001. atom, c’est les étoiles dans les yeux, les comètes dans le cœur, les galaxies planquées dans les sourires. atom, c’est qu’un gamin qui aurait rêvé d’être astronaute et qui, pour autant, s’est laissé porter par la vie. il rêve d’ailleurs, perd son temps à penser que l’herbe est plus vertes dans d’autres années lumières. atom, il a les prunelles-regrets, les prunelles-espoirs qui se perdent sur l’immensité bleue. s’il pouvait, il achèterait un télescope pour contempler tout ce que le monde a à offrir. pourtant, l’achat d’un tel objet signifierait la sédentarité, et ça, c’est hors de question.
002. orion, il comprend rien… et ça, ça a tendance à l’agacer furieusement. alors il redevient un petit garçon qui ne cesse d’emmerder son monde. « pourquoi l’eau est transparente ? pourquoi tu m’aimes pas ? pourquoi les fleurs sentent bon ? pourquoi ? » il aimerait tout savoir, sauf que you know nothing, jean neige.
003. la californie, c’était pas pour lui. il faisait chaud, mais pas assez. les paysages étaient beaux, mais pas assez. il ne s’est jamais senti chez lui. l’amérique, en général, ça ne l’a jamais fait rêver. son cœur est demeuré silencieux face au self-made-man et les soupirs dus à l’ennui se sont multipliés. alors il a voyagé pour tenter d’être exalté, pour tenter d’être intéressé. parce qu’il n’y a rien qui le blase plus que le fait d’être blasé. atom, il a jamais trouvé où poser ses valises. il s’était dit qu’il n’y avait aucun endroit qui le méritait. que le monde était trop vaste pour se contenter d’un seul endroit isolé. et puis il y a eu l’ange. et ses cheveux blonds. et ses grands yeux bleus qui lui dévorent le visage. et atom qui se perd à vouloir, lui aussi, manger son visage poupin. et atom qui est fasciné par autre chose que la vie. par l’ange qui va le bouleverser.
004. parfois, quand il est seul, atom danse ; il se meut sous les étoiles, espère que son appel sera entendu par des êtres lointains qui l’auront vu. il n’est pas fou, n’est pas trop étrange non plus, simplement il aime se déplacer, éclairé par la lune, son amante. il n’y a que dans la nuit noire qu’atom se sent vraiment à sa place.
005. le gamin aux accents mielleux joue à un jeu, mais il y joue seul. il n’a jamais rencontré personne avec qui partager son aire de jeu. il joue à être lui, un autre, toi ou lui. il joue au caméléon, se perd parfois dans tous les mensonges qu’il a proféré. il joue et il s’oublie. il dit que c’est pour gagner sa vie – il se le dit à lui-même – mais parfois, c’est simplement parce qu’il ne veut pas penser. simplement parce qu’il en a assez. atom, jamais il arrête de réfléchir. sa tête bouillonne, fourmille de milliers d’idées, de milliers de questions sans réponses, de milliers d’envies. la vérité, c’est qu’atom, il sait pas trop qui il est. après tout, on a jamais pris la peine de lui apprendre…
006. atom, un jour, il va se faire prendre. atom, il joue avec le feu, avec la loi, avec tout. il faut rire de la vie, s’amuser de la vie, sans quoi elle deviendrait sans saveur, sans intérêt. alors il tague les murs, il tague les palpitants de sa présence, fait parfois brûler des bagnoles juste pour rigoler, juste pour l’adrénaline, juste pour être vivant. mais y’a des fois où atom il se dit que ces petits jeux seraient plus drôles à plusieurs. sauf qu’il veut pas partager. il fait pas confiance, a peur d’être moqué, piétiné. alors il joue seul, comme un gamin abandonné.
007. l’enfant, il a déjà aimé. ça s’est plutôt bien passé, parce qu’il ne faisait que jouer. encore. toujours. ça s’est bien terminé. la gamine, déception à l’appui, a simplement argué qu’il ne l’aimait pas. c’était comme ça, on n’y pouvait rien. ils n’étaient qu’amis. alors atom, évidemment qu’il a déjà connu l’amour, les étreintes passionnées, mais à part se soulager, il ne comprend pas. il n’a jamais aimé. jamais l’amour à la titanic, qui fait virevolter le cœur et fait naître des papillons de lumière, des lucioles diablotines dans le ventre. c’est pour ça qu’il reste à siloam springs. parce que la belle inconnu lui a fait ressentir quelque chose. qu’en la voyant, il a entendu résonner le boum. boum. d’un cœur orange mécanique, d’un cœur dépourvu de ses mécaniques.
008. atom, il s’est construit tout seul. ses parents voulaient l’aider mais il a toujours refusé. pas besoin d’eux, pas besoin de personne. il sait pas pourquoi il a confiance qu’en lui-même. il doute de tout, de tout le monde, des desseins cachés, des secrets enfouis, des pensées obscures qui lui sont inconnues. c’est pour ça qu’atom il est pas entier. il a voulu aller trop vite et il a perdu des morceaux qu’il doit maintenant retrouver pour s’achever. alors il cherche, ici, ailleurs, partout. « atom, t’es où ? atom, reviens. »
009. atom, il mange comme dix. il s'agit, en effet, de sa préoccupation la plus importante et il n'est pas rare qu'il aille piquer dans l'assiette d'un ami tant l'appétit le dévore. ses géniteurs pensaient que ça passerait avec l'âge, que ce n'était dû qu'à une adolescence difficile, mais le fait est que son appétit dantesque est demeuré intact avec les années.
010. ça n'a pas toujours été très simple avec sa famille, et ça ne l'est toujours pas. ils ne comprennent pas leur garçon, ne comprennent pas sa manière de concevoir la vie, le fait qu'il ne soit pas réellement capable d'aimer. handicapé des sentiments, qu'ils ont murmuré. et puis y'a elle. sa petite sœur pour qui il donnerait l'univers si seulement on le lui demandait. quand il est parti, il a brisé quelque chose entre eux, parce qu'il n'a pas pensé une seule seconde qu'elle en serait attristée. il s'est bien trompé. les liens se distendent.
011. orion, il a la tête dans les étoiles depuis tout petit. alors c'est tout naturellement que, quand il doit réfléchir, qu'il est contrarié ou qu'il a juste envie de souffler, il va se poser dans un parc, n'importe où, pour contempler la voie lactée.