l'ambiance à la maison n'était pas folichonne ces temps-ci. tout le monde a ses problèmes et il faut dire que l'hiver n'est pas la meilleure saison pour se remonter le moral. à part se gaver de chocolat et s'enrouler dans sa couette, personne n'a la motivation de rien. heureusement pour iago, il a marley. quand il parle de son chien, iago a les yeux qui s'illuminent. les autres trouvent ça souvent bizarre mais quand on les voit tous les deux, on comprend tout de suite de quoi il parle. une sorte de complicité fusionnelle s'est rapidement crée entre le jeune chien et son maitre. il est d'un immense soutien pour iago et sûrement pour quelques personnes de la maison aussi, avec ses grandes oreilles et son poil ébène. le jour commence à tomber et les derniers rayons du soleil colore la ville chaleureusement. les coudes sur le balcon, iago fume sa cigarette, le regard au loin. il n'a pas vu ni entendu alysha approcher jusqu'à ce que marley se lève et couine en venant lécher la main de la jeune femme, comme pour lui dire bonjour. iago tourne la tête vers elle. il n'attendait pas vraiment ce moment mais il est arrivé. c'est-à-dire qu'il pose souvent, devant sa porte, quelques photos de la jeune femme. pas besoin de messages, de remerciements, il essaie juste de la soutenir à sa manière, en lui montrant naturellement qu'elle est toujours aussi belle et aussi forte. iago apprécie beaucoup alysha même s'ils n'ont jamais pris le temps de discuter tous les deux. les regards et les silences en disent beaucoup plus que les mots. non, il n'éteindra pas sa cigarette parce qu'elle est là. elle n'a pas besoin de ces gestes-là qui lui feront encore plus sentir qu'elle est malade, ces gestes-là qui puent plus la pitié qu'autre chose. lui montrer son soutien ça n'est pas en lui faisant revenir à la figure jour et nuit qu'elle est malade, c'est en la traitant comme une personne normale qui, certes, a une maladie mais qui est quand même humaine. et ces gestes à la con comme lui dire de se couvrir quand elle sort, jeter sa cigarette quand elle est là, ne pas lui proposer de vin quand on est à table, tous ces petits gestes-là, ceux sont eux les plus blessants.

le silence a le poids des larmes

iago. iago c'est son nom. le nom de cet homme silencieux. silencieux mais qui parle avec les yeux. ses yeux dans lesquels tu aimes te plonger parfois, quand il t'arrive de le croiser. cela ne fait pas longtemps qu'il est ici, dans la coloc, mais ce n'est pas pour ça que tu ne le considère pas comme un membre de cette famille. iago, c'est un homme très mystérieux, secret et énigmatique que tu aimes observer. sa présence a elle seule te rassure, comme indispensable à celle des autres. c'est grâce à eux que tu gardes la tête hors de l'eau. c'est à leurs sourires, à leurs manières d'aborder la vie que tu te raccroches pour te projeter toujours plus loin. tu as encore du chemin à faire, tu ne rencontreras pas de si tôt ce panneau de sortie que représente une issue des plus dramatique : la fin de tout. la fin du voyage. tu as encore tellement de choses à découvrir, tellement de gens à aimer, tellement. tu es trop jeune pour mourir.
tu es le genre de fille a n'avoir besoin de pas grand chose pour être heureuse. comme par exemple, manger un morceau de chocolat devant la télé, boire un thé au citron, te recouvrir les mains de peinture quand tu te retrouves devant une toile, entendre les rires de tes amis, voir leurs sourires émerveiller leurs visages, partager un moment câlin avec marley. ou encore lire un bon livre dont tu prendras plaisir à faire la critique pour poster une nouvelle vidéo sur ta chaîne youtube. des petits plaisirs. de rien du tout qui fait de ta vie un grand soleil.
justement. tu l'as vu, traverser le salon pour filer jusqu'au balcon. son fidèle ami près de lui. marley et iago, s'engouffrant quelques minutes plus tôt à travers la baie vitrée entre ouverte. tu l'observes à travers le petit voile blanc du rideau. sa silhouette fine, ses cheveux bruns, sa gestuelle quand il vient coincer sa cigarette au coin des lèvres. tu jettes un coup d'oeil à ton livre. tu termines ton chapitre pour prendre le temps de réfléchir. et puis enfin, tu te lèves, abandonnant ce plaid sur le canapé, tu enfiles tes gros chaussons et tu refermes le gilet sur toi avant de filer pour les retrouver. marley arrive, te lèche la main. tu souris et le regarde, une mèche bouclée finissant devant tes yeux. puis, tu te poses là, à côté de iago qui continue à fumer. ce que tu aimes chez lui aussi, c'est sa manière de te voir. comme une personne normale. ce sont toutes ses petites attentions qui te font craquer chez lui, qui te pousse a avoir de l'affection pour l'homme qu'il est. 
d'abord, tu ne sais pas quoi dire puis, finalement - en contemplant la ville qui prend progressivement ses couleurs du soir, tu dis : merci iago. il ne faut pas plus pour comprendre. puis, pour accompagner tes mots, tu tournes la tête dans sa direction, tu t'appuies contre la rambarde et tu le regardes, de tes grands yeux tendres. 

