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suite à une surpopulation féminine, merci de privilégier les personnages masculins. Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) 1647362613
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 Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)

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MessageSujet: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyDim 1 Nov - 1:02

Je vois des morts
“Parfois, même si tu es certain d'une chose, tu ne peux t'empêcher d'espérer”
E
ncore une nouvelle journée qui démarrait. Je m'étais levé assez tôt, lorsque je travaillais, comme aujourd'hui, j'avais des horaires très extensibles, j'ouvrais ma librairie à huit heures et demi et je ne la fermais pas avant vingt-et-une heures voir plus, tout dépendait de la fréquentation. J'adorais mon métier, si bien que le temps passé dans ma boutique filait à une vitesse hallucinante. Pour l'heure, j'étais encore attablé devant mon bol de café...ah le café, ce nectar divin, je bénissais le créateur de ce breuvage, je ne commençais jamais une journée sans en boire. Cela amusait beaucoup David d'ailleurs, il avait finit par comprendre qu'il ne valait mieux pas m'adresser la parole tant que je n'avais pas avalé au moins une gorgée de mon café. Oh lorsque d'aventure on me parle au saut du lit, je n'envoi pas la personne sur les roses, non, je me contente de ne pas lui répondre, de l'ignorer, je suis réellement dans le brouillard quand je me lève. Cela a toujours été ainsi d'ailleurs, d'aussi loin que je puisse me souvenir, j'ai toujours eu le réveil difficile.

U
ne fois mon petit-déjeuner avalé, je passais sous la douche et enfilais ensuite un jean et une chemise. Je me suis toujours habillé de manière très simple et ce n'était certainement pas aujourd'hui que j'allais changer quoi que ce soit à cela. Je m'apprêtais à partir lorsque mon téléphone sonna, mon frère m'annonçait qu'il passerait me voir à la boutique dans l'heure de midi, ainsi nous pourrions déjeuner ensemble. J'acceptais, mais en même temps, sa question n'en était pas vraiment une, c'était plutôt une affirmation. Je sorti de chez moi et pris enfin la direction du quartier historique où se trouvais ma librairie. Lorsqu'on la regarde, elle ne paie vraiment pas de mine, mais il ne faut pas se fier à son apparence, certes elle est petite et donc rapidement pleine de monde, mais je me félicite de posséder un nombre impressionnant de livres divers et variés. N'essayez cependant pas d'en trouver un en particulier sans mon aide, j'ai un classement un peu particulier et moi seul peu m'y retrouver. J'entrais rapidement dans la boutique, il pleuvait depuis que j'avais mis le nez dehors

M
a journée de travail pouvait donc commencer. Rapidement je consultais mes mails puis réceptionnais les commandes que j'avais reçu. J'en profitais également pour les ranger et appeler les clients qui avaient commandé un livre pour leur signaler qu'il était arrivé et qu'ils pouvaient passer le chercher quand ils le souhaitaient. Tout cela m'occupa une grande partie de la matinée. Sans compter que des clients passaient de temps en temps dans la boutique et comme je suis du genre à échanger un mot avec tout ceux qui viennent, cela me prend du temps évidemment. Je soufflais un peu en lisant un bouquin tandis que j'entendais la sonnerie de la porte d'entrée. Je levais les yeux de mon livre pour constater qu'il pleuvait encore. Je grimaçais avant de fermer mon livre et de sortir de l'arrière-boutique pour aller accueillir correctement mon client.

- Bonjour Monsieur, soyez le bienvenu je...

J
e ne pouvais pas continuer ma phrase, ma respiration se bloqua soudainement. Seigneur, devant moi, se tenait David. Non, cela ne se pouvait, il était mort depuis plusieurs mois, cela ne pouvait pas être lui.
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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyDim 1 Nov - 10:07


