Le vide. Le vide intersidéral. Rien de plus rien de moins dans l'esprit torturé du jeune brun. Valait mieux ça que la souffrance et que les pensées affreuses qui le hantaient souvent la nuit en ce moment. Pour une fois que son cerveaux lui laissait un peu de répit, ça lui faisait du bien. 20H07. Reese était dans le bus assit, ou plutôt affalé comme un pauvre type dans le fond. Il revenait de l’hôpital ou il était partit donner son sang. Vous lui aurait parlé de don de sang il y a de ça quelques mois il vous aurez entendu sans vraiment y être sensible. Tout avait changé depuis qu'il avait apprit que sa meilleure amie avait un cancer. Son monde et sa manière de voir avait complètement été bouleversés. Comme si soudainement il avait prit conscience de la chance qu'il avait d'être en vie et en pleine santé. Il se sentait coupable aussi : pourquoi elle et pas lui ? Alors comme pour payer son du il allait donner son sang régulièrement. Ses amis ne se doutaient pas d'à quel point la maladie d'Alysha l'affectait. Il faisait de son mieux pour être aussi fort qu'elle était face à cette épreuve.
20h19. Il était arrivé et enfonçait la clef dans la serrure. La télé était allumé mais de la ou il était il ne voyait personne dans le salon. Doucement à pas de velours il s'approcha, il entendais une respiration. C'était Prudence. La douce Prudence. En la voyant la sur le canapé cet imbécile ne pu retenir son sourire. Il avait beau avoir le cœur lourd elle avait le don de tout effacer rien que par sa présence. Il observait ses inspirations et ses expirations et son visage si serin. Elle pouvait apaiser tout les conflits du monde tellement elle inspirait la sérénité, c'était sur. Après un moment le jeune brun sachant que Prue devait s'être écrasé la après une dur journée de travail il se décida à la réveiller. Passant tout doucement sa main sur son visage à croupi face à elle il souriait. « Prue, debout ... » ; susurra-t-il tout doucement.

Cette endroit n'était plus qu'un champs de ruines, rempli de poussières et de gravas. Les passants encerclent l'endroit, poussent des soupirs étonnés, fixent le trou béant qui était encore une maison il y a quelques minutes. Les sirènes de pompiers raisonnent dans la rue, obligeant les badauds à reculer. Il y a comme une impression d'apocalypse sur cette place. Prudence claque la porte de l'ambulance. En sortant le brancard de l'arrière du véhicule, elle entend qu'il s'agit d'un éboulement. La maison est ancienne et les fondations fragiles. Les habitants; une famille avec deux enfants se retrouvent coincés au sous-sol. Prudence se fige quelques secondes, ferme les yeux et soupire. Comment Dieu peut-il mettre cette épreuve sur le chemin de personnes si jeunes? C'est tout bonnement impensable. Ces personnes n'ont pas encore eu le temps de découvrir ce qu'est la vie, avec son lot de rires, de larmes et de bonheur en tout genre. Elle souffle une seconde fois avant que son corps reprenne ce qu'il a entreprit de faire. Hors de question de laisser ses convictions religieuses et ses émotions passer avant sa conscience professionnelle.
  Clac.
La porte de l'ambulance fermée, elle se dirige vers les pompiers, alors que les secours essayent de porter assistance aux victimes. Un de ces derniers revient vers le chef, lui murmurant quelques mots. Il se retourne alors elle et Brooke, sa collègue puis s'avance. Un coup à l'une, puis à l'autre, avant que ses prunelles reste fixées sur elle. « Roscoe, tu es la plus légère, tu vas devoir descendre. la gamine a la jambe coincée sous les gravas et a du mal à respirer. » lance-t-il à la jeune femme. Son regard se perd un instant dans le vide et elle se met à douter. Elle vient juste d'avoir ce job, et si elle se plantait et mettait en péril la vie de cette petite fille? Non. C'est maintenant ou jamais. Elle opine du chef et se dirige vers l'énorme trou. Une fois équipée, elle fait signe aux secours de la descendre. Une fois le pied à terre, elle regarde la petite fille à qui elle assène un sourire qui se veut rassurant. « hey, c'est quoi ton petit nom? » lui demande-t-elle, d'une voix sereine. La petite fille relève alors ses grands yeux noirs vers elle. « miranda. » répond-elle fébrilement. Prue s'approche un peu plus. « moi c'est prue. j'te promet que tout va bien se passer. met ce masque. » lance-t-elle alors, avant d'effectuer les gestes de secours.
Clac.
Prudence claque la porte de son casier d'un geste lourd. La journée a été particulièrement longue et agitée. Tellement agitée qu'elle n'a même pas pris de prendre sa douche et qu'elle ne rêve que d'une chose : rentrer chez elle et prendre un bon bain chaud, juste s'allonger sur son lit et s'endormir sous sa couette. Elle s'assoit sur un banc et lasse ses chaussures. Elle regarde un instant ses cheveux pleins de poussières. Ses collègues doivent vraiment la prendre pour une crade, il n'y a pas de doutes. Alors qu'elle s'attèle à la deuxième basket, elle sent une présence dans son dos. « dis Roscoe, ça te dit d'aller boire un verre avec les autres? malgré ton allure de sdf, ça nous ferait plaisir. » dit alors son collègue pointant les autres du doigt. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres, avant de passer son sac sur son épaule. « une autre fois. là j'ai juste envie de dormir. » répond-elle, avant de le saluer et de quitter le vestiaire.
