Petit Milo, le voyage a été long. Tes amis ont réussi à te faire changer les idées, dès que tu ne fais rien, tu penses à tout... Rien de bien heureux. Non, du sang, du feu, des voitures, tes plus grandes frayeurs. Tu prends rapidement peur. Tu n'as pas peur de l'avion, tu as juste peur des accidents. Tu as vraiment eu peur durant ces quelques heures d'avion, mais, heureusement, tu t'es endormi pendant le voyage, ensuite, tes amis ont fait les guignols et tu as su te distraire. Tu aurais pu dormir, mais, comme toujours, tu as fait un cauchemar. Foutu cauchemars qui hantent tes courtes nuits. Il t'arrive de prendre des médicaments pour te forcer à dormir. Tu as des séquelles et le manque énorme de sommeil, les visions et l'inquiétude en font partie. Toi, petit Milo, tu as peur de dormir aussi. Tu as peur de beaucoup de choses, malgré toi.

Petit Milo, quand tu as quitté l'avion, tu as été soulagé. Tu étais toujours en vie, intacte. Tu es content de le savoir. Tu pars récupérer tes bagages et tu prends directement le chemin pour ta maison. Enfin, ta villa. Tes amis ont voulu quelque chose de grand, de beau, de moderne et de classe et ce n'est, en aucun cas, pour te déplaire. Pour aller chez toi, Milo, tu as dû prendre la voiture. Il est inutile de préciser que tu as vraiment eu peur, tu étais terrorisé. Réellement. Tu revivais ce cauchemar. Tu étais dans une voiture. Tu n'osais jamais monter dans une voiture, mais il fallait bien que tu fasses l'effort, que tu fasses le grand et que malgré tout, tu acceptes de monter dans l'automobile. Tu as fermé les yeux durant tout le trajet, demandant à tes amis où vous en étiez. Vagues réponses. Tes amis ne connaissaient pas la ville, ni le chemin, ni l'itinéraire. Le GPS, lui, t'aidait. Quelques minutes et tu étais chez toi. Quelques minutes et tu pouvais sortir de cette chose qui hantait tes souvenirs, ton passé et ta vie. L'objet principal de ce désastre. Objet monstrueux, sombre, responsable d'énormément de morts. Tu n'aimes pas les voitures, c'est ta phobie. Tu as la phobie des voitures. C'est sûrement ta plus grande peur.

Petit Milo, tu es satisfait de ton lieu d'habitation. Tu as eu un large choix pour ta chambre et tu as pris, certainement, la plus grande. Tes amis ont été gentils en te laissant choisir ta chambre en premier. Tu es le petit bébé, le chouchou, celui qu'on protège, celui à qui on veut donner tout le bonheur qu'il soit. Tu as eu la plus grande chambre avec beaucoup trop d'espace. Tu as laissé les autres se chamailler pour les chambres tandis que toi, tu t'occupais de ranger des valises pour ne pas trop faire de bordel dans cette nouvelle pièce, qui, désormais, t'appartiens. Il y a quelques meubles, mais, pas assez pour remplir tout l'espace présent. C'est vide.Tu n'aimes pas le vide.

Petit Milo, tu as décidé de rencontrer ton grand ami. Eli. Cet ami, tu te l'es fait sur un forum Harry Potter, une passion commune que vous partagiez tous les deux. Tu lui as envoyé un message dès que tu as posé un pied ici. Il allait sûrement être ton guide, parce que tu n'y connaissais rien à la ville alors que lui, il la connaissait cette fameuse ville. Tu as voulu le rencontrer directement, tu étais impatient. Eli, il t'a soutenu, tu as pu te confier, et même quand tu te réveillais pendant la nuit, il était là pour te parler. Il te changeait les idées, Eli. Tu l'appréciais, tu l'aimais. C'était un ami. Un frère. Un garçon qui te protégeait. Il savait tout de toi. Le décès de ton père, le beau-père, ta meilleure amie, et même l'accident. Oui, tu t'étais confié à une personne que tu n'avais jamais vue en réalité. Mais, de te confier, ça t'avait vraiment fait du bien. C'est ainsi que tu te retrouvais à la terrasse d'un petit café, portable à la main, skateboard aux pieds, attendant ton ami avec impatience.

Petit Milo, tu allais rencontrer pour la première fois, le garçon qui t'avait aidé sans même t'avoir vu.