Réveil douloureux. Ça tangue et cogne là-dedans. Le crâne dans un étau, troupeau de furies qui frappent. Le juste retour des verres avalés hier soir, ou peut-être du bras percé. Aucune idée. L’un des deux est responsable, probablement le duo.  Corps étranger dans le lit, carcasse maigre, une nana. Les yeux ouverts. Il observe, a oublié son prénom, ce qu’ils ont fait, plus de souvenir. Assis au bord du lit, il grogne d’un sommeil s’étant dissipé trop tôt. « T’as intérêt de dégager avant que j’ai fini mon café » Du tchèque, elle ne comprend rien, évidemment, il oublie qu’ici, c’est de l’anglais. Phrase reformulée, mots boiteux. Un miracle qu’elle soit encore là. D’ordinaire, il chasse après, merci, au-revoir, et non je ne te rappellerai pas. Jorah s’égare sous la douche, longues minutes, ça devrait être suffisant pour le réveiller, pas avec cette eau chaude, de trop, ça lui brûle la peau, tracés rougeâtre qu’il ne sent même plus. L’effet sournois de la drogue. Chaud et froid s’ignorent. Un détour par la chambre, pour vérifier qu’il n’y a plus personne, qu’il est tranquille pour la journée. Aucune envie de partager son déjeuner avec une inconnue. Un lit, c’est déjà bien assez. Appartement qui est le sien pour quelques jours. Un ami, une connaissance qui tolère de lui prêter pour une semaine et après, dehors. Un sursis. Il le sait. Les gestes sont mal assurés, tasse qui manque de s’échouer au sol, corps devenu trop lourd. La fatigue cumulée au manque, déjà. Le portable posé sur la table vibre de contrariétés. Foule de messages et appels. 9h21. « Putain »  En retard. Enterrement et il n’est pas là. Pensée soudaine pour son double qui lui, semblait avoir avalé une horloge. Pas Jorah. Toujours le dernier, en retard. Et y aller habillé de cette façon sonnerait sa fin. Jean abandonné. Carcasse qui se faufile dans un costume. Noir, totalement, cravate qu’il ne fait pas, n’a jamais su. Un nœud bancal. Ça fera l’affaire. - J’arrive, pas la peine de s’presser pour un cadavre, il viendra pas porter plainte - Heureux de sa connerie. Casque en main, il enfourche la moto et se faufile jusqu’au cimetière.

Une famille en deuil. C’est l’habitude à présent. Plus rien qui ne le choque, plus rien pour l’affecter. Regard de biais vers les gamins, c’est ce qui arrive encore à faire battre son cœur pourri. Il n’est présent que pour la mise en terre, formulaire et formalités. Gueule de cadavre qui a sa place ici. Ils sont quinze devant la boite, quinze à vouloir énoncer des mots que personne n’entendra. Il voudrait leur dire, que c’est inutile, que le crevé ne va certainement pas les remercier pour autant de belles paroles hypocrites. Haussement d’épaules quand on l’observe, baisse la tête. Il n’a rien fait, même pas creusé le trou. Jorah n’est qu’une présence, fantôme des vies qui s’accumulent sur la terre boueuse. Histoire terminée. Le cortège disparaît et lui reste au dessus du cercueil. « Ils se sont pas foutus de ta gueule, t’as une boite qui coute l'prix d’ma bécane » Dernier stade de la folie : parler à une boite. Supérieur qu’il croise, formule quelques excuses qui ne tiennent pas la route, mais c’est suffisant. Le reste de la journée est pour lui. Une ville qu’il connaît maladroitement, se perd encore dans certains quartiers.

La moto gronde sur les routes. Possession qui crache sa vitesse. Il manque l’accident plusieurs fois par jour mais se faufile toujours au dernier moment. Cinglé ! Des gouttes qui s’échouent sur son casque, sa veste. Allure qui ne fonctionne pas avec l’engin qu’il conduit. Ça détonne. Pas de cuir pour le protéger et ça dégueule du ciel. Il ne peut pas continuer, prendre le risque de s’échouer. Première boutique qui capture son regard, là. Ça sera suffisant pour quelques minutes, le temps que ça se calme dehors. Chien mouillé qui se fait une place. Librairie ! Ce n’est pas dans sa liste de lieux favoris, lui et les romans, pas son truc, simplement les policiers, les plus dérangeants, ceux que les gens lisent avec une mine de dégout, ça, il achète. Exploration du lieu qui lui est coupée par l’intrusion de paroles. Tête relevée vers ce qu’il juge comme étant le propriétaire. « Bonjour. J’sais, je salis votre sol, mais c’était soit votre boutique ou mon cadavre dans le caniveau » L’accent claque dans les mots. Il n’a pas remarqué que l’autre a laissé mourir la fin de sa phrase, trop préoccupé par sa moto qu’il observe du coin de l’œil. Trempée la sublime. « Vous avez une technique de classement, ou c'est juste aléatoire ? » Livres éparpillés, piles maladroites. Ca lui plait. Plutôt que les alignements maladifs et perfectionnistes.