Clac.
Elle ferme la porte de l'appartement et pose son sac sur la table. A en juger par le mutisme ambiant, les autres sont de sortie. Tant mieux, car même si elle adore ses amis, elle ne se sent pas de supporter le brouhaha de ses colocs. Son thorax se relâche en un soupir et elle allume la lumière, puis la télé, avant de s'allonger un instant sur le canapé. La douche attendra un instant. Ses paupières se ferment un moment. Prue sent quelque chose frôlant son visage et une voix l'extirpa de ses songes. Ses prunelles papillonnent puis s'ouvrent, se plissant face à la lumière. Cela prend un moment avant de se remettre la personne en face d'elle. « hey. » lance-t-elle à la belle petite tête d'ange qui se trouve en face d'elle. Enfin Reese quoi. Ses cheveux ébouriffés, elle se relève doucement avant de s'étirer tel un petit chat qui se réveille. Cependant, une grimace vient un instant crisper son visage serein. « ça te dis de jouer au docteur? » lui demande-t-elle, avant de laisser échapper un rire. Elle relève légèrement son t-shirt pour lui montrer sa hanche. « j'me suis éraflée contre des gravas en remontant d'un énorme trou pour sauver une petite fille. alors, c'est qui le patron? » dit-elle, avant de montrer ses muscles, tel un enfant.

Doucement l'ange sort de ses songes. Reese se sent presque coupable de l'avoir réveillé : d'avoir retirer de son visage cet air si serein. Mais c'était ça ou il la regardait la sans rien dire en silence pendant des heures quitte à passer pour un fou auprès de ses autres colocataires. Ses petits yeux de chat s'ouvrirent. Petits yeux bleus dans lesquels il s'était plongé plus d'une fois. Elle avait en elle tant de grâce : incroyable pour quelqu'un qui venait de se réveiller et pourtant vrais. Le jeune homme retira sa main de sa joue et la belle au bois dormant en profita pour se redresser et s'étirer avec toujours autant de grâce. Reese figé dans sa contemplation finit par se détourner se disant que si il ne le faisait pas maintenant il ne le ferait jamais. Bizarre comme réflexion. Et pourtant avec le temps c'était devenu normal pour lui. Tout le monde le savait, quand Reese était avec Prudence il devenait doux comme un agneaux. Lui si dur en apparence, si sanguin, si agité … Elle avait le don de le mettre en veille, le calmer, l’apaiser... De l'amour. Oui complètement platonique, absolument dénuée de sentiments amoureux. Un coup de foudre amical simplement. Gros mensonge pour certain, mais pure et véridique pour eux.
Fière d'elle elle lui contait comment elle s'était fait ses éraflures sur la hanche qu'elle lui montrait, levant légèrement son t-shirt. Reese fronçait les sourcils. Non, il n'aimait pas ça. C'était pas jolie à voir des vilaines plaies sur une si jolie fille. Hésitant il approcha sa main et effleura sans vraiment osé. Il la regarda en suite, un sourire en coin. Elle lui montrait « ses muscles » toute heureuse d'avoir été blessé pour une si bonne cause. C'était du Prue tout craché : se donner corps et âme pour les autres, se battre pour le droit des autres et tant pis si elle était piétinée au passage. C'était pour ça que Reese était la. Parce que Prue c'était LA personne qui faisait la différence pour les autres, celle qui était la quand ça n'allait pas … Reese était sa personne. Celui qui serait la du début à la fin, comme une ombre. Celui qui même quand elle prétendrait ne pas en avoir besoin serait la . « Je n'ai pas été diplômé de l'université de médecine tu sais ... » ; le jeune homme se redressa et s'installa prêt de la jeune blonde. « Par contre j'ai été diplômé de l'école des bisous ... » ; Reese se mit à déposer des baiser un peu partout sur le visage à Prue et très rapidement, presque à l'en étouffer. Des baiser baveux, d'autre plus doux et finit par en donner un sur son front … « J'arrête la torture ... » ; il se leva et alla chercher la petite boite à pharmacie qui était dans sa chambre. C'était de tous celui qui en avait toujours le plus besoin. Faire du skate n'était pas l'activité la plus sur au monde : il lui arrivait de tomber plusieurs fois et de se faire des égratignures. «Viens la que je te répare. »  

En s'étirant, Prue ne peut s'empêcher de passer une main dans la chevelure du jeune homme afin d'ébouriffer cette dernière. Un geste naturel qui lui arrive de faire de temps à autre. De toute les personnes avec qui elle vit, c'est bien Reese qu'elle préfère. Celui avec qui elle a le lien le plus fort. Celui qui la fait rire même quand elle a envie de chialer. Celui sur lequel elle s'endort souvent le soir. Un lien tissé bien avant d'emménager ici. Elle se rappelle déambulant dans les rues sale du bronx, ses cheveux blonds flottant dans le vent alors qu'elle jetait un regard complice à Reese et à Ronn. De la fois où elle était monté derrière le premier sur son skate et qu'ils s'étaient lamentablement vautrés dans une ruelle. Et elle trouve ça beau, Prue, d'en être ici aujourd'hui, avec lui, et la même complicité. Bien sûr, elle adore ses autres colocataires, mais Reese aura toujours une place particulière dans sa vie, quoiqu'il arrive. Ses sourcils se froncent et Prue ne peut s'empêcher de lâcher un sourire amusé alors qu'il feindre de toucher sa plaie. Quand ses doigts touchent la plaie, elle tique, simplement pour le faire marcher. Elle sait qu'il s'inquiète pour elle et qu'il