TON HISTOIRE Isaiah rentre en vitesse dans la maison sans dire bonjour à ses parents, s'empressant de monter les escaliers pour s'enfermer dans sa chambre. Une fois à l'abri des regards, le jeune homme ouvre son sac à dos pour en sortir une grenouille. Souriant bêtement, il lui souhaite alors la bienvenue à la maison avant d'aller remplir un gros seau d'eau pour la laisser patauger un peu. Il passe ainsi quelques jours à protéger sa petite clandestine avant d'entendre sa mère hurler dans toute la maison. Écarquillant soudainement les yeux alors qu'il jouait au football dans le jardin, le garçon âgé de huit ans s'empresse de monter les escaliers avant de se jeter au sol pour éviter que sa mère n'écrase son nouvel ami. « NOOOOOON ! Fais pas de mal à Olly ! Elle est très gentille ! Et je l'ai sauvée ! » Hurle-t-il, totalement paniqué. Il recule doucement grâce à l'aide de ses pieds avant de remettre la grenouille dans l'eau, inquiet. Il lui demande alors si elle va bien en caressant sa peau visqueuse du bout des doigts. La rouquine lui servant de mère se penche pour lui embrasse le front. « Mon chéri … Tu sais très bien qu'on ne veut pas d'animaux à la maison. Tu nous as déjà ramené des escargots et une poule, ne crois-tu pas que tu devrais arrêter les bêtises à ton âge ? » Fronçant le nez à l'entente du mot bêtise, Rory se redresse et secoue vivement la tête en gonflant les joues. « J'l'ai sauvée ! Papa l'a dit qu'il fallait toujours être gentil avec les autres. » Qu'il dit, sûr de lui. Mais après une longue discussion, le petit garçon aux cheveux blonds se trouve être obligé de dire adieu à sa plus grande amie d'un doux baiser. Beurk, me direz-vous, mais Isaiah a toujours été ainsi. Rien ne le dérange. Il n'a honte de rien.

Isaiah plisse les yeux en regardant la scène devant lui. Ce n'est pas vrai. Il croit rêver. Reculant doucement jusqu'à se cogner contre le mur, l'adolescent sent les larmes monter. Ses poings se serrent sans qu'il ne puisse contrôler son geste. Il aurait peut-être dû écouter sa meilleure amie. Elle a toujours raison. Elle connaît bien Marc, visiblement. Quel connard. Baissant finalement les yeux en entendant le jeune homme l'appeler, Isaiah s'empresse de faire demi-tour. Il n'a pas envie de lui parler. Ni même envie de le voir. Il ne faut pas. Il va se mettre à chialer comme une tapette. Pourtant, la main de son petit ami agrippe soudainement son poignet et il n'hésite pas un seul instant, se tournant vivement pour gifler le plus âgé avec violence. « Lâche-moi ! J'veux pas t'voir, c'est terminé ! » Il le repousse brutalement, puis s'enfuit en courant. Il rentre chez lui et essuie ses larmes. Soufflant fort, Isaiah secoue doucement la tête avant d'entrer dans la maison, faisant un large sourire à ses parents en les saluant. Sa meilleure amie est déjà là et à en voir sa tête, elle doit certainement être déjà au courant. Isaiah lui fait signe de se taire grâce à un petit clin d'oeil, puis va se chercher un paquet de chips avant de monter dans sa chambre, s'étalant dans son grand lit. Son amie le rejoint doucement et vient caresser ses cheveux. « Tu vas bien, p'tit crapaud ? » Qu'elle demande, en souriant tristement. Le garçon hausse des épaules et dévore quelques choses avant de finalement lui répondre. « Tu veux que je te dise quoi ? C'est pas le premier à faire un truc mauvais de ce genre. Je m'en fiche. J'ai l'habitude. Tu l'as dit toi-même, j'tombe amoureux de tous les abrutis qui croisent mon chemin. » Il rit faiblement, cachant sa peine. Il ne doit pas pleurer. Il ne doit pas se morfondre. Il l'a beaucoup trop fait ces dernières années, depuis son premier petit ami. « Puis comme ça, j'vais pouvoir me concentrer sur mes études, tu vois. » Qu'il lâche, ayant trouvé l'excuse parfaite. Après tout, Marc lui prenait presque tout son temps. Ne plus être avec lui ne peut-être qu'un soulagement.

La gifle lui arrive en pleine face sans qu'il n'arrive à l'éviter. Le jeune homme écarquille les yeux, venant se tenir la joue alors qu'il se mord violemment le creux de la joue pour ne pas fondre en larmes. Son père hurle. Il semble fou de rage. Il a appris par un collègue qu'Isaiah s'envoyait en l'air avec un mec dans les toilettes d'un bar ce week end. Merde. Il ne pensait pas que son père réagirait ainsi en l'apprenant. Du haut de ses dix-sept ans, le beau blond s'enfuit dans sa chambre pour ne plus entendre les insultes homophobes du vieux Andreïev. Il prépare en vitesse un sac de vêtements propres avant de sortir de sa chambre. Il faut qu'il se casse d'ici. Il sait que son père ne s'arrêtera pas là. Le garçon ouvre en vitesse la fenêtre de sa chambre et se glisse hors de la maison, s'enfuyant. Il passe quelques jours chez un ami avant que sa mère ne l'appelle, lui annonçant lui avoir trouvé un petit appartement tranquille à côté du lycée. Il y vivra, le temps que les choses se calment. C'est ce qu'elle dit, mais Isaiah est déjà sûr qu'il ne pourra plus jamais remettre les pieds sous le toit de son père.

Six mois. Cela fait six mois qu'il supporte ses coups. Isaiah se prend le coup de poing en pleins dans le ventre. Il retient son souffle, dans l'espoir que la douleur soit moins forte. Il l'a cherché, c'est vrai. Il est sorti en boîte sans lui alors qu'il le lui a interdit. Pourtant, Isaiah n'a rien fait, non. Mais Malo est comme ça. Il s'énerve facilement. Pour un rien. Pour tout. Et le jeune Andreïev est persuadé que son petit ami lui en veut de l'avoir « rendu » homosexuel. Il grimace et se laisse glisser contre le mur, respirant fort. L'autre homme va s'enfermer dans la chambre alors que le plus jeune se tient le ventre, le corps tremblant. Son cœur bat trop fort ; signe prouvant à quel point il a eu peur, à quel point il a mal. Il renifle et essuie rageusement ses yeux. Il fait craquer ses doigts avant de se gratter férocement les cuisses. Il se relève finalement pour rejoindre sa meilleure amie, feignant le bonheur XLL.