Faire du skate ça avait toujours été quelque chose d'inné chez Reese. Comme si il était née sur une planche. La légende disait même qu'il avait glissé bien avant de marcher. Ses parents ne pensaient pas que ce qui n'était qu'une passion pour leur fils deviendrait carrément son métier et pourtant. Il avait eu cette chance. Il avait eu cette chance sur un million de pouvoir gagner ça vie grâce à ça. Il faisait des représentations, avait gagné des prix et était l'idole de milliers de jeunes qui rêvaient d'atteindre son niveau un jour. Le rêve. Mais parfois son skatepark pourrit dans le Bronx lui manquait. Ça vieille planche en bois qui couinait ne lui servait plus que de décoration dans sa chambre. Il savait pourquoi il en était la aujourd'hui il en avait toujours rêvé mais il aimait se retrouver seul avec lui même pour se rappeler d’où il venait.
C'était ce qui l'avait emmener ici de bon matin. Il pensait y être seul mais lorsqu’il mit un pied il reconnu une silhouette au loin qui allait et venait sur la rampe. C'était celle de son colocataire et ami : Iago. Reese glissa pour se rapprocher de la rampe et en profita pour faire un kiss the rail : une figure de skate qui consiste à glisser un laps de temps très court sur une barre. « Alors tu fais ton sport matinale ? »

il y a quelques jours au boulot, on lui avait filé une nouvelle planche pour la tester histoire de bien pouvoir conseiller les clients. c'est comme ça qu'il marchait iago. il ne pouvait donner des conseils sur les trucs qu'il n'avait pas testé, c'était un peu sa marque de fabriquer. enculer le client c'était pas dans ses délires. iago est un type honnête. concentré, enchainant les tricks sur la rampe, il n'avait pas vu arriver reese, son colocataire. iago avait un très bon niveau en skate mais il refusait de se lancer là-dedans pour le simple et bonne raison qu'il refusait d'être sous les projecteurs. iago c'est le type discret, mystérieux qui préfère faire les trucs pour lui. reese brisa le silence, ce qui fit vaciller iago, trop concentré. - ouais, il n'y a jamais trop de monde, c'est cool. ça m'permet de passer un moment privilégié que j'peux avoir avec moi-même mais j'pense que c'est la même chose pour toi, j'me trompe? iago s'arrête et s'assoie en haut de la rampe, allume une cigarette comme une invitation pour que reese le rejoigne. - tu vas comment?

Iago c'est le genre de mec qui se prend pas la tête. Le genre qu'on aimerait tous être parce qu'il a cet air d'indifférence sur le visage qui laisse croire que rien ne peut le toucher ni l'atteindre. Mais Reese ne savait que trop bien que ce visage pouvait n'être qu'un leurre. Apparence pour masquer le mal qui nous rongeait. Lui était parfois un peu comme ça sauf qu'il le cachait sous une tonne de rire et de blagues débiles. « Ca fait du bien de se retrouver un peu seul c'est vrais. » ; Reese montait rejoindre son amis à qui il piqua son briquet à Iago. « Moi ? Ça va. Faut bien que ça aille non. Je dirais même que ça va comme sur des roulettes. » ; il souriait. Un leurre, le plus gros de tout les temps. C'est derrière ce genre d'attitude que Reese cache son « mal ». Il inspira une bouffée de tabac détourna le regard un moment pour le planter dans le vide. Un rire nerveux venant de sa gorge s’échappa. « Personne n'y croit quand je dis que ça va . » ; une question , une affirmation, personne ne le savait vraiment. Même pas lui.