n'aime pas qu'elle prenne autant de risque. Pourtant, c'est tout ce qu'elle aime, elle. Donner de sa propre personne pour aider les autres. Dans le fond, qu'est-une vie contre plusieurs? Si il fallait y laisser un peu de peau pour pouvoir sauver quelqu'un, elle le fera, à chaque fois. Elle le suis du regard alors qu'il s'installe à côté d'elle. Et puis, tel un lion sur sa proie, il se jette sur elle, la couvant de baisers plus ou moins brusque. Son rire flotte dans l'air et elle titille ses côtes, afin qu'il arrête le supplice. Elle plaque même sa main sur son front afin de le repousser. Puis, finalement, après un dernier baiser sur son front, disparaît avant de revenir avec la trousse de secours. Elle se tourne au trois-quart et retire son t-shirt, celui-ci frottant contre son éraflure. Instinctivement, elle cache sa poitrine et son torse entier avec le t-shirt. Prue ne se sent pas à l'aise. Même si ce n'est que Reese, elle est quelqu'un de pudique et n'aime pas se montrer à demi-nue devant qui que ce soit, encore plus devant un homme. Pour elle, être nue signifie être dans l'intimité, avec un homme qu'on aime et qui vous a promis fidélité devant dieu. Pas devant n'importe qui. Son regard fixant l'horizon, elle reste un moment. « j'aime pas te voir comme ça. » lance-t-elle tout d'abord, avant de tourner la tête pour croiser son regard. « j'te connais mieux que moi-même, et... je sais que ça ne va pas. » finit-elle par dire, avant de baisser les yeux. Elle sait pourquoi. Elle sait pourquoi mais elle n'abordera pas le sujet. Depuis qu'elle le sait, elle est rester complètement mutique face au sujet. Mutique pour ne pas exploser en plein vol.

Elle était si drôle à se débattre pour sa survit étouffant sous les baisers qu'il lui donnait. Son rire cristallin raisonnait dans toute la pièce comme un jolie chant de sirène. C'est lorsqu'elle s'attaqua ces côtes qu'il se résolu à s'arrêter. Elle le connaissais trop bien : elle savait que c'était une zone sensible. Seul les personne proches de lui savaient qu'il craignait plus que tout les chatouilles. Il affirmais qu'il ne ressentait rien à tout autres personnes qui lui demandait.
Lorsqu'il revint avec la trousse de secours Prudence retira son t-shirt tout doucement. Elle le retirait comme si elle avait peur de quelque chose. C'était compréhensible parce qu'elle n'était pas le genre de fille à se déshabiller comme ça si facilement. Prudence était une fleur délicate et même si c'était Reese qu'elle avait face à elle la pudeur dont elle faisait toujours preuve prenait le dessus sur tout. Cachant son corps à moitié elle fit enfin face à son meilleur ami. Ses cheveux venait d'être libéré de l'emprise du col de son t-shirt et Reese les regardait glisser sur ses épaules lentement. Il voyait bien qu'elle n'était pas vraiment à l'aise et inutile de vous dire qu'il n'aimait pas ça. Même si Reese avait toujours trouvé Prudence plus que jolie il se garderait bien évidemment d'avoir tout regard déplacé à son égard. D'une parce qu'elle était sa meilleure amie et de deux parce qu'il avait toujours respecté les croyances de Prudence. Il ne s'était jamais moqué d'elle quand elle allait à l'église ou qu'elle faisait toutes ses choses religieuses. Il la taquinait mais c'était toujours dans le plus grand des respect.
Alors que le jeune homme était empêtré dans ses pensées la douce voix de Prudence le sortit de ses pensées sinueuses. Elle le regardait dans les yeux en lui parlant et il lui souriais attendrit qu'elle s'inquiète. C'était habituelle pourtant, ce n'était pas nouveau : Prudence se souciait de ceux qu'elle aimait mais … Reese était toujours autant ému de voir à quel point elle avait l’œil, à quel point elle était capable de lire à l'intérieur, de voir à travers les faux sourire la souffrance cachée. Elle était empathique ça ne faisait aucun doute. « Je vais très bien Prue … Mais merci de t'en soucier. » . Le jeune brun saisit un coton qu'il imbiba de désinfectant et très vite avant qu'elle n'ai le temps d’appréhender la douleur il vint tout doucement essuyer les petites coupures de la belle blonde. « Désolé si ça pique Honey, c'est pour ton bien. » .Il avait l'habitude de lui donner toute sorte de surnoms. Il l’appelait « honey » comme il pouvait l'appeler « tête d'abricot ». Reese n'osait même pas lever les yeux. Il savait que ce n'était rien mais la moindre expression de souffrance sur le visage de Prudence le ferait s'arrêter. « Tu sais, je ne suis pas celui à plaindre ce soir … C'est toi qui as de vilaines plaies. » ; Reese continuait d’essuyer les petites plaies d'une main et il glissa son autre main sur celle de Prudence. « Je suis entouré de gens qui reste fort malgré toutes les épreuves qu'on leurs met sur leur chemin. Des gens qui carbure aux courage et à l'amour … Je sais pas comment il font, mais il le font … Alors je ne dois pas allé mal. J'ai pas le droit. Même si la douleur est présente. La douleur que je ressens aujourd'hui est la force que j'aurais demain... » ; il terminais de l'essuyer et la regardait dans les yeux ne relâchant pas sa main une seconde. Il tentait de sourire tant bien que mal : il n'aimait pas paraître si sérieux. Mais son sourire paraissait si distant et si faux. Il n'avait pas vraiment parlé de ce qui le hantait en ce moment, de tout ce qu'il avait en tête : il ne préférait pas ...

