pendant des années maintenant c'est à toi de faire pareil, de lui montrer que tu baisses pas les bras, que t'es prête à t'occuper d'elle, quoi qu'il arrive. certes, on ne donne pas aux gens en espérant recevoir en retour, on donne aux gens parce que c'est dans notre nature, on attend rien en retour mais dans ce cas-là, c'est aly qui a besoin qu'on la porte. toi, tu la porte sur ton dos aussi, à ta manière, mais au moins tu essayais. jamais l'idée de chercher à t'occuper de quelqu'un d'autre te viendrait à l'esprit. certes, ça prend du temps et ça demande de l'énergie de s'occuper de quelqu'un de malade, on peut pas sauver tous les malades de la terre. on est pas assez gros pour ça, à notre échelle, il faut déjà s'occuper des gens que l'on a autour de nous avant d'en chercher d'autres. c'est sûr, des gens qui ont besoin d'aide, il y en a des milliers et une vie entière ne donnerait pas assez de temps pour tous les aider. - qu'est-ce que t'en sais qu'il te baratine pas depuis deux ans hein? qui te dis qu'il veux pas juste être sûr de pouvoir tirer son coup en sortant ou d'avoir un toit sur la tête? rien ne te prouve qu'il te raconte la vérité prue. c'est vrai quoi... iago pouvait pas la laisser toute seule avec ce type, elle qui est toute petite, toute fragile. il pourrait juste avoir envie de profiter d'elle ou plein d'autres choses auxquelles tu ne veux pas penser. - ... ce sont des personnes comme toi qui empêchent des personnes comme lui de remonter du fond du trou. sa phrase te glace le sang même si elle s'excusa dans la seconde suivante. elle n'avait pas le droit de te dire ça, tu donnais tellement aux gens, t'es tellement ouvert, tu laisses sa chance à tout le monde et elle ose t'envoyer ça dans la gueule. et voilà qu'elle te prend la main, qu'elle te supplie de ne pas la suivre. elle mériterait que tu la laisses seule ouais, tu détestes ce qu'elle vient de te dire. soudainement, tu arraches ta main de son emprise avec un moue de personne blessée sur le visage. - tu sais quoi prue, va le voir mais s'il t'arrive un truc je viendrais pas te ramasser à la cuillère. tu vois, j'suis déçu que tu préfères te mettre du côté d'un mec que t'as jamais vu plutôt que de celui-ci qui vit à côté de toi tous les jours. et je suis encore plus déçu que tu me dises, à moi, que je suis ce genre de personne que je déteste. dis-tu en te levant de ta chaise. tu mentais mais tu mentais bien. tu commençais à partir de la table mais tu fis de suite demi-tour. bien-sûr que s'il lui arrivait un truc il serait là pour la ramasser et recoller tous les morceaux. il remuerait ciel et terre pour elle comme pour aly, zelda, ronn ou reese. tu te rassoies en face d'elle. - et puis merde prue, non bien-sûr non je m'en foutrais pas. c'est juste que t'es plus importante pour moi que tu ne le penses, je peux pas laisser quelque chose t'arriver, c'est pas possible. putain prue comprend-moi merde, je peux pas te laisser y aller toute seule. il peut t'arriver n'importe quoi là-bas... tu venais de confier un gros truc-là, putain mais pourquoi maintenant? tu baissais les yeux, tu n'osais même plus la regarder en face. - j'm'en fous prue de comment il le prendrait, il est pas en sucre ton pote, j'peux pas te laisser y aller toute seule.