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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyDim 1 Nov - 11:16

Je vois des morts
“Parfois, même si tu es certain d'une chose, tu ne peux t'empêcher d'espérer”
N
on, cela ne se pouvait, l'homme que j'avais devant moi ne pouvait être David, c'était mathématiquement impossible. J'avais tenu son corps contre moi, j'avais tellement pleuré au-dessus de sa dépouille près de cette voiture en feu que je ne pouvais pas croire qu'il s'était relevé et puis l'enterrement, le cercueil ouvert jusqu'à ce qu'il soit descendu en terre afin que je puisse lui dire un dernier adieu. Le jour de l'enterrement, ma mine était sombre, mais mes yeux étaient secs, secs d'avoir trop pleuré déjà et surtout secs parce que je lui avais fait une promesse. Etait-ce réellement lui qui revenait pour voir si je l'avais tenue ? J'avais presque envie de me précipiter dans les bras de ce type pour lui dire "tu vois amour, j'ai respecté ma promesse, je continue de vivre, je ne te pleures plus." Oui j'avais presque envie de le faire, mais je ne le fis pas, la partie "raisonnable" de mon cerveau m'en empêchant très fortement. Pourtant, sa voix, ce même accent tchèque, oui c'était vraiment très troublant. Oui, David était tchèque, c'était la seule chose que je savais de lui, il n'avait jamais été très bavard sur son passé, dès que j'évoquais le sujet, soit il se fermait comme une huître, soit il détournait la conversation vers un sujet qui lui plaisait beaucoup plus...ou alors on terminait au lit, ce qui n'était clairement pas fait pour me déplaire non plus. Le murmure qui suivit, je ne pus l'empêcher.

- Láska...

O
ui, "Láska" ou "amour" en tchèque, c'était là le seul mot que je savais dans cette langue. C'était parti d'un truc tout bête, lorsque je dis "je t'aime", je le dis toujours en français, si bien que la première fois que je l'ai dit à David, il a haussé un sourcil et m'a regardé comme si je venais de Mars. Oui, il ne comprenait pas cette langue alors quand je lui ai traduit en anglais ce que je venais de dire et que je lui ai expliqué que je préférais dire ce mot là en français, il a accepté à condition que j'en apprenne un en Tchèque, celui que je voulais. Je lui ai donc demandé celui-là. Il a grimacé, le trouvant un peu trop "mièvre" et ça n'a fait que renforcer mon envie de l'utiliser. Seulement, le type devant moi n'était pas David. Je secouais la tête, sortant ainsi de mon hébétude.

- Oh ne vous en faites pas pour le sol, il en a vu d'autres aujourd'hui. Veuillez me pardonner cette absence, c'est juste que vous me rappelez tellement un être cher que j'ai perdu récemment.

N
aturellement, il vaut mieux que ce soit mon sol qui soit sali plutôt que le macadam avec le sang de cet homme. J'esquisse un sourire à sa question.

- Une technique ? Oui, un désordre artistique. Plus sérieusement, si vous voulez partir à l'aventure pour voir ce que je possède comme titre, vous êtes libre de le faire, mais si vous cherchez un genre ou un titre précis, il est préférable de me le demander au risque de passer une éternité à le retrouver.

J
e ne pouvais empêcher mon regard de parcourir la moindre courbe de son corps. Il était si semblable à David que cela me troublait plus que cela ne le devrait.

- A propos, j'allais me servir une tasse de café, vous en voulez une également ?

L
Le pauvre était trempé comme une soupe, il fallait qu'il se réchauffe, sinon il allait attraper la mort.
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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyDim 1 Nov - 12:55