Elle frotte un instant sa cicatrice qui jonche le bas de son dos et un frisson se promène le long de son échine. Ses yeux se baissent un instant, son esprit se remémorant le pourquoi de cette vilaine trace sur son corps. Au loin, elle peut encore entendre les éclats de voix et la bouteille de wisky tapant contre la table et s'entrechoquant contre le verre. Le rire graveleux de son père qui raisonne dans le salon, la rafale de baffe, le bruit de la table en verre qui se brise sous son poids. Cette atmosphère pesante, cette mère qui se met à prier pour qu'elle n'y laisse pas son dernier souffle, ce père qui est là, droit comme la justice sans dire le moindre mot, sans montrer la moindre émotion. Le même cirque chaque soir, les mêmes pleurs chaque soir, la même rage chaque soir. Chaque jour elle remercie Dieu de lui avoir donné la force de quitter ce lieu de torture psychologique et physique. Aujourd'hui, même si cette cicatrice fait partie d'elle à par entière, elle fait toujours en sorte de la faire paraître invisible aux yeux de tous. C'est peut-être en partie à cause de cela qu'elle est pudique. Elle n'a jamais osé en parler aux autres. Pour ne pas passer pour une faible, pour ne pas paraître vulnérable. Elle s'est toujours contenté de dire qu'elle était tombé, se faisant passer pour une maladroite. Ce coquard? Elle est tombé. Cette coupure au bras? Elle est tombé aussi. Étonnement, cette excuse est toujours passé aux yeux des autres et ils n'ont jamais posé la moindre question.  
Lorsqu'elle relève les yeux pour rencontrer ceux de Reese, elle voit ses lèvres s'étirer en un léger sourire. Les sourcils de la jeune femme se froncent. Bien sûr que non, il ne va pas bien. C'est complètement stupide de lui mentir. Elle sait très bien que c'est faux. Ses yeux sont bien plus ternes qu'à l'accoutumé. Leur yeux le sont bien plus depuis l'annonce de la malade d'Alysha. Et comme dans une pièce de Shakespeare, les uns se jouent des autres, prétendant que tout va bien. Or, rien ne va. Et même si aucun d'entre n'est prêt à l'avouer, il est grand temps de déposer les armes. Elle tique en levant les yeux au ciel. « ne me mens pas reese. » dit-elle, alors que le coton frôlant sa peau lui décoche une grimace. Elle essaye de reprendre une expression à peu près normale, se convainquant que ce n'est qu'une éraflure de rien du tout. Prue hausse tout simplement les épaules, lui signifiant qu'il y a bien pire ailleurs. C'est pas souffrir ça, c'est geindre. Finalement, on passe son temps à faire ça. On geint quand on crève la dalle, on geint quand on crève de soif, on geint quand on est fatigué, on geint quand on se fait briser le coeur par un connard, on geint quand ce même connard ne nous donnerait même pas l'heure dans la rue. Et pourtant, si on ne le fait pas on étouffe et on est plus nous-même. Cruelle ironie non?
Ses yeux dérivent alors sur sa main où celle de Reese y a logé sa paume. Elle lâche cette dernière le temps de remettre son t-shirt avant de la reposer au même endroit. Elle se pose sur ses talons, cherche un instant ses mots. « ne soit pas si injuste avec toi-même. » lance-t-elle tout d'abord. « j'vais pas te bassiner avec Dieu et tout ça, mais... On est tous arrivé sur terre avec des sentiments, des émotions et des failles. plus ou moins marqués, certes, mais c'est ce qui fait ce que nous sommes. si tu caches cette facette de toi, finalement, tu n'es pas totalement toi. et si tout le monde fait ça, il n'y a plus raison de croire en l'humanité des hommes. » finit-elle par dire, attrapant sa main pour déposer un baiser sur son poignet.

Elle lit en lui comme dans un livre ouvert. Cette alchimie, cette fusion entre leur deux esprit était parfois troublante, mais surtout surprenante. Le mensonge dans le sourire du beau brun serait passé inaperçu pour tout ceux qui ne le connaissait pas bien. Mais il ne pouvait duper Prudence, il ne pouvait duper dix neuf ans d'amitié. C'était comme tenter de mentir à sa prof en disant que le chien avait bouffer le devoir : ça ne fonctionnait plus depuis des années lumières.
