could you break my fall ?
baptist, il n'a pratiquement aucun souvenir de son enfance. et qu'importe, ce n'est pas très important après tout, puisqu'il pourrait très bien la résumer en de simples mots.
un nouvel an trop arrosé. une voiture qui finit en tonneau. un orphelin.
sa naissance, un tissu de mensonge. son enfance, une bobine de sournoiserie. on ne lui a pas dit à bapt, que c'était qu'un adopté. qu'en fait, son oncle et sa tante ont repris le flambeau. mais bien vite devenu adolescent, il a compris. fallait être aveugle pour n'pas voir tout ces chuchotements, messes basses et cachotteries. baptist a vu à travers le voile. pourtant elle était limpide, la vérité. alors, il disait qu'il n'aimait pas ses parents. ils n'avaient pas le même sang, des gènes et chromosomes différents. adolescent maudit, jeunesse abîmée. il en a fait tout un drame baptist. parce qu'au fond, c'était son once, sa tante et sa cousine. sa famille malgré tout. celle qui l'a accueilli dans son logis en prenant soin de lui. choyé il l'a toujours été baptist. fermement protégé dans ce petit cocon familial qu'ont instauré ses parents adoptifs depuis le tragique accident. pourtant, ils lui ont menti. ils lui ont laissé croire qu'il était leur véritable fils. et ce n'est que quelques années plus tard qu'ils avouèrent que bapt n'était qu'un étranger.

il va dans la nuit l'ado rebelle, se perd et lève les yeux au ciel. prunelles bleuâtres tournées vers le mât. baptist, il n'a rien, il n'est rien. il se pense bon à rien. les étoiles, elles brillent baptist, mais pas pour toi. peut-être que y'a du monde là-haut. peut-être que y'a quelqu'un pour lui. peut-être que ce sont ses vrais parents qui resplendissent. alors Baptist pique, il déferle son venin sur qui est sur son chemin. il ale physique type du lycéen populaire. et qu'est-ce qu'il en profite. cancre et coureur de jupon à la fois. il fume, baise et célèbre la vie. c'est le caïd des bacs à sable, celui qui mène la vie dure aux figures d'autorités. même si au fond, l'gamin veut simplement se faire remarquer. il veut juste scander son malheur, afficher et placarder son désespoir.

baptist change. levé de rideau. l'adolescent grandit, l'adolescent comprend qu'il n'est qu'un jeune puérile et immature. il n'a pas le droit d'insulter, de rabaisser, de devenir un enfer. alors il s'assagi, reprend sa vie en main. il abandonne ses mauvaises fréquentations baptist, n'écume plus les bars avec eux. il bosse baptist, pour lui et rien que pour lui. notamment grâce - ou à cause d'une petite brune. elle était dans sa classe au lycée à l'époque. elle était belle, intelligente, naïve. elle n'était pas comme les autres. non, elle n'avait besoin d'aucune artifice pour resplendir, et baptist l'avait remarqué. alors il s'était amusé le petit, à la rabaisser, à la traiter de tout les noms. parce que c'était cool, parce ça l'faisait marrer le con. c'était juste pour rire, de toute façon. il lui en voulait, à elle et à sa vie un peu trop parfaite. pourtant, il la voyait baptist, maigrir à vue d’œil. jour après jour. alors il a voulu l'aider, le bon samaritain, mais elle a toujours catégoriquement refusé. jusqu'au jour où la nouvelle parvint à ses oreilles. un coma. un coma, nom de dieu. ça l'a prit aux tripes, baptist. il s'en ait voulu. il ne l'a connaissait pas cette fille, pourtant elle le rongeait inconsciemment de l'intérieur. c'était de sa faute et rien que la sienne, si elle est tombée malade. et ce fut le déclic. l'uppercut dont il avait besoin. c'est devenu un garçon bien. charmant jeune homme, serviable et poli qu'ils disent. pourtant, il en a passé des nuits blanches baptist, à sentir la culpabilité gronder dans ses veines. il en passé des heures et des heures devant son instrument, à soulager le poids de ses épaules. baptist le musicien. guitariste à temps pleins. la musique résonne à ses oreilles et tambourine dans son cœur. ça lui donne l'impression d'être vivant, d'avoir un second souffle d’existence. effleurer les cordes de sa guitare, chatouiller les arrangement, ça lui fout les frissons, ça le prend aux tripes. et il aime ça, baptist, bercer les oreilles de sa tendre cousine. il aime ce sentiment d’exaltation. cette sensation de ne pas être totalement agonisant et expirant. il a retrouvé un second souffle.

puis, elle s'est éveillée lorsqu'il ne s'y attendait pas, lorsqu'il ne s'y attendait plus. comme un ange, elle est redescendue sur terre pour continuer le fil de sa vie. sauf qu'elle ne se souvient plus. elle n'se rappelle plus, ô combien, baptist il est diable. alors, il a tenté sa chance. peut-être baptist voulait-il se racheter une nouvelle conscience. peut-être voulait-il également se faire pardonner. mais c'qu'il voulait surtout baptist, c'était tisser quelque chose de beau avec elle. et c'était beau. magique même. ça surpassait tout les contes de fée, toutes ces choses auxquelles il a rêvées. ils étaient bien tout les deux, enfermés dans leur bulle.
jusqu'au jour de la crevaison. alors il est parti le joyeux baptist, celui qui avait retrouvé un semblant de stabilité. abandonné, délaissé. envolé, il a laissé place à un résigné.