« tu me manques tellement jackson, je suis tellement désolé. » tous les matins il se le répète, comme une prière. tellement sincère, c’est qu’il aurait préféré mourir à sa place. d’un côté, il s’en veut tellement de ne pas l’avoir empêché de le suivre ici, de ne pas l’avoir empêché de foutre sa vie en l’air, ses études, d’abandonner sa famille pour le suivre. « jackson, si tu savais comme je regrette, pardonne moi. » il se le répète sans cesse. c’est dur pour iago depuis que son meilleur ami, qu’il considérait plus comme un frère, s’est envolé pour le paradis. parce qu’il n’arrive pas à en parler, il est comme ça iago, il ne sait jamais quels mots utiliser et dans ce cas précis, les mots ne sortent pas. il garde tout à l’intérieur jusqu’au jour où ça va exploser. il essaie du mieux qu’il peut de repousser ce moment parce qu’il sait que ça sera terrible, il sera mauvais parce que pleurer c’est pour les faibles, qu’il pense, mais c’est uniquement pour lui cette réflexion. les autres, eux, ils ont le droit de pleurer. ça n’a rien de faible quand ce n’est pas ses larmes qui coulent. quelle connerie. il n’en a pas même pas parlé à reese, alysha, prudence ou skyler, personne. ça ne sort pas, c’est trop douloureux encore. c’est comme si on lui avait enlever une partie de lui-même. le seul moyen qu’il a trouvé pour se rassurer, ppur se dire que tout va bien aller, c’est ce groupe de parole organisé par l’église. il est tombé sur l’affiche par hasard, dans la rue. certes il est issu d’une famille athée et il est lui-même pas vraiment croyant mais il reste quelqu’un d’ouvert et c’est toujours mieux que de garder tout à l’intérieur. là-bas, il arrive un peu à s’ouvrir mais il est toujours assez vague sur ses sentiments, son histoire, il a encore beaucoup de mal. il écoute surtout, ça lui prouve qu’il est pas tout seul à être touché, qu’ensemble ils peuvent peut être réussir à surmonter ça. d’ailleurs aujourd’hui, il les écoute encore puis il prend même la parole à la fin. – je tenais à vous dire merci à tous. parce que je ne parle pas forcément beaucoup mais je vous écoute attentivement et ça me fait un bien fou. alors, merci, encore. tout le monde se lève et chacun continue son chemin. certains restent pour discuter encore, d’autres partent et iago, lui, décide de rester ce soir.

Ce matin en est un très spéciale, c'est la première fois où je me fais réveiller par des léchouilles endiablées. Celle de Boo, un chien que j'avais trouvé la veille dans la rue. Il faisait froid et le soleil était déjà presque couché. C'est en faisant un détour après le boulot pour faire quelques courses que je suis tombée sur lui. En le voyant grelotter je ne pu m'empêcher de l'emmener chez moi pour qu'il passe au moins le reste de la nuit au chaud. Bizarrement, notre complicité s'est mise en place instantanément, si bien qu'on eut dit qu'il avait toujours été là. L'idée d'adopter un animal m'avait déjà traversé la tête mais avec mon boulot et les évènements des derniers temps, je m'étais finalement résigné.

Plus tard dans la journée, je me retrouvais comme chaque semaine à la réunion de parole pour les victimes des incendies. Y aller me faisait du bien, ça exorcisait en quelque sorte ce qui était arrivé à mon père que je n'avais pas eu le temps de connaitre. Les langues se délient, les larmes coulent parfois sur les visages mais le fait d'entendre les autres parler de leur ressenti semblait aider pas mal de personnes présentes. Un jeune homme qui ne parlait quasiment jamais pris même la parole en fin de scéance pour remercier tous le monde de s'exprimer sur ce qui s'était passé. C'est ensuite le temps pour chacun de repartir de l'église afin de mieux revenir la fois suivante. Je sors moi aussi et tombe nez à nez avec la personne qui s'était exprimée en dernier, il me semblait même connaitre son nom. "Iago c'est ça ? Il me semble avoir vu votre nom sur la feuille de présence. Ce groupe a l'air de vous faire du bien n'est ce pas ? Il avait le regard comme perdu et avait l'air de manquer de beaucoup de sommeil. Mais je remarquais aussi cette lueur d'espoir dans le regard qui me donnait envie d'en savoir plus sur lui.