Il finissait de la réparer en pansant ses plaies et elle voulait pansait les sienne en le poussant à parler à s'ouvrir à dire quelque chose parce que son silence devenait désagréable. Il y avait une peur peut-être. Une peur qu'il explose, qu'il se sente seul dans ce combat, qu'il devienne un autre. Un autre rongé de l’intérieur par ses milliers de voix qui lui disait que rien ne serait plus jamais comme avant et que ça ne servait plus à rien d’espérer. Prue relâcha sa main un moment avant de la prendre et se fixer : toute son attention était sur lui. Heureusement qu'elle ne comptait pas le bassiner avec dieu parce que même si il y croyait dur comme fer en la présence d'une toute puissance il avait un peu l'impression que ce que décidé le tout puissant était tout à fait injuste. Ce cancer. Par exemple.  Reese inspire tout doucement. « Alors, si moi je me pleins. Qu'est-ce qu'elle est censée dire Alysha ? C'est elle qui ne va pas bien, moi je suis en pleine forme. Moi je passe mon putain de temps à ...à … A quoi au juste ? Faire des vidéos qui changeront rien au monde et rouler sur une planche de bois. Ça n'a pas de sens ! C'est moi qui mériterais de l'avoir ce putain de cancer. C'est moi qui mériterais de mourir... » 
Voilà, c'était dit, c'était sortit. Et maintenant seulement le silence. Il avait été violent, il l'avait dit la rage au ventre et maintenant il s'en voulait. Merde. Il retira sa main de la ou elle était et la passait dans ses cheveux. Il voulait retirer ses mots, il ne voulait plus les dire mais c'était trop tard. Puis il avait dit ce qui était interdit, ce que Ronn détestait envisager, ce qui aurait fait trembler Alysha. La mort. Le mot interdit. Reese se leva, il voulait se cacher mais il ne voulait pas être lâche. Alors il rangeait tout dans la trousse à pharmacie. « Je vais bien. »  

La maladie d'Alysha a atteint plus de personne qu'elle ne devait. Elle l'a touché elle au sens littérale et les autres au sens figuré. Elle perd ses cheveux, elle perd du poids, elle perd de son éclat et eux perdent pieds, le gérant chacun à leur façon mais réagissant tous pareil : se murer dans le silence pour le bien de lysha. Du moins, c'est ce qu'ils pensent. Avec le recul, ils ne sont qu'une cocotte-minute qui menace d'exploser d'un instant à l'autre. Se lancer dans cette discussion les mèneraient sur un chemin sinueux. Pourtant, c'est bien Prudence qui se lance la première. Pourquoi? Elle ne sait pas. Peut-être pour se libérer de ce poids qui lui écrase la poitrine jour après jour, peut-être qu'elle espère que Reese est exactement comme elle et qu'elle n'est pas lâche. Et c'est ce qu'elle est dans le fond. Eviter Alysha pour mieux contourner le problème et oublier la réalité. C'est pour cela qu'elle passe le plus clair de son temps au boulot: reculer le moment fatidique où elle devra l'affronter et ne rien laisser paraître, faire comme si elles étaient encore ces gamines du bronx qui trainaient leurs pieds au parc. Mais ce temps là semble définitivement révolu. Face à lui, elle souhaite tout bonnement qu'il fasse ce qu'ils font depuis toujours : dire ce qu'ils ont sur le coeur, en sachant que l'autre ne le jugerait pas. C'est ce qu'il fait, du moins en partie. Le nom d'Alysha passe le barrage et raisonne dans la pièce. Il est le premier à reconnaître la cause du mal-être ambiant. Un doux paradoxe. Alysha ne sera jamais la cause de quoique ce soit. Et quand bien même c'est le cas, elle pourrait être la cause de n'importe quoi qu'elle lui pardonnerait sur le champs, par peur de la perdre avant qu'il ne lui arrive quelque chose. Reese s'énerve et ses mots butent les uns contre les autres contre son coeur qui se serre un peu plus à chaque fois. Jusqu'au coup de grâce. Mourir. Ce mot prend tout son sens lorsqu'il glisse entre ses lèvres. Elle évitait de penser à ça jusqu'à maintenant, mais il faut se rendre à l'évidence: cela arrivera bien un jour. Elle a l'impression qu'on vient de lui taper sur la tête et reste sonnée quelques instants, la tête baissée. Lorsqu'elle reprend ses esprits, ses prunelles se posent sur sa main orpheline. Elle veut retrouver sa jumelle et tend la main de nouveau vers lui avant de se raviser. Indéniablement, leur relation elle aussi est en train d'en pâtir; paraissant proches et pourtant à des années lumières lorsqu'il s'agit de parler. Peut-être que finalement ils s'éloignent l'un de l'autre sans le vouloir. Lui assurant que tout allait bien, il range le matériel dans la trousse avant de la ramener dans la salle de bain. Prue se relève et se dirige vers la fenêtre, levant les yeux au ciel. Plus naturellement qu'elle ne l'a voulu, les larmes glissent sur ses joues rosis. Elle ferme les yeux et ses mains se joignent en elle. « arrête de pleurer prue. arrête de pleurer. arrête de pleurer. j't'en supplie, arrête. arrête de pleurer. » murmure-t-elle. Entendant des pas dans son dos, ses paupières se rouvrent et elle essuie rapidement ses larmes. Se tournant, elle reste un moment figée face à lui, avant de sourire légèrement. « je vais commander des pizzas, ça te dis? » lui demande-t-elle, avant de baisser les yeux, le frôlant pour rejoindre la cuisine.