merci. mais merci pour quoi au final? c'était pas grand chose c'qu'il faisait. c'était juste poser des photos d'elle devant sa porte en n'espérant rien en retour. il n'attendait pas qu'elle lui dire merci, il n'attendait rien. iago ne savait même pourquoi il faisait ça. peut-être qu'il espérait que ça la guérirait? mais ça serait se voiler la face, on est pas au pays de bisounours ou quand le pays de je n'sais quel ours en couleur qui croit que tout il est beau, tout il est gentil. iago expire longuement sa fumée. c'est que ça l'touche cette histoire, c'est clair, il est sensible derrière son visage anti-émotion. il supporterait pas que la maladie lui vole la vie, non il le supporterait pas. ça ferait trop de gens en peu de temps. iago secoue la tête comme pour faire fuir ces mauvaises pensées. il ne sait pas quoi lui répondre. il n'a pas envie de lui demander si elle va bien parce qu'il connait la réponse. il pourrait lui dire 'de rien' comme si de rien n'était mais ça ne viendrait pas du cœur, parce qu'au final ses photos elle doit lui apporter dix minutes de bonheur mais ensuite, quand elle les remet dans l'enveloppe, il se passe quoi hein? elle repense à tout, au cancer, à son corps qui s'affaiblit. ça lui fait mal à iago, il aimerait la prendre dans ses bras et la serrer si fort que le cancer s'étoufferait et il partirait, très loin. que ce soit lui qui meure et pas elle. saleté d'merde, ça devrait même pas exister. - si ça te fait plaisir alors je continuerais toute ma vie. iago pivote vers elle et lui sourit, sincèrement.