Les ambres cavalent sur les titres, sur ces ouvrages entassés de façon singulière. Quelques uns feraient des crises cardiaques, notamment son double, monsieur-perfection-et-ordre. La pensée de celui qui l’a jeté de sa vie disparaît. Caboche qui ne souhaite pas revenir sur le passé. Pas besoin de son frère, besoin de personne, il avait toujours su se débrouiller seul. Le regard toujours à la recherche de titres intéressants, il en a déjà oublié le propriétaire, jusqu’à l’entente d’un mot, d’un son défaillant. Disque rayé. Il n’est pas certain Jorah, croit encore à une hallucination. Une langue qu’il a pourtant reconnu, qu’il parle couramment. Un mot jeté, sans aucune signification particulière pour lui. L’autre s’amuserait-il ? Chercherait-il à attirer son attention ? Un soupir. Ils sont déjà trop nombreux à lui demander pourquoi ses mots à lui sonnent différemment. « Il faut accentuer, vous prononcez mal et personne ne peut vous comprendre » C’est faux. Ils comprendraient, lui-même a saisi, ce n’est que pour emmerder l’autre. Toujours cette défense de chien battu qui ne tolère pas qu’on emploie sa langue pour rien. Il a envie de se moquer, de jouer un peu. Des phrases se forment mais s’arrêtent à la bordure de ses lèvres. Pas maintenant. Il pleut encore et ça serait prendre le risque de se faire jeter dehors. Un regard vers le brun, à se demander si il est vivant, ou simplement figé. Des mots qui expliquent le blocage. Une similitude. Il hausse les épaules et se détournent un instant. « J’suis pas un spécialiste dans ce domaine là, mais si vous commencez à voir un cadavre dans chaque personne que vous rencontrez, c’pas bon signe » Les mots crachés sans aucune conscience de leur impact, à parler avant de réfléchir, à ne mettre aucun filtre entre ce qu’il pense et ce qu’il faut dire. Pas de sa faute. La franchise est un défaut chez lui, rarement une qualité. Attaquer et poignarder avec les mots. Un fait qu’il avait en commun avec le jumeau, sauf que l’autre enroulait le tout dans du velours, ce fourbe.

« Désordre artistique… » Le mot qu’il répète, ça roule de ‘’r’’. Expression qu’il retient. Ça l’amuse un moment, sourire tordu. « Si vous arrivez à m'trouver un truc horrifique, où je n'devine pas qui est l’assassin dès la dixième page, j’vous remercierai et abandonnez les auteurs connus, j’ai tout lu » Les grands noms du thriller, de l’horreur et policiers, ça ne lui échappe pas. Des dizaines de livres qu’il avait entassé à Prague, jusqu’à ce qu’un connard lui crame le tout. Plus rien. Possessions en cendres. C’est bien la seule littérature qu’il se permet, le reste étant trop chiant, trop long, pas compréhensible.

Le sourire ne disparaît pas, plus joueur à présent. C’est plaisant et étrange de se faire dévisager de cette façon. Petit brun trop curieux. « Vous proposez un café à tous vos clients, ou juste parce que j’ressemble à votre passé ? » L’offrande qu’il prend avec plaisir et pourtant, enfonce un couteau dans une plaie à vif. Idiot. « Désolé… j’ai des soucis avec la politesse » Mains qu’il fourre à ses poches trempées, épaules légèrement basses, cabot conscient de sa connerie. Débarras de la veste qui n'est plus qu'un chiffon d'eau. Chemise dans le même état, plus rien à sauver. « J'vais essayer d'pas crever de froid dans vos pattes »


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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyDim 1 Nov - 13:55

Je vois des morts
“Parfois, même si tu es certain d'une chose, tu ne peux t'empêcher d'espérer”
O
n dit souvent que les opposés s'attirent et pour David et moi, c'était on ne peut plus vrai, il était la nuit et j'étais le jour, pourtant nous étions complémentaires. Là où j'aime aller vers les gens, discuter, lui préférait le calme de notre appartement, la solitude, lorsqu'il était en public, il distillait ses mots comme s'il devait les payer un prix exhorbitant. Oui, nous étions vraiment différent l'un de l'autre et pourtant, j'aime à croire que c'était cela qui avait fait la force de notre couple. Lorsque l'homme face à moi me fit une réflexion sur ma prononciation je fis une petite grimace.

- Ah bon, il ne m'en a jamais rien dit. Lui me comprenait, c'était le principal.

N
ormalement, j'aurai dû me sentir vexé par la phrase qu'il balança ensuite, mais ce fut tout le contraire qui se produisit. La manière qu'il avait de lâcher les mots, se moquant des conséquences que cela pouvait engendrer, se moquant de blesser par ses paroles, oui tout cela ne me rappelait que trop mon cher David, lui aussi savait dire merde à quelqu'un quand il le souhaitait, la seule différence, c'était qu'il le faisait avec tellement de classe qu'on en redemandait presque. Même si notre mise en couple s'était faite assez rapidement après notre rencontre, il a tout de même fallut que je réussisse à percer sa carapace, à voir au-delà des mots qu'il daignait prononcer et ce ne fut pas une mince affaire, mais je n'ai jamais regretté de l'avoir fait croyez-moi. L'homme que j'avais en face de moi était vraiment la copie conforme de David, avec une certaine "dureté" supplémentaire. Il ne devait probablement pas s'attendre à ce qui se passa ensuite, je me mis à rire, un grand éclat de rire, un de ces rires que l'on fait pour s'empêcher de pleurer tant l'émotion est grande. Je me repris néanmoins, conservant un petit sourire triste sur mes lèvres.

