Il était une fois.. Même si j'adore les contes de fées, ma vie n'en ai pas un. Je préfère vous le dire avant que vous ne soyez dessus. Je vous conseille également de bien écouter tout ce qui va suivre, raconter ma vie n'est pas dans mes habitudes, je n'aime pas parler du passé, ça fait mal. Je suis née un beau matin de printemps mon père m'a souvent raconté que ça avait été la course, tout était planifié pour mon arrivée mais j'avais un mois d'avance alors je bouleversais tout le programme. J'étais arrivée rapidement, seulement quelques heures de travail pour ma mère, cinq je crois, bien moins que pour mon frère qui était arrivé en plus de vingt quatre heures. Comme quoi, avant même de naître j'étais déjà moins chiante que lui. Mon frère s'appelait Charlie, il avait 2 ans de plus que moi. Quant à nos parents, c'est deux personnes très simples. Ma mère a toujours été dans les assurances et mon père tient un petit garage en ville, c'est dans ce garage que j'ai connue Dave lorsque nous étions adolescents. J'avais une belle famille, soudée, aimante, tout était parfait pour que l'enfant que j'étais devienne une femme bien.

Malheureusement, on ne reste pas des enfants toute notre vie. On grandit et on devient des adolescents, quand on y pense c'est peut-être la période la plus difficile de notre vie. Naturellement, j'ai eu ma crise, je me rebellais contre mes parents, contre leurs principes, leurs idées tout comme Charlie avant moi. En apparence. En réalité, nos deux crises étaient totalement différentes. Je les rendais fous en sortant en boîte par la fenêtre de ma chambre les obligeant à me chercher une partie de la nuit alors que Charlie.. Charlie restait dans sa chambre à fumer. Mes parents pensaient que c'était parce qu'il grandissait, que sa crise n'avait presque pas duré, qu'elle était plus « facile » jusqu'au jour où ma mère a découvert un petit sachet, oublié dans la poche de son jean qu'elle avant vidée avant de faire une machine. Un simple sachet, petit pour ne pas dire minuscule. Charlie avait parlé d'une petite soirée entre potes où ils avaient voulu s'amuser, rien de plus.. Et je l'ai cru, on l'a cru .. Il mentait. Je venais de fêter mes dix-huit ans et d'apprendre que j'étais acceptée à l'université pour suivre mes études d'infirmière, mon rêve d'enfant quand le téléphone a sonné pour détruire à jamais notre famille. Charlie venait d'être retrouvé sans vie, dans le parc de la ville. D'après les médecins, c'était une overdose. En rangeant sa chambre quelques mois plus tard, j'ai compris que je le savais. Une partie de moi avait toujours su qu'il se droguait et je me rappelais de l'épisode du sachet, trois ans plus tôt et surtout que depuis cet épisode tout avait changé en lui, son physique, ses amis. Et je n'avais rien fait pour cela. Je m'en voulais terriblement de l'avoir perdu, de n'avoir rien fait pour le faire arrêter. J'avais besoin de quitter mes parents alors j'ai fais ma rentrée à l'université comme prévu, ici-même à Siloam Springs. Je me suis reconstruite petit à petit, je partageais un appartement avec Dave mon petit ami de l'époque. On s'était connu au garage de mon père où il bossait après les cours et rapidement nous nous étions mis en couple. Son rêve à lui, je le déteste : l'armée de l'air. Pilote de ligne. Je crois que Dieu a voulu me tester en tant qu'adulte avant de me laisser vivre ma vie, j'espère que son test sera bientôt terminé, je ne tiendrais pas une galère de plus. Parce que oui, me prendre mon frère n'était pas suffisant. Il m'a pris aussi l'amour de ma vie. Il y a deux ans. Je réussissais mes études en médecine plutôt bien, de son côté, Dave était en camps d'entrainement à une centaines de kilomètre, il rentrait me voir tous les mois le temps d'un week-end. La semaine, j'avais décidée d'aider les autres, en particulier ceux avec des problèmes de toxicologie. Je ne sais pas pourquoi mais une partie de moi les comprenaient, comprenait aussi parfaitement la douleur de leur famille et surtout l'ultime douleur qu'il fallait absolument qu'il évite. C'était tout nouveau pour moi et je dois avouer qu'au début, j'ai failli abandonner mon bénévolat, c'était trop difficile. Mais Dave venait de m'apprendre qu'il partait en mission, sa première (et dernière) vraie mission, il était sincèrement heureux alors je n'ai pas eu le coeur de le retenir. A peine deux mois plus tard, on m'apprenait sa disparition. Son avion aurait reçu un missile et l'avion s'est écrasé. Aucun parachute à bord alors j'ai longtemps espéré qu'il s'en était sorti et qu'on allait bientôt me le ramener. C'était il y a deux ans, il n'est toujours pas rentré.

Une partie de moi vous dira que j'ai fais le deuil de Dave et pourtant, l'idée même de tomber amoureuse me terrorise, tout comme l'idée de faire entrer un homme dans ma vie. De le laisser prendre de l'importance. Et c'est là que Noah entre en jeu comme une boule en plein milieu d'un jeu de quille. Je ne sais pas trop pourquoi, ni comment mais il y a quelques choses chez lui qui m'a rappelé Charlie le jour où je l'ai rencontré et sans que je ne m'en rende vraiment compte, je me suis sincèrement attaché à lui. Je voulais l'aider, je devais le faire. J'ai appris à le connaitre, à le soutenir, à le comprendre. Je tiens beaucoup à lui, bien plus qu'il ne le pense mais je ne lui dirais jamais, je ne veux pas le perdre. Il est le meilleur ami que j'ai. C'est pour cela que j'ai insisté pour qu'il vienne vivre chez moi à sa sortie du centre, il y a un an. Je savais qu'il allait avoir besoin d'aide et que j'étais capable de l'aider.