le silence a le poids des larmes

ce que tu aimes aussi chez iago c'est son silence. en plus d'être apaisant, il est réparateur. il ne cherche pas à employer les mots qui fâchent. il t'épargne de ces remarques qui rappellent ainsi douloureusement que tu souffres de l'intérieur. il ne fais oublier de cette manière que le cancer te bouffe petit à petit. ce qu'il y a de charmant aussi chez iago, c'est sa manière d'observer : l'environnement qui l'entoure mais pas seulement. sa façon de voir les gens également. d'aborder le monde.
tu t'es toujours demandé comment tu lui apparaissais mais à travers sa douce et délicate attention qui consiste à venir glisser sous ta porte, quelques photos de toi - tu sais à présent qu'il te trouve jolie. en fait, il sait te sublimer et ça, c'est la plus belle attention qu'il peut t'offrir. tu n'as pas franchement bonne mine c'est vrai et pourtant, tu apprends à accepter ton image un peu plus tous les jours grâce à iago.
tu t'approches un peu plus de lui, laissant tes petits doigts glisser sur le fer de la rambarde qui se refroidit avec la nuit qui tombe.
tu ne sais pas pourquoi mais, tu aimerais bien te serrer dans ses bras l'espace de quelques minutes. pas seulement pour avoir moins froid mais pour te réchauffer le coeur également. tu hésites, tu retiens ton souffle et croises son regard une fois la tête relevée. ses mots te font fondre et un sourire étire tes lèvres. iago se tourne davantage vers toi. tu regardes son chien, qui semble être interessé par la scène qui se déroule sous ses yeux.
son sourire t'arraches un frisson. tu passes une main dans tes bouclettes puis soupires un peu avant de t'approcher pour de bon. tu passes tes bras autour de sa taille et te serres contre son torse. tes yeux se ferment. une vague d'émotions te traverse. bonheur, soulagement, sentiment de sécurité. tu te serres fort contre lui. tu n'as pas vraiment les mots pour exprimer tout ce que tu as à lui dire. tu penses alors que la meilleure façon qu'il t'est donné pour te faire comprendre, c'est de te laisser aller, là - près de lui.
tu as presque envie de fondre en larmes mais tu ne dois pas le faire. tu t'es promis de ne jamais montrer un signe de faiblesse aussi important.

elle s'approche doucement de iago, elle a l'air touchée par ce qu'il lui dit, touchée dans le bon sens du terme. elle s'approche de plus en plus jusqu'au venir enroulé ses bras autour de sa taille. contact, contact, contact, comment réagir? c'est un peu nouveau pour lui cette démonstration d'attention, ce câlin, c'est qu'il est pas habitué. il jette son mégot dans le cendrier et enroule doucement mes bras autour d'alysha. mais le contact ne fait pas, il hésite, il ne veut pas mal s'y prendre, beaucoup trop de questions traversent son esprit torturé. mais il finit pas la serrer dans ses bras, il profite du moment, de la bonne odeur de ses cheveux, du réconfort que ce câlin peut lui apporter. c'est qu'il a presque les larmes aux yeux, il ne veut tellement pas qu'elle parte, tellement pas, ça lui fend le cœur mais il doit rester fort. iago ravale ses émotions et dépose un léger baiser sur le crâne de la beauté. - tu sais aly, je suis content d'avoir passé le pas de la porte il y a quelques mois. son cœur serait-il en train de se ramollir un petit peu? voilà une confidence qui vient du fond du cœur, sincère au plus haut point. malgré la mort de son frère de coeur, la maladie d'aly, il est si fier de faire partie de cette grande famille. parce que sa vraie famille, il n'a plus de nouvelles depuis qu'il est parti. c'est un peu comme s'il était orphelin mais qu'une famille soudée l'avait adopté. - qu'est-ce que tu diras qu'on reste là, à regarder la nuit tomber?

le silence a le poids des larmes

tu fermes les yeux. pour profiter pleinement de l'instant, de ce sentiment de légèreté et de liberté que tu sens au plus profond de ton être. cette envie de vivre explose un peu plus dans ton coeur. il en palpite assurément et tes doigts fins serrent le t-shirt de iago. tu inspires profondément, sens alors son odeur te chatouiller le nez. tu humectes tes lèvres et ris nerveusement à sa remarque. toi aussi, toi aussi tu es heureuse d'avoir vu sa jolie tête brune passer la porte de la coloc. toi aussi tu es contente de le compter dans ton coeur comme un membre de la famille. tu caresses doucement son dos à présent et ne cesse de te presser fort contre iago. son baiser au sommet de ton crâne te fais du bien. il te rassure et sa chaleur te soulages du froid de la fin novembre. tu vas me faire pleurer iago. de par sa bondée et ses jolies attentions.
c'est alors que de sa voix grave, il te propose de regarder la fin du jour. tu te pinces les lèvres et redresses le visage. tu plantes tes grands yeux bruns dans les siens, sans le lâcher. tu sens toujours ton coeur battre un peu vite suite à ton audace. tu n'as certainement pas envie de le lâcher, alors, pivotant sur tes pieds, tu te tournes juste un peu. tu lui attrapes la main le temps de venir te poser contre la rambarde puis ses bras, tu les refermes autour de ta fine taille. tu espères que ça ne le gêne pas mais ça te fais du bien de l'avoir près de toi comme ça. tu fermes les yeux puis les rouvre pour profiter du spectacle. ce mélange de couleurs sur les toits de siloams springs et ça t'émeut. bon sang ! c'est beau...je me lasserai jamais de cette vie. tu chuchotes cela et cales ta tête contre son torse.