C'est moche de faire du mal aux gens qu'on aime et Reese avait l'impression que la souffrance était partout autour de lui en ce moment. Il la voyait dans les yeux de Prudence alors qu'il déversait sa colère par petites doses faisant des entailles un peu partout dans le cœur de la jeune femme. C'était affreux mais c'était comme si il n'arrivait plus à contenir ce flux. Cette vérité indéniable dans laquelle il était plongé tout le temps, vingt quatre heures sur vingt quatre, sept jours sur sept. Le temps leurs étaient compté. Reese vivait en ayant conscience que du jour au lendemain, tout pouvait être pire et c'était affreux : il pouvait la perdre. Alors que jamais il n'avait envisagé un monde sans Alysha, jamais il n'y avait même songé, c'était ça qui lui faisait peur. Il n'y était pas préparé.
Reese prenait la fuite, comme un lâche. Mais il en avait besoin. Besoin d'être seul un moment, de se reprendre, de remettre le masque des apparences un peu, peut-être... Il déposait la petite trousse prêt de son lit et son regard se perdait dans le vide. Avant que ses pensées négatives ne l'amènent trop loin il se redressa pour retourner au salon. Elle était la le regard un peu fuyant et elle lui demandait si il voulait des pizzas comme si rien ne s'était passé. Elle ne s'en remettait pas des paroles qu'il lui avait dites, ça se voyait mais il n'y avait aucuns moyens de retourner en arrière maintenant. « J'ai pas très faim » . Tout ça lui avait coupé l’appétit mais il fallait pourtant qu'il trouve quelque chose à dire pour tenter de réparer les pots cassés. Mais il ne trouvait rien de correct. Après quelques seconde d'hésitation il plantait son regard dans le sien, il osait. Elle avait les yeux humides, comme si elle était prête à pleure ou qu'elle avait pleurer. * Merde, quel con* ; pensait-il de lui. Il eu la soudaine envie de la prendre dans ses bras mais quelque chose le retenait : peut-être la peur d'être rejeté, même si ce n'était pas le genre de Prue. « Commande pour toi. Moi je vais grignoter. » ; dit-il tout en se dirigeant vers la cuisine américaine ouverte sur le salon. Il ouvrit le frigidaire et restait planté la comme un imbécile. « Tu te souviens quand on devait avoir sept ans et qu'on t'as coupé les cheveux Ronn et moi alors que tu dormais sur le canapé. » . Son esprit en quête d'un souvenir réchauffant le cœur pour changer les idées à Prue. Il se souvenait de ce jour gravé dans leurs histoire. Pour aucunes raisons apparentes les deux jumeaux s'étaient armés de ciseaux et avaient décidés de payer une coupe à Prudence. Elle ne l'avait pas très bien prit à son réveil et avait porté une coupe à la garçonne pendant deux mois le temps que ça repousse. Avec le recul ils en avaient rit, beaucoup rit. Reese ne pouvait pas empêché un sourire de se dessiner sur ses lèvres rien qu'en y songeant. « La preuve que je suis con depuis longtemps. Et que j'ai une forte tendance à te faire du mal sans raison ... Pardon Prue. » .Pour les cheveux et pour le reste. Pour cette amitié qui part en vrille. Pour le cancer, pour la colère qu'il avait en lui et qu'il avait voulu déverser sur elle, pour la douleur, l'absence. C'était un pardon pour tout, elle le savait, il en était sur.

Ses paroles piquent telle une aiguille, se plantant dans un sa chair un peu plus à chaque syllabe prononcée. Elles la brûlent, elles la heurtent, elles la mordent et pourraient même lui arracher un grognement si elle n'était pas aussi douce. Le fait qu'Alysha soit dévoré par cette maladie la prend au corps et lui arrache les tripes, mais l'idée que Reese se refuse le droit de vivre normalement au point de vouloir prendre sa place lui ait carrément insupportable. Bien sûr, chacune des personnes vivant sous ce toit a pensé à cela. Une idée qui s'est furtivement glissée dans leur esprit alors qu'ils avaient la tête posée sur l'oreiller. Une idée qui s'en est aller avec le temps, sachant pertinemment que si Alysha était au courant, elle balayerait cette pensée ignoble le plus rapidement possible. Et il y a ce mot, craché à la volée et qui ne redescend pas. Il flotte, partout, laissant une atmosphère nauséabonde derrière lui. Il est là, derrière tout le monde, à les poursuivre, à leur grignoter le cerveau. Mourir. L'étape ultime, le point d'arrivée. Bien qu'elle fait tout pour ne pas y penser, son esprit est indéniablement attiré par lui, à chaque moment de la journée. Quand elle prend son café le matin, quand elle conduit l'ambulance, quand elle voit tout ces visages tordues de douleur. Sera-t-elle comme cela, défigurée par le mal? Ou alors partira-t-elle paisiblement? Ce simple songe arrache à Prudence un frisson. Elle aimerait être autrement. Moins naïve, moins sensible, moins fragile; être une femme férocement forte, indépendante et ne laisse pas ses émotions lui dicter sa conduite. Briller par son courage. Comme les personnes qui partagent cette appartement avec elle. Prue se sent seule, en décalage des autres. Parfois, elle se demande ce qu'ils peuvent bien lui trouver pour qu'ils soient encore à ses côtés. Elle n'a pas leur mordant, leur humour et cette façon de taper du poing sur la table quand quelque chose ne leur va pas. Elle se sent telle une biche entourée de lions.