- Non, ce n'est pas dans chaque personne que je rencontre, c'est juste vous. Vous êtes Tchèque, non ? Lui aussi l'était et votre manière de parler...balancer des mots comme ça, sans vous préoccuper de l'impact qu'ils pourraient avoir...lui aussi agissait pareil, la seule différence, c'était qu'il le faisait subtilement, limite on en redemandait.

E
Ensuite, il me proposa un genre de "défi". Bien décidé à le relever, j'esquissais un sourire franc. Cela ne me faisait pas peur, je savais sur le bout des doigts tous les titres que je possédais, ainsi que leur emplacement, par contre pour ce qu'il recherchait, j'allais devoir m'enfoncer dans la boutique, j'avais justement reçu ce matin un livre d'un auteur encore inconnu, il semblait correspondre en tout point à ce qu'il recherchait.

- Défi relevé, j'ai justement ce qu'il vous faut dans le fond de ma boutique

B
ien que je conserve une certaine bonne humeur en toute circonstance, les mots qu'il lança ensuite me firent tout de même un certain pincement au coeur. Je ne pus m'empêcher de répliquer, acide.

- Non, simplement à ceux qui sont à deux doigts de crever dans ma boutique.

I
l s'excusa ensuite, j'en fus agréablement surpris, je hochais positivement la tête en ayant un petit sourire signifiant "c'est bon, y a pas mort d'homme non plus". Je le regardais se débarrasser de son manteau, sa chemise ferait bien de suivre le même trajet, mais bien que cela me plairait beaucoup, je n'allais pas le faire se déshabiller ici. J'eus un petit rire amusé.

- Oui, merci ce serait apprécié, parce que ça ferait un peu désordre.

J
e me dirigeais dans l'arrière-boutique et en revins quelques instants plus tard avec un café et une serviette de bain. Je lui tendis les deux.

- Tenez, je me suis dit que la serviette pourrait vous servir également. J'irai chercher votre livre quand vous serez un peu réchauffé. Je suis sûr que cela vous plaira, c'est un auteur encore inconnu et son histoire est assez...comment dire...glauque.

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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyDim 1 Nov - 17:17


Un autre qui lui a appris les mots, une langue nouvelle. Jorah esquisse un sourire, juste une ombre sur le visage marqué. « Il s’est tu pour n’pas vous blesser » Difficulté de prononciation, tous ces touristes l’interpellant pour une direction, ces mots prononcés rapidement, maladroitement. Le tchèque ne s’apprend pas en quelques heures avec un dictionnaire. « T’comme vous n’dites rien pour les mots que je prononce certainement d’travers » L’anglais qu’il connaît pourtant depuis l’enfance, les parents qui insistent pour qu’il sache parler d’autres langues. Quelques notions de français si il veut bien se souvenir. L’allemand aussi, mais c’est trop lointain, non parlé depuis des années pour qu’il parvienne à prononcer une phrase correctement.

« Prague » qu’il dévoile. La ville de l’enfance, celle qu’il n’a pas su quitter. Trop amoureux du dédale et des vieilles pierres, surtout attaché à tout son petit réseau de drogue. L’argent pleuvait là-bas. Richesse et empire qui s’est effondré en un claquement de doigts. Du statut de petit prince, il est retombé à la boue. Nouveau pays, nouvelle vie, rachat de son âme. Ce qu’il espère, croit. Rien ne sera suffisant pour celui qui continue à revendre, la poudre blanche pour les affamés. Jorah écoute attentivement le propriétaire. Fait rare. D’ordinaire, il ne retient que quelques mots, à peine de quoi se souvenir de la conversation, de quoi l’alimenter. C’est l’autre qui est évoqué, encore, celui qui n’est plus là. Un mec qu’il suppose, le sien. Epoux peut-être ? Il se retient de demander, ne souhaite pas rentrer sur ce terrain là. Pas ici pour faire parler la pitié. Amusant de constater que le mort avait des paroles acérées. « Et vous préférez quoi ? Un serpent qui vous étouffe avec ses mots, ou un buffle qui vous rentre dedans ? » Ca avait été récurent comme sujet de discussion entre les jumeaux. L’un qui cognait, l’autre qui manipulait avec les paroles. Différence.

Hochement de tête à l’évocation de livres se trouvant à l’arrière, encore dérobés à la vue de tous. « Vous cachez les plus intéressants et les mettez en vente quand vous avez fini d’les lire ? » Un fait qu’il s’est toujours imaginé.