comme elle se place, ça te fait te sentir un peu mal à l'aise, t'es encore moins habitué à autant de proximité avec une fille sauf lorsque tu es en couple avec elle. mais si elle se sentait bien comme ça, il n'y avait aucune raison que tu l'as repoussé ou qu'il se passe quoi que se soit. tu écoutes ce qu'elle te dit et tu déglutis. pitié non, ne pleure pas ma jolie, tu ne pourrais sûrement pas retenir tes larmes toi non plus. elles sont tellement tendance à te monter aux yeux ces temps-ci quand tu es seul dans ta chambre et que tu penses beaucoup trop. jackson, aly, ta famille, tout ça, ça te bouffe à l'intérieur. tu aimerais tellement chasser loin d'ici toutes ces questions qui se percutent constamment dans ta tête. tu embrasses une deuxième fois le sommet de son crâne, sur ses boucles parfaites, et tu te mets toi aussi à regarder le paysage. c'est si beau, si agréable. tu la serres un peu plus contre toi comme si tu voulais la protéger de tout ce qu'il y a à l'extérieur, comme pour dire que tu apprécies ce moment à cent pour cent. - tu n'auras pas l'occasion de t'en lasser de toute façon. t'étais encore et toujours sincère dans tes mots, comme toujours. tu avais tellement d'espoir en elle, tellement. tu n'arriverais de toute façon pas à imaginer ton futur sans elle, c'était comme ça. quand tu faisais rentrer quelqu'un dans ton cœur c'était pour toute la vie. - tu seras toujours là pour ramener la douceur en moi quand elle s'en va et je serais toujours pour t'offrir ces quelques photos, pour te serrer dans mes bras et pour te protéger, toujours aly. quelques instants, tu plongea ton visage presque tout entier dans ses cheveux pour y respirer leur odeur et comme si tu voulais lui donner un peu de ta santé, pour qu'elle aille mieux ce bref instant.

