TON HISTOIRE« Sofia, viens là, dépêche-toi. » La blondinette soupira et abandonna à regret son dessin pour quitter sa chambre et se précipiter dans la chambre de sa sœur aînée, Manon.
« Quoi ? » Manon s'était plantée sur le seuil de la chambre et se retourna vers elle, son journal intime à la main, le cadenas dans l'autre main.
« De quel droit ? C'est mon journal intime, Sofia. Tu n'avais pas le droit. » Sofia esquissa une grimace perplexe :
« C'est pas moi Manon, je te le jure. » « Ne mens pas en plus. » « Qu'est ce qu'il se passe ici ? » Les deux sœurs se retournèrent vers leur mère et Sofia soupira :
« Manon pense que j'ai lu son journal intime, mais ce n'est pas moi. » Du haut de ses 12 ans, la blondinette se fichait bien de la vie de sa sœur de 19 ans, mais Manon était convaincue du contraire, les bêtises de sa sœur la confrontant souvent dans cette idée. Les deux jeunes filles n'avaient jamais été très proches. Manon ne se souvenait pas du dernier moment de complicité qu'elle avait partagé avec sa sœur.
« Qui d'autre ? » C'est alors que leur plus jeune sœur, Callista, âgé de 3 ans passa dans le couloir et s'arrêta :
« C'est moi... Je voulais juste t'embêter... » Nonchalant à son habitude, esquissant un sourire malicieux.
« J’en ai marre de vous, vous êtes des gamines ! » hurla Manon qui s’enferma à double tour de sa chambre, loin de ses sœurs en rêvant du jour où elle quitterait la maison…
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« Manon, revenez tout de suite ! » La jeune femme ne se retourna même pas et marcha d'un pas décidé vers les portes de l'ascenseur, n'accordant qu'un petit sourire à son amie qui avait levé la tête de ses dossiers. Elle appuya sur le bouton d'appel et attendit là, les yeux rivés sur les portes métalliques.
« Je vous préviens Manon, si vous quittez le bâtiment, vous quittez le poste ! » Tant mieux ! Elle ne réagit toujours pas.
« Vous êtes prévenue. Nous pouvons vous remplacer aisément, vous ne serez pas une grande perte mais j'aimerai autant éviter d'en arriver là. Reprenez votre lettre et revenez travailler. » Le chef était toujours sur le pas de sa porte de bureau à observer les réactions que la jeune femme voudrait bien lui offrir. Malheureusement pour lui, elle avait une maîtrise d'elle-même exemplaire. Manon afficha un grand sourire et se retourna vers ce qui allait être son ex-employeur.
« Au revoir Monsieur. » Elle se retint de rire à la mine qu'afficha le chef et entra dans l'ascenseur qui l'attendait. Remplaçable … Bien sûr … Il avait cet air choqué sur le visage qui exprimait si bien son impression de perdre le seul élément capable de supporter aussi bien ses demandes saugrenues. Manon était un bon élément.
« Ok, ok… Je vous accorde une promotion et une augmentation! » balbutia son chef. Manon s’arrêta et sourie.
« Vous voyez quand vous voulez ! » ⊱⊱⊱⊱⊱⊱⊱⊱⊱⊱
« Tu restes combien de temps ? » Sofia arrêta ce qu'elle était entrain de faire, sembla réfléchir un instant.
« Je ne sais pas. » Et c'était vrai. Elle n'en avait aucune idée. Les flammes lui avaient détruit son chez elle. Soudain prise d'une certaine lassitude, elle s'affala sur le lit de sa sœur, faisant voler la valise ouverte.
« Tu sais, s'il ne t'a pas donné de nouvelles, c'est peut-être parce qu'il ne veut pas en donner. » Sofia avait sans doute raison mais ça voulait aussi dire que le mari de Manon avait voulu couper les ponts avec elle et tant qu'elle ne l'avait pas vu de ses propres yeux, elle refusait d'y croire.
« Pas Lui. On est une famille. Il ne m'aurait pas laissé derrière sans rien dire. » Elle prenait cet air sur d'elle-même et sans peur mais au fond, cette phrase signifiait toute la frayeur qu'elle ressentait à l'idée que ce que disait son amie soit véridique. S'il y avait une chose à laquelle elle avait toujours cru, c'était bien son mari. Toute la force déployée depuis son mariage pour que son couple soit soudée, elle avait de plus en plus ce sentiment que tout cela était une supercherie. Que le couple idéale qui se soutient et s'entraide n'était que utopie. Depuis que son mari n'était plus là, c'était comme-ci tout ce qui s'était construit avait été anéanti. Comme s'il avait emmené avec lui, les liens qu'ils avaient bâtis. Mais qu'importe.
« Et puis je m'en fiche. Peu importe s'il ne veut pas de moi. Moi je veux de lui. Il a intérêt à m'accepter comme ça et puis point. » Cette phrase les fit rire toutes les deux. Elles savaient que Manon était imposante et qu’elle était capable de forcer une personne à l'aimer. Même si sa phrase avait plus vocation de montrer toute la motivation qui l'animait. Toute la force qu'elle mettrait à le retrouver et à mettre les points sur les i. Et pourtant… La véritable raison de l’absence de son mari était qu’ils vivaient séparés ces derniers temps. Une bête histoire d’alcool et d’adultère qu’elle avait eu la bêtise de commettre et la connerie d’avouer. Heureusement, contre toute attente malgré leur peu de complicité quelques années plutôt, sa sœur Sofia l'aider à tenir le coup.
« Maman, il rentre quand papa ? » Un léger silence s’installa à l'arrivé de sa fille Melody…
« Bientôt ma chérie... En attendant, on va s'amuser avec Tata-Marraine! »