Reese tourne les talons, Prue ressent le poids qu'elle a sur le coeur grossir un peu plus. Elle en vient à se demander la raison de ses pleurs. Est-ce seulement à cause d'Alysha? Cela vient-il du fait qu'elle se sent rejetée par Reese? Ou bien du fait qu'elle voit ce dernier prendre de la distance, Prudence ne pouvant pas le contrôler? Elle n'en a pas la moindre. Elle n'a même pas le temps de se poser la question. Il réapparaît et Prue ne laisse filtre aucunes émotions. Du moins, elle essaye. Alors que ses pupilles fixent les siennes, elle détourne la tête immédiatement. Elle sait parfaitement qu'il peut sonder ses yeux lagons n'importe quand sans se tromper. Alors que ses pas la guident dans la cuisine, la jeune femme secoue la tête par la négative. « je ne suis même pas sûre de réussir à manger. » répond-t-elle, son regard voguant dans l'espace un instant. Reese se met à évoquer des souvenirs d'enfance. Alors qu'il lui rappelle cette brève histoire, elle repense à ce pan de sa vie. Ces quatre gosses se trimballant dans le bronx, riant aux éclats, roulant sur leur planche. Elle donnerait sa vie pour y retourner, une semaine, même une heure. Sa tête monte puis redescend. « tout le monde à l'école m'appelait monsieur spock. pendant des semaines je suis rentrée en larmes. » se remémore-t-elle, haussant les épaules. Ce n'est franchement un bon souvenir. Tout le monde se moquait d'elle, sans exception. Même Alysha et les jumeaux. Et puis, au bout de quelques jours, ils ont tout de même pris sa défense. Les sourcils de l'ambulancière se froncent. Non. Elle ne veut pas qu'il pense cela, c'est faux. Bien sûr qu'elle lui a causé quelques chagrins après des disputes, mais jamais il l'a heurté au point de lui faire du mal. « ne dis pas ça. s'il te plait. » demande-t-elle, avant de s'approcher de lui. « tu n'as pas à t'excuser. ce n'est pas de ta faute, je te le promet. ce n'est pas de ta faute. » répète-t-elle une seconde fois, pour qu'il se rentre bien cela dans le crâne, alors qu'elle s'installe sur le plan de travail doucement. Et puis le silence. Prue baisse la tête, se mord la lèvre, hésite. « reese, je crois qu'il faut qu'on parle sérieusement toi et moi. » murmure-t-elle presque, tirant sur son pull et peinant à relever le regard. « on est plus ces gamins, hein? » se rend-t-elle à l'évidence. « je veux dire ces enfants qui ne pouvaient pas se passer l'un de l'autre et qui n'arrivaient pas à s'endormir si le second n'était pas là. » finit-elle par dire, haussant une seconde fois les épaules.

Elle était fuyante Reese le voyait, il n'aime pas ça. C'est étrange cette atmosphère lourde qui plane : presque comme si ils étaient devenus deux inconnus. En fait, ils ne vivaient plus dans la même réalité tout les deux. Elle regrettait un Reese qu'il avait presque enterrer. Mais c'était trop facile de rester au pied du mur et ne pas cherche de solution. Le zombie qu'il était devenu avait encore de la considération pour Prudence. Il l'admirait encore, elle était encore sa douce Prudence … Il avait juste du mal à s'accrocher, à s'appuyer sur ce qui avait toujours été son pilier : l'amitié. Et même si aujourd'hui ça force s'était évaporé et n'était plus qu'un fantôme … Les fantômes ne mourraient jamais et avec un peu d'espoir et de magie ils revenaient à la vie.
Sa tentative avait échoué. Ca n'avait pas été vraiment un bon souvenir pour Prudence. Du moins, la maintenant elle n'arrivait pas à voir le bon dans ce souvenir. L’insouciance des gamins qu'ils étaient. La manière dont ils s'étaient tous unis contre ceux qui se moquaient d'elle, tout ça avait renforcé leur amitié. Mais elle n'était pas d'humeur à chercher le bon. Cette atmosphère brisait tout. Très vite quand le jeune homme rejeta la faute sur lui elle démentit tout avec passion. Reese surpris la regardait. Il voyait cet air convaincu sur son visage et c'était comme si son cœur trouvait la paix. Elle était si belle quand elle défendait ses opinions avec autant de conviction. Encore plus parce qu'elle le défendait lui. Mais son cœur se resserra bien vite lorsqu'elle lui demandait si tout était encore comme avant. Prudence la rêveuse ,Prudence la croyante avait perdue espoir alors tout était perdu c'était sur. Il fronçait les sourcils et s'approcha d'elle alors qu'elle venait de s'installer sur le plan de travail. Il se rapprochait pour capter son regard, pour qu'elle soit confronter à son regard, qu'elle voit à quel point ça le blessait qu'elle penses ça. A quel point il avait besoin qu'elle y croit. « J'aimerais beaucoup te dire qu'on l'est encore et qu'on le sera toujours mais … Ce serait des belles paroles et tu sais que c'est pas mon style. » Doucement il se rapprochait, petit à petit pour qu'elle le regarde dans les yeux. « Regarde moi Prue. » ; il posait une main sur l'épaule de la belle blonde avant de la laisser faire son chemin le long de son bras et d’atterrir enfin sur sa main. « Y'a une chose dont je suis sûr c'est que les souvenirs ne meurent jamais. » ; la mort encore « Et qu'on s'en sortira tout les quatre plus fort … Tout les quatre ensemble comme toujours. » . Reese collait son front à celui de Prudence les yeux fermés. L'espace d'un instant ils étaient de nouveaux proches, de nouveau en fusion... Il sentait son souffle et ça le rassurait.