le silence a le poids des larmes

tu n'es pas spécialement tactile comme fille mais il faut croire que tu ne cesses d'avoir besoin de tendresse ces temps-ci. alors, ce n'est pas un problème pour toi, d'avoir prit les bras de iago pour refuge. il te tient chaud et ça te fait du bien de sentir sa présence contre toi. c'est étrange pour deux personnes qui ne se parlent pas plus que ça, qui ne font que se regarder en silence. mais n'est-ce pas plus forts que les mots, plus significatifs ? sur ce point, tu n'as aucun doute alysha. tu es persuadée que c'est plus sincère et plus intense. tu le sens, embrasser une nouvelle fois le sommet de ta tête.
si tes cheveux sont toujours aussi bouclés, ils ont perdu de leur brillance et de leur tenu. ils sont ternes, cassants et tu ne l'as pas encore dit mais tu commences à les perdre. ça te rend tellement triste alysha. tu aimerais pouvoir arracher de tes mains cette bête qui te mange de l'intérieur. que tu l'envoies valser, loin, très loin. que tu l'écrabouilles sous tes pieds. si fort !
iago te serre plus fort, tu sens ses bras se refermer plus étroitement contre ta taille. tu soupires et frissonnes. tu caresses doucement sa main, tu la frôles surtout et ton regard perdu sur la silhouette d'un immeuble, tu l'écoutes. ses mots t'émeut un peu plus. ton coeur se serre. non ! iago attend tellement de toi, il a tellement d'espoir et malgré toute la force et le courage que tu mets dans cette épreuve, c'est pas facile de rester sereine. tu souris pour rassurer ceux que tu aimes mais tu as la peur de ta vie alysha. tu te refuses de pleurer devant eux mais tes yeux se baignent de larmes à sa déclaration. elles perlent sur tes joues, finissent sur ton menton et goutte - peut être contre la peau de iago. tu espères que non. fébrile, tu te retournes, la tête basse, tu regardes ses mains tatouées. ne dis pas ça. tu contrôles le tremblement de ta voix. il te donne une raison de plus d'avoir peur de faire mal. je peux pas vous promettre d'être toujours là. malgré tous mes efforts, ça peut ne pas marcher. tes larmes ne cessent plus, elles glissent inlassablement sur tes joues rougies. ne mets pas tout cet espoir en moi. tu as peur de l'échec. tu te recules, tu as soudain très chaud. peur, angoisse, stress. j'veux pas vous faire plus de mal que j'en fais déjà... tes lèvres tremblent et tu n'oses toujours pas le regarder.

tu refusais que ça se passe comme ça, qu'elle soit triste à ce point et qu'elle pleure devant toi. tu refusais catégoriquement. une certaine colère montait en toi, t'aimerais casser tout ce qui se trouvait autour de toi à cet instant. marley se précipita à l'intérieur, comme si il sentait une certaine tension. tu t'éloignas un peu de la belle alyssa. - je ne peux pas te laisser dire ça, je peux pas aly. bien-sûr que tu serais toujours là, j'en suis persuadé, je ne peux pas laisser quelque chose t'arriver, je veux pas. tu baisses la tête, passe une main dans tes cheveux pour les plaquer en arrière parce que quelques mèches étaient tombées sur ton visage tendu. tu calmes ta respiration, c'était pas le moment de t'énerver iago, non ce n'était pas le moment. tu te rapproches d'elle, attrapant son menton du bout des doigts pour qu'elle te regarde. plongeant ton regard dans le sien qui était rempli de larmes, tu attrapes son visage de tes deux mains. - tu n'es pas responsable aly, tu n'es pas responsable! t'aurais aimé la secouer pour faire tomber ce crabe de cancer qui lui ronge l'intérieur mais ça n'aurait servi à rien. j'aime il ne mettrait les voiles comme ça, en la secouant. - oui, on a mal mais on veut que tu souffres le moins possible. on veut.. je veux pas que tu sois triste parce que nous le sommes. il y a bien une raison, c'est parce qu'on t'aime aly... et que ça nous touche. on a décidé d'être triste parce qu'on tient à toi mais ce n'est pas de ta faute! c'est pas toi qui nous a dit : soyez tristes pour moi allez, enlève-toi ça de la tête. un sentiment bizarre te traverse de part en part. inconsciemment vous vous étiez rapprochés. vos fronts étaient maintenant collés et ta bouche iago était à quelques millimètres de la sienne. comme si tu voulais l'embrasser. puis d'un coup tout te reviens à la figure, c'est aly, elle a son petit-ami et qu'est-ce qu'elle penserait si tu collais tes lèvres aux siennes hein? ça gâcherait sûrement tout. t'étais bouleversé et soudainement, tu lâches son visage et fait un pas en arrière avec ce regard qu'il voulait dire "pardon aly, j'ignore ce que m'arrive. qui es-tu aly pour me faire faire ça?". en une fraction de secondes tu envoies valser ton pied dans la chaise de jardin, furieux contre toi-même.