Petit Milo, tu te retrouves dans les bras de ton ami. Un ami qui t'a beaucoup aidé, l'air de rien. Quand ça n'allait pas, tu lui parlais et il arrivait à te remonter le moral. Eli, c'est un bon ami. Presque comme un frère. Sauf que tu ne l'avais jamais encore vu avant ça. Avant qu'il te prenne dans ses bras. Tu es content, il est là, près de toi et cette sensation est très bizarre. Tu n'avais jamais prévu de le rencontrer, en fait. Au début, cela te semblait improbable. Tu avais l'argent pour le voyage, mais pour ton beau-père, il était hors de question que tu ailles aussi loin seul. N'ayant plus personne pour te dicter tes ordres, tu peux te rendre où bon te semble sans contraintes. Tu n'as pas d'adultes derrière toi pour te dire quoi faire, bien que cela te manque un petit peu. D'avoir des parents. Tes parents te manquent, les ordres parental te manquent, tu es en manque de tout, mais, malheureusement, tu es incapable de faire en sorte de ne plus être en manque de telles débilités.

Petit Milo, pour la première fois, tu entends la voix de ton ami. Ce n'est plus face à un ordinateur que vous êtes mais bien face à face. Dans les bras de l'autre. Tu souris. Tu souris parce qu'enfin, tu le rencontres réellement. Tu souris parce que le virtuel est mis à terre. Eli, il est là. Tu le serres dans tes bras, oui, tu es vraiment content. " Hey ! " Tu ne fais que répéter ses mots mais, c'est déjà ça. En fait, tellement que la sensation est bizarre, tu en oublies tes mots. Tu oublies la logique. Tu oublies ce qui t'entoure. Tu oublies tout. Pour le moment, tu dois te concentrer sur ton ami. Il compte plus que les quelques petits détails crédules sans importance. Du moins, ils n'ont pas d'importance au moment même. Eli et juste Eli. Tu te permets de le lâcher, tu n'en as pas vraiment envie mais, il le faut bien. Tu le regardes. Tu souris encore plus. Tu es vraiment content, il suffit de voir l'air que tu as sur ton visage pour le dire.

Petit Milo, tu contemples ton ami. Tu n'avais pas d'attentes à propos de celui-ci. Pour dire vrai, tu ne t'attendais à rien, tu te foutais de comment il était, de comment il se comportait, tu te foutais de tout sauf d'une chose : c'était ton ami. Et il était parfait en étant soi-même, Eli. Tu ne pouvais pas être déçu et de toute façon, tu ne l'aurais pas été. Tu l'invites à s'asseoir en face de toi, tu t'assois peu après. " Je suis content de te voir. Enfin. " Tu l'avais attendu ce moment, longtemps même. Tu mourrais d'envie de le voir et tes prières ont étés exaucer parce qu'il était là. Certes, tu étais ici suite à des événements très lugubres, mais, tu étais quand même ici. Tu ne voulais pas penser à l'accident maintenant. Tu y penseras plus tard. Tu y penseras d'office. Tu ne peux pas t'empêcher de penser à ce qu'il s'est passé. C'est plus fort que toi. Beaucoup de choses te dépassent et c'est, certainement, la chose la plus forte qui te dépasse.

Petit Milo, tu es trop sensible. Tu n'as pas à te cacher, il connaît tes faiblesses comme tu connais les siennes.

Petit Milo, tu tritures tes doigts. Tu ne sais pas pourquoi tu stresses mais c'est bien le cas. Tu n'as pas à stresser et tu le sais. La situation, tu ne l'as juste jamais vécu. C'est une première deuxième rencontre. La première fois, cela s'est fait grâce à un sujet commun sur un forum, maintenant, tu le rencontres en tant que vrai ami, en tant que confident. Il te connaît. Il ne t'avait jamais vu, c'est tout. Pareil pour toi, tu le connaissais presque par coeur mais tu ne l'avais jamais vu. Il y avait de l'exitation, de la surprise, de la joie, de la peur aussi. Mais, la peur, tu l'avais tout le temps. Tu le regardes, il est assis face à toi, souriant comme jamais. Toi aussi, tu souris. Inutile de le préciser encore une fois vu que tu souris depuis un bon moment. Dès que t'as senti ses bras entouré ton petit corps, tu as souris. Il arrivait à te faire sourire, Eli. Ce n'était pas un miracle, mais, il était rare que tu sourisse ainsi. Tu souriais jusqu'aux oreilles, tu souriais à pleines dents.