iago écoutait reese attentivement, il était pas dupe, il savait que son pote n'allait pas bien. c'était pas ça ces temps-ci, avec alysha et sa maladie, ça affectait tout le monde mais il fallait qu'ils soient forts. forts pour elle, elle en avait besoin. ils pouvaient pas se permettre de pleurer tout le temps, d'être triste pour elle. la tristesse, il fallait la garder à l'intérieur, pour quand ils étaient tout seul. là, ils pouvaient enfin libérer leurs larmes, lâcher les bras mais pas quand elle était là, ça serait l'enfoncer encore plus. le problème c'est que iago ne trouve pas la force de tout lâcher, quel comble. - tu peux me mentir à moi reese, j'vois bien que ça ne va pas et tu peux le dire. j'te jugerais pas, j'te prendrais pas en pitié, tu me connais maintenant. iago se mit à le regarder. - tu sais, tu devrais te servir de ces moments où elle n'est pas là pour confier à quelqu'un c'que t'as sur le cœur. c'est bien de donner ce genre de conseils mais ça serait encore mieux de t'en servir iago, ça t'ferait du bien. - même si t'es seul tu sais, tu t'en fous, tu lâches tout. tu pleures, tu cris, tu tapes des poings mais fais quelque chose parce que tout c'que ça va t'apporter de rien dire c'est des trucs pas cool. pour toi et pour les gens qui t'entoures.

Y'avait rien qui pouvait apaiser sa peine. Rien. Il en était convaincue du plus profond de son être. Rien ne pouvait le soulagé. En parler, relativiser et toutes ses conneries ! Ça marchait pour les gens normaux mais pas pour lui. Parce que y'avait un plombs qui avait sauté dans sa tête quand il avait apprit la nouvelle, parce qu'il n'était plus tout à fait le même et qu'il avait l'impression de s'être perdu dans son chemin vers la tristesses. Iago était compréhensif et il voulait bien faire en lui disant toute ses choses mais c'était comme si il parlait à un mur. Concrètement, il parlait à un mur. « A quel genre de truques pas cool tu penses ? T'inquiète je ne vais pas tomber dans la drogue et la délinquance si c'est ce que tu crains. » , cet idiot riait. Voilà ça réponse à tout, le remède à tout ses problèmes : le rire. Ça guérissait tout, la peine, la douleur, la trahison, la colère … Le cancer ? Il aurait voulu. Si seulement c'était possible il l'aurait fait rire aux éclats Alysha, il l'aurait fait rire à en pleurer. Merde, voilà qu'il se perdait dans ses pensées . De images d'Alysha sur son lit d'hôpital, des images qu'il avait encore du mal à encaissé. Fragile ? Il s'était découvert friable à la suite de ses événements. Lui si fort, lui si fière, lui si courageux. On avait touché à son point sensible, la faille de sa carapace.
Reese levait la tête au ciel s(enfonçant dans ses pensées. « Si je te disais tout ce qu'il y a dans ma tête … Tu prendrais peur de toute manière. ». Sa voix était calme, son ton plat, un peu comme si il était absent. Comme si ce n'était pas vraiment lui qui parlait mais son ombre. L'ombre de lui même.

iago a soudainement la furieuse et amicale envie de secouer reese comme une pommier, comme s'il voulait faire tomber les pommes de l'arbre, qu'il voulait lui faire sortir les choses. - je pensais pas du tout à la drogue ou à l'alcool. iago se met à regarder au loin, pensif. il pensait à son humeur qui pouvait changer du tout au tout et au fait qu'il pourrait se montrer désagréable à la longue avec les personnes qui voudraient tout simplement l'aider à aller mieux. ça arrive toujours ce genre de choses et au final, tout ce qu'on arrive à faire c'est vexer les mauvaises personnes, celles qui ont voulu être là pour nous. ça lui ai déjà arrivé à iago ça. à force de trop se renfermer sur lui-même, il devenait désagréable avec les gens qui lui voulaient du bien, qui voulait l'aider. - je parlais de ton caractère. au bout d'un moment tu risques d'avoir des sauts d'humeur et tes mauvais moments pourraient fâcher les personnes qui essayeraient te t'aider si tu ne dis à personne ce qui se passe. iago était sincère dans ce qu'il disait, tout ce qu'il voulait c'était l'aider. - tu crois vraiment que je suis de taille à te juger? je te jure sur marley que jamais de la vie je pourrais me permettre de juger quelqu'un et sûrement pas toi. si tu as besoin de parler, tu sais que je suis là.