le silence a le poids des larmes

tu n'oses plus le regarder. tu te refuses de pleurer devant les gens mais c'est ce que tu es en train de faire en ce moment alysha. pourtant tu t'es jurée de ne pas montrer un signe de faiblesse. pourquoi faut-il que ce soit si compliqué ? pourquoi faut-il que tu te laisses aller comme ça ? tu ne sais plus où te mettre. tu l'as bien senti, reculer de toi. comme une gêne, un instant confus que tu n'aurais jamais voulu voir. tu ne vois pas marley filer à l'intérieur, non. tu regardes encore tes pieds surtout. la voix de iago te revient, elle te fait sortir un peu de tes pensées et puis tu le sens venir près de toi à nouveau. tu ne comprends pas pourquoi mais ça te fait quelque chose et tu sens ton coeur accélérer bizarrement. non ! il glisse ses doigts sous ton menton et tu n'as pas d'autres choix que de plonger tes yeux dans les siens. tu n'es pas à l'aise sur le coup et ses mots ne font que rajouter un peu plus de malaise dans tes yeux bruns. tu l'écoutes, sans réellement le faire, bien trop concentrée sur sa bouche qui s'agite inlassablement à mesure que iago parle. tu n'avais jamais vraiment fait attention, mais elles sont si roses. il te rassure, te répètes que tu ne dois pas te sentir coupable de tout ça mais c'est compliqué. tu fronces légèrement les sourcils, méfiante mais d'un autre côté, tu te laisses aller, toujours concentré sur la partie inférieure de son visage. sa petite moustache et sa barbe de quelques jours qui contourne ses lèvres. tu ne te sens même pas partir contre son torse, tu ne soupçonnes même pas ta main de finir sur son pectoraux, ni ton front qui se colle au sien. c'est bizarre, quand même !
mais son souffle contre sa bouche, lui - il te réveille un peu. il n'y a qu'une chose à faire pour venir la chercher : approcher son visage et fermer les yeux. tes paupières, elles sont demeurent closes. soudain, tu es prit d'un vertige mais le sentir s'éloigner brusquement te fais réagir. tu sursautes quand son pied cogne la chaise de jardin. iago. iago calme toi. tu ne voulais pas le mettre en colère. tu ne voulais pas l'effrayer avec tes inquiétudes. il est furieux et tu ne sais pas quoi faire pour tenter de le calmer. iago. tu l'appelles doucement et tu t'approches finalement pour poser une main dans son dos. c'est rien. c'est rien. tu t'appuies contre le mur car tu as l'impression que tes jambes ne te portent plus. regardes moi. tu es bien obligé de venir prendre son visage dans tes petites mains. ça va, tout va bien. on..on s'est pas embrassés. c'est rien.

stop iago, tu dépassais les bornes là, il se passe quoi dans ton crâne à cet instant? pourquoi t'es là à te plaindre alors que t'es bien la dernière personne qui a le droit de se plaindre ici. tu fermes les yeux quelques secondes, sa main sur ton dos, ça t'apaise. tu te tournes vers elle et la prend dans tes bras, ta main sur sa nuque, par dessus ses cheveux. - pardon aly, je me calme, promis. la jour était tombé pour de bon, il commençait vraiment à faire froid et tu la sentais greloter dans tes bras et tu attendais marley couiner à l'intérieur. c'était l'heure de la pause pipi. - tu rentres, je descends marley quelques minutes. je te retrouve dans le salon? tu bouges pas hein. tu embrasses son front en te détachant d'elle et tu sors de l'appartement, suivi de près par marley. les larmes aux yeux, tu déboules en bas de l'immeuble, le cœur un peu lourd. tu avais besoin de quelques minutes pour réfléchir, le temps que marley fasse ce qu'il avait à faire. et puis tu penses, tu penses à aly, à ses jambes qui tremblotaient il n'y avait pas cinq minutes. tu rappelles marley au pied et monte à l'appartement en trombe. aly était là, sur le canapé, elle te souriait et toi, tu te stoppas, soulagé, tellement soulagé.