Cigarette qui se loge entre ses lèvres. Mauvaise idée au regard de l’autre. Evidemment, une flammèche et tout partirait en fumée. « Faut croire que j’suis accro à ça » Clope rangée au fond du paquet, entre les trempées, l’unique survivante. Il l’observe disparaître, ne peut s’empêcher de laisser le regard vagabonder. Ça serait un crime de ne pas en profiter. Toujours à poser ses yeux sur les silhouettes. A les bouffer du regard comme disait David. Une serviette et un café, il demanderait presque une douche mais ça serait de trop. Voilà ce qui lui manque. Une douche. De quoi calmer les tremblements qui agitent le corps. Pas la drogue cette fois-ci, juste le froid qui s’infiltre, qui goutte. « Merci » La serviette qu’il attrape en premier, essuie le visage légèrement trempé par rapport au reste, on remercie le casque. Pour la suite, le tissu n’est d’aucune utilité. Serviette qu’il garde en main, ne sachant pas en faire, puis il attrape le café. Les doigts s’enroulent autour de la tasse, chaleur appréciée. « J’me suis toujours demandé si bosser dans une librairie ça vous écoeure pas des bouquins » Piles qui tiennent dangereusement, un souffle et tout tomberait. Il apprécie ce bordel organisé. « J’empiète sur votre journée, vous avez d’autres choses à faire... »


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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyDim 1 Nov - 18:25

Je vois des morts
“Parfois, même si tu es certain d'une chose, tu ne peux t'empêcher d'espérer”
C
e qu'il disait n'était pas dénué de sens, cependant, lorsque l'on connaissait David, on pouvait affirmer sans se tromper qu'il n'était pas du genre à taire ce genre de chose, si j'avais si mal prononcé ce mot au point qu'il en soit incompréhensible, il ne se serait pas gêné pour le dire, même à moi. Il ne faut pas croire que nous avions passé dix années ensemble sans qu'il n'y ait quelques heurts, ce serait mentir, mais l'un comme l'autre trouvions toujours le moyen de se faire pardonner, même lui. J'eus un petit sourire.

- Sincèrement, je doute que David...enfin je doute fort qu'il aurait laissé passer cette prononciation s'il n'avait pas pu comprendre le mot. Je ne dit pas que ma prononciation est parfaite, bien au contraire, je sais que j'ai un accent, mais admettez que vous avez quand même compris le mot que j'ai dit.

D
'un autre côté, il n'avait pas tort, je ne disais rien pour les mots qu'il pronnonçait mal, avec son accent si prononcé, mais moi j'aimais bien cet accent, d'abord parce qu'il me rappelait David et ensuite, j'ai toujours aimé cette sonorité. Ne cherchez pas à comprendre pourquoi, moi même je n'en sais rien. Nouvel hochement de tête.

- Un point partout, balle au centre comme on dit.

A
insi donc il venait de Prague. En y repensant, je ne savais même pas d'où venait David, venait-il de la même ville ? C'est grand la Tchécoslovaquie. En même temps, essayez de parler à une huître, c'est très difficile. La question qu'il me posa ensuite était pertinente et méritait vraiment réflexion. Je penchais un peu la tête sur le côté, réfléchissant à la réponse que j'allais pouvoir faire. Que préférais-je ? Difficile à dire.

- Pour être honnête, je crois que je n'ai pas de préférence, les deux sont bien, enfin à mon humble avis naturellement.

J
'eus un petit rire amusé lorsqu'il me fit part de l'hypothèse qu'il avait concernant les livres les plus intéressants de ma boutique. Je plongeais mon regard dans le sien, sourire en coin amusé, dessiné sur ma bouche.

- Au risque de vous décevoir, non, ce n'est pas cela. Simplement, étant donné qu'ils ont un intérêt particulier, on ne peut les traiter comme de vulgaires produits commerciaux, tous les livres se trouvant dans le fond de ma bibliothèque n'ont pas été écrits par des auteurs connus, parfois même l'auteur ne recherche pas à tout prix la reconnaissance, il a écrit ce livre parce que cela lui faisait plaisir sur le moment. S'il en vend, tant mieux, mais sinon, ce ne sera pas dramatique et pour moi, cela les rends unique. Il faut donc les mériter, il faut les chercher vraiment pour savoir qu'ils existent et pour les trouver.