Petit Milo, encore une fois, tu es attentif. Tu l'écoutes. Tu bois ses paroles. Il te parle et tu aimes le fait qu'il te parle. Le fait qu'il n'a pas un regard précis sur toi. Non, Eli est naturel, il est gentil, il est doux, il est souriant. Eli, c'est comme un petit ange. Tu sais que c'est un ange. La façon dont il te parlait, comment il te souriait ou encore comment il prenait soin de toi, même si, auparavant, il y avait un écran. Là, tu étais avec lui. Sans écrans, sans touches, sans rien. Tu étais libre de le prendre dans tes bras, de lui pincer les joues : bref, tu pouvais toucher ton ami. Tu pouvais sentir le fait qu'il était là. Cela changeait énormément de choses. Tu avais quelques frissons, le fait de le voir pour une première fois, ça ne te laissait pas indiférent moralement. Tu étais touché. Tu étais heureux. Enfin, tu ne réalisais pas tout à fait.

Petit Milo, tu n'étais pas le seul à penser que la situation était bizarre. Lui aussi, il pensait cela. Tu riais à ces mots. Tu hochais la tête pour approuver ce qu'il disait. C'était vraiment bizarre, en effet. " Crois-moi, tu n'es pas le seul à penser cela. " Tu lui souris, encore une fois, avant de reprendre, peu de temps après. " Alors, tu vas bien ? " Vous aviez tout votre temps, du moins, tu l'espèrais intérieurement. Tu ne comptais pas le laisser de si tôt, ton ami.

Petit Milo, tu étais heureux. Tu étais distrais, tu ne pensais à rien, mais, rien qu'à lui.

Petit Milo, enfin, tu le rencontres. Tu rencontres la personne à qui tu as échangé beaucoup, tu t'es confié et tu as passé des heures à parler avec lui, sans te lacer. Eli a su te faire parler sans que tu aies mal. Tu as parlé, encore et encore. Tu lui as tout dit. Il sait tout et bizarrement, ça ne te fait rien. Pourtant, tu as peur de parler de ça. Tu as peur de te confier. Tu as peur de tout. T'es une personne qui craint tout. C'est limite si tu crains les mouches.

Petit Milo, tu te permets de rire aux paroles de ton ami. Tu l'aimes bien, il est marrant. Du moins, pour toi. Ce qu'il dit, en plus, c'est vrai. Et c'est sûrement cela qui est marrant, il dit des choses qui sont totalement vraies mais qui, en même temps, sont marrantes. En même temps, la situation en elle même est assez marrante. Après des années d'échanges, tu le rencontres enfin. " T'as pas à te sentir con. T'as des réflexes, c'est tout ! '' Tu lui souris, tu as aussi des réflexes mais tu fais de ton mieux pour masquer l'envie de les mettre en place. Remettre en place tes écouteurs, taper sur tes touches, vérifier qu'il est bien derrière son écran, régler le son. Bref, tu en as aussi. " C'pareil pour moi, gars. T'en fais pas. " Tu rigoles, encore une fois. Tu ris beaucoup depuis qu'il est là.

Petit Milo, tu sais ce qu'il ne va pas dans la vie d'Eli. Il t'a déjà tout dit. Son père. Tu le regardes en hochant la tête, tu comprends. Enfin, pas sa situation, mais son état. Tu trouves ça triste. Tu ne montres pas de pitié parce que ça ne sert à rien. Tu dois juste être là. Tu hausses les sourcils quand il te retourne la question. Non, ça ne va pas. Depuis des semaines, ça ne va pas. Il s'est passé beaucoup de choses, tu as le droit ne pas aller bien. Et ça, Eli, il le sait, mais il t'a quand même retourné la question. Tu hausses les épaules, ensuite. Tu te demandes quoi répondre. " Ça ne s'améliore pas ? " Tu ne veux pas parler de ce qui t'arrive alors tu parles de ce qui lui arrive. Tu ne trouves pas ça bien. " Et... Bah... Non, ça ne va pas. Tu sais aussi pourquoi. " Tu avais été franc, tu ne voulais pas te voiler la face et de toute façon, il t'aurait grillé si tu avais menti.