01. La jeune femme est une amoureuse incontestable des romans à l'eau de rose, notamment des oiseaux se cachent pour mourir. Les pages en sont toutes écornées à force de les tourner, c'est à peine si elles tiennent encore debout. Mais elle pleure aux mêmes passages, et son coeur ne respire qu'à la lecture achevée. 02. Rosie a une sainte horreur des dimanches sans qu'elle ne puisse l'expliquer. Elle se sent morose, abattue, déprimée, comme si elle portait le poids du monde entier sur ses frêles épaules. Elle tourne en rond comme un animal en cage et s'interroge toujours face à son désarroi. Elle pense d'ailleurs avoir découvert un nouveau syndrome, celui de la déprime du dimanche. 03. Elle a des plaisirs simples, comme aller s'asseoir sur la plage, emmitouflée dans un châle en polaire, et admirer le coucher du soleil. Elle est en émerveillement constant devant l'élégance, la beauté et la timidité de ce phénomène qui se fait en silence, discrètement. Les couleurs sanguines la font frissonner à chaque fois, d'extase et de crainte. 04. Victime d'une maladresse de renom, la jeune femme en est presque au stade du c'est maladif. Et pourtant, là où la particularité devient curieuse, c'est qu'elle ne l'est jamais lorsqu'elle travaille à l'hôpital. Pas un tremblement, un geste déplacé ou une bourde lorsqu'elle enfile la blouse blanche. En revanche, hors de ces murs, c'est une vraie catastrophe ambulante. 05.Être infirmière, ça lui est apparu comme une évidence. Bien plus qu'une tradition familiale, c'était là le moyen de ne faire qu'un avec sa soeur aînée. Clémentine. L'unique femme sur cette terre qu'elle admire, qu'elle adulte, et dont elle essaie de faire la fierté chaque jour. Et encore plus depuis qu'elle est tata. Le petit bonhomme est une vraie bouffée d'air, un soleil parmi les nuages. 06. Rosie, elle a toujours été persuadée que son coeur appartenait au monde. Que jamais son âme ne serait capable de faire un choix parmi toutes ces beautés environnantes. Et pourtant, elle se voile la face. Il y a bien une ombre, un prénom qui hante son inconscient. Cet homme, elle le connait depuis toujours, elle l'a toujours eu dans son quotidien. D'abord en tant que meilleur amie de son aînée. Puis en tant que cavalier de son coeur. 07. Rosie, elle a voyagé ici et là, se laissant porter comme la brise. La folie de la jeunesse l'a poussée à s'engager dans médecins sans frontières, pour voir du pays, pour remplir sa tête d'émotions. Rien n'a été aisé, acquis, mais elle se complaît dans le chemin qu'elle a parcouru. Et espère que la trace qu'elle a laissé derrière elle brillera longtemps encore. 08. La demoiselle est une bonne vivante, accessible et attirante. Son regard de biche adoucit les plus réticents, son sourire achève les indécis. Elle se fait facilement des amis, ouvre facilement sa confiance et son désir. Les déceptions ont été nombreuses, mais elle persiste à ne voir que le meilleur en chacun. Et à pardonner. 09. Rosie, elle n'a jamais eu de relations, de petit ami. Elle s'est toujours tenue loin de ces ombrages, plus par principe de vie que par réelle envie. Elle n'en a jamais ressenti le besoin. Ni jamais rencontré le bon. Du moins c'est ce qu'elle s'obstine à croire, aveuglément. 10. Il n'y a qu'un endroit au monde où elle se sent entière. Le ranch familial. L'odeur du cuir équin, le beuglement des bovins, l'odeur de l'herbe humide le matin aux aurores. Un havre de paix où elle se ressource, s'inspire, s'apaise. La famille a toujours été son choix premier, sa motivation pour poursuivre. Elle ferait n'importe quoi pour elle. Elle donnerait sa vie.