M
on sourire se fane lorsqu'il met une cigarette à sa bouche. Sérieusement, une cigarette, ici, avec tous ces livres. Je fronces les sourcils, manifestant mon désaccord avec un regard relativement sombre. Nul besoin de dire quoi que ce soit, il a compris visiblement. Je hoche la tête en signe de remerciement.

- J'en conviens, seulement vous admettrez que fumer ici, ce serait comme fumer dans une station-service.

J
e ne détournais pas mon regard de son visage, j'avais passé tant de fois mes doigts sur le visage de David que je connaissais par coeur celui de l'inconnu face à moi, j'ai toujours adoré dessiner les courbes du visage de David, la moindre courbe de son corps, n'avait aucun secret pour moi. Si j'avais été habile en dessin, il y aurait des portraits de lui partout, malheureusement, même si j'adore l'art, je suis une véritable quiche en dessin. Tout en avalant une gorgée de mon propre café, je fronçais les sourcils, même si l'homme était un peu plus sec que tout à l'heure, il ne semblait pas se réchauffer pour l'instant. Je lui souris.

- Non, je ne crois pas, tout du moins, ce n'est pas mon cas. Si l'on fait ce métier, c'est, entre autres parce qu'on adore les livres et puis un boulanger n'est pas forcément écoeuré par les gâteaux.

J
e secouais négativement la tête.

- Ne vous inquiétez pas pour ça, c'est très calme aujourd'hui, les gens ne sortent pas beaucoup quand il pleut.

J
e posais ma tasse sur le comptoir puis allais de nouveau dans l'arrière-boutique, j'en revins avec une couverture et la tendis à mon "invité"

- Tenez, je n'ai pas de cabine de douche, sinon je vous en aurais proposé une, mais c'est tout ce que je peux vous donner pour que vous vous réchauffiez. A propos, je m'appelle Sebastian...Sebastian Sanderson.


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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyLun 2 Nov - 11:24


Un sourire reste au coin des lèvres, légèrement moqueur. Juste assez pour ne pas être mauvais. Il écoute, s’amuse des mots. David. Ça ricoche à sa mémoire, quelques temps.  Un prénom commun, le second du double, celui par lequel seuls les proches pouvait le nommer. David. David. C’est un grincement dans sa mémoire, une porte close, souvenir à ne pas déterrer. Ils ne se parlent plus, ne se parleront plus. Jorah revient à la conversation, manque un morceau, comme toujours. Se concentrer est devenu difficile. Lui qui se perd de plus en plus dans ses pensées, incapable de mener une conversation sur le long terme. Veines percées. Alcool. Le résultat d’une vie dissolue. Aucune stabilité. C’est ce qu’il lui reprochait. De ne pas savoir s’arrêter, de toujours courir comme un chien idiot. Il ne saisit que la fin des paroles. En devine le reste, le début, le milieu. « Ca vous emmerderai d’savoir que vous prononcez un mot d’travers » Joueur, seulement. Il a compris le mot, là, avec cet accent charmant. « Vot’ mot. Personne l’utilise, c’est niais, ridicule, sans intérêt, c’bien quand vous êtes un gosse » Mièvrerie des surnoms. Des mots. Il lui apprendrait volontiers un nouveau, d’autres, des expressions, ça serait amusant d’entendre ça dans la bouche de quelqu’un qui n’en connaît pas la signification.

Serpent ou buffle. Il secoue doucement la tête, ne comprenant pas l’absence de choix. « Le sournois, ça fait moins mal, il faut un moment avant d’comprendre quelque chose, mais si on vous éclate des mots dans la face, c’est différent » Il avait toujours détesté ça, les mots enveloppés, manipulés. Ça l’avait toujours écoeuré cette facilité qu’il avait, l’autre, le jumeau. C’était peut-être par défi qu’il s’était mis à envoyer les paroles sans réfléchir, à cogner sans se soucier de l’impact.

Le regard glisse vers les lèvres, remonte vers les yeux. Toujours cette volonté de s’accaparer les gens. Les yeux qui ne quittent pas les bleus, à fixer, sans retenue, sans savoir que ça peut être gênant pour l’autre. Il écoute Jorah, prend note mentalement et secoue négativement la tête. La réflexion ne plait pas. « Vous devriez les mettre devant, plutôt que d’les planquer dans le fond, ça éviterait aux gens d’lire de la merde » La littérature est vaste, il connaît quelques grands noms mais n’en a jamais lu. Pas le temps, trop chiant, trop long. Mais ça ne l’empêche pas de connaître ceux qu’il faut éviter, ceux qui stagnent en tête des ventes, ceux sur lesquels le regard se pose automatiquement à chaque pas dans une librairie. Forcé d’acheter. « Faut faire l’inverse, cacher tout c’que vous avez devant, pour le fond et mettre les inconnus d’vant » Il observe les livres, les couvertures, retient quelques titres intéressants. Un livre. Ca lui est utile pour passer le temps, seulement.