Prue a la cruelle impression que tout ce qu'elle a entreprit depuis toutes ces années, toutes ces actions, toutes ces décisions, tous ces mots posés dans ce monde n'a finalement servi à rien. Ou du moins, à peu de choses. Elle, elle est de ceux qui pensent que chaque action à sa conséquence et qu'il suffit d'un rien, d'un bon conseil ou de bons mots afin de pouvoir remettre quelqu'un sur le droit chemin. Qu'il n'est jamais trop tard pour faire chemin inverse et se repentir afin de repartir sur des bases saines. Pourtant, à cet instant précis, elle n'est que don Quichotte qui se bat contre des moulins à vent. C'est fatiguant, épuisant, éreintant. Qui sont-ils vraiment? Le destin qui se joue bien d'elle ces derniers temps et aussi terre-à-terre que cela puisse paraître, la science. La religion et la science, deux forces bien distinctes où l'on a guère d'autre choix que de choisir son camps. Les idéalistes croyants vous diront que les miracles existent et qu'il ne faut jamais cessé de se raccrocher à cette idée. Et les terre-à-terre, eux, préfère penser que seule la science permet à chacun de s'en sortir. Prudence comme à se dire que finalement elle est peut-être un brin trop optimiste. En voyant le teint d'Alysha devenir terne, ses joues qui se creusent et ses cheveux d'un éclat différent, elle se rend compte que toute les prières et les bonnes actions faites ne sont que des efforts vains. Elle a peur Prue. Peur qui lui arrive quelque chose, peur que finalement, cette être qu'elle a mit sur un piédestal, à savoir Dieu, ne soit qu'une simple marionnette, une immense mascarade. Serait-elle en train de perdre la foi ? C'est une question qu'elle n'ose même pas se poser tant la réponse pourrait remettre en cause énormément de choses dans sa vie. Assise sur le plan de travail, son regard reste inexorablement attiré vers le sol. C'est un sujet qu'elle a du mal à aborder avec lui. Elle ne veut pas le heurter, ni qui lui hurle dans les oreilles, ni qu'il prenne la fuite. Mais c'est quelque chose qui lui trotte dans la tête et dans le coeur. Elle voit ses pieds se rapprocher d'elle alors qu'il ne fait que confirmer. Chacun prend un chemin différent dans cette histoire. Peut-être parce qu'ils ont grandi, qu'ils ont d'autres priorités, peut-être à cause de ce maudit crabe qui ronge également le lien qui les unis. Tout ceci lui tord le cœur, littéralement. Ça le presse, le retourne dans tout les sens à lui en donner la nausée. Ses jambes se rapprochent encore un peu plus lorsque sa voix raisonne à nouveau et la somme de le regarder. Quelques secondes d'hésitation plus tard, ses prunelles se plantent dans les siennes. Ses doigts frôlent son bras de tout son long pour terminer sa course sur sa main. Cela lui donne un peu de baume au coeur et lui montre qu'au plus profond de lui, le Reese qui est si cher à son coeur est encore là, avec tout ces gestes d'affections pourtant si bénins mais qui lui donne l'impression d'exister un peu plus qu'elle se donne le droit. « pourtant j'ai l'impression qu'ils ne font plus parti de ce monde. » déclare-t-elle d'un ton morose. C'est triste mais pourtant bien réelle pour elle. Ce ne sont plus que des photos à regarder, des objets faisant parti de cette période, mais pas des souvenirs. Son front accolé au sien, Prudence lâche un soupir d'aise. Elle aimerait rester comme ça pendant un petit moment, comme avant, dans cette bulle qu'ils ont construit petit à petit. « pour une fois ce n'est pas moi la plus optimiste des deux. j'y arrive pas, je suis désolée Reese. » avoue-t-elle pour la première fois depuis des mois. Elle ne veut pas, elle ne peut pas faire semblant, ça ne serait que douloureux. En rouvrant les yeux, elle pose ses mains dans le creux de son cou. Elle attends quelques instants, histoire de se donner un peu de courage et de contenance, puis décolle lentement son front de celui de Reese. « et quand bien même ce serait le cas, ce n'est vraiment de ce dont je veux parler. » commence-t-elle à murmurer. Ses doigts glisse sur ses épaules, ses pouces caressant ces dernières. « je te parle de toi et moi. on se croise à peine, on ne prend plus le temps de parler, ni de rire, ni... de rien en fait. » lui explique-t-elle. « j'te reconnais plus reese et ça me fait peur. on est plus que deux étrangers habitants sous le même toit. et je sais que ça paraît égoïste et j'en suis tellement désolée mais tu est censé être ma personne et... » s'arrête avant de rompre tout contact et de reposer ses mains contre la plaque en bois. « tu n'es plus cette personne en fait. » lâche-t-elle, les sourcils haussés, un air triste sur son visage.