Cigarette qui disparaît, conscient de sa bêtise. « Ca vous intéresse pas d’mourir calciné ? » Blague de mauvais gout. Parler de mort alors que le propriétaire de la boutique vient d’effleurer la faucheuse. Jorah détourne le regard, pivote sur lui-même, feint de trouver un livre. Les doigts s’enroulent autour du café qu’il ne boit toujours pas. Seule la chaleur l’intéresse. Mains tremblantes. Il pose la tasse sur le comptoir, conscient qu’elle pourrait chuter à tout moment. Mains qu’il aligne devant son regard alors que l’autre a disparu. Aucune stabilité. Le manque. A la couverture proposée, il s’enroule dedans. Soupir d’aise à la chaleur qui l’enveloppe soudainement. Allure de garçon là-dedans. « Vous auriez pu m’jeter dehors plutôt que d’vous occuper d’moi comme si j’étais un cabot errant » Il est ce chien sans domicile. Homme à rechercher la présence d’autrui. A quémander de l’aide pour ensuite mordre. Main qu’il tend à travers le tissu. « Jorah » Le nom reste en suspend, inutile précision. « J’reviens, l’appel de la clope… » Besoin de nicotine. Il se dirige vers la sortie, pivote de trois quart vers le brun. « Vous fumez ? J’dois avoir deux cigarettes de vivantes là-dedans » Paquet trempé.


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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyLun 2 Nov - 13:49

Je vois des morts
“Parfois, même si tu es certain d'une chose, tu ne peux t'empêcher d'espérer”
E
st-ce que cela "m'emmerderait" tant que cela ? Oui, peut-être...certainement en fait, parce que quand on veut apprendre un mot ou quoi que ce soit d'autre, on aime bien que ce qu'on apprend, ce qu'on reproduit est correct, sinon ou est l'intérêt ? Je hausse les épaules, faisant une petite grimace.

- Oui, naturellement, mais de toute façon, la question ne se pose plus puisque je n'aurai plus l'occasion d'employer ce mot.

U
n sourire amusé et nostalgique se dessine sur mes lèvres. Les qualificatifs qu'il emploi étaient ceux que David employait également, c'est réellement amusant, mais aussi troublant de les entendre dans une autre bouche que la sienne, bouche qui appartenait à un individu qui lui ressemblait beaucoup plus que ce que j'avais imaginé de prime abord. C'est vrai, lorsqu'il est entré dans ma boutique, j'ai été frappé par la ressemblance physique, mais plus le temps passais et plus cette ressemblance ne se borne pas à son aspect. Tout chez lui me rappelle David, c'en est limite flippant. Je sais que tout le monde a un sosie quelque part, mais là tout de même, ce serait vraiment étonnant qu'il soit celui de David et comme par hasard, la pluie la fait s'arrêter pile dans ma boutique. Non, on ne voit cela que dans les films.

- Je le sais bien, d'ailleurs, cela le faisait rager quand je l'employais, c'était donc une raison supplémentaire pour moi de l'appeler comme ça et puis, s'il ne souhaitait pas l'entendre, il n'avait qu'à pas me l'apprendre tout simplement.

I
l n'avait pas tort, lorsque les choses étaient simplement suggérées, cela faisait moins mal, mais ce n'était pas moins nocif pour autant. Et puis finalement à choisir, je préfère la franchise, savoir que quelqu'un se moque de soi c'est très cruel, mais cela l'est encore plus quand la moquerie est dissimulée derrière de belles paroles, certaines personnes ne comprennent pas les subtilités de ce genre de méthodes et rient d'elles-même sans le savoir.

- C'est un point de vue qui se défend, cependant, je préfère la franchise, parce que c'est bien gentil de se monter courtois, mais si l'on raille une personne avec subtilité et que cette même personne ne comprends pas alors je trouve ça très cruel. Mieux vaut dire les choses, quitte à blesser.

S
on regard sur moi. Je le sens, il me met un peu mal à l'aise, mais d'un autre côté, je le recherche également, c'est une sensation réellement étrange, même s'il me met mal à l'aise, je ne cherche pas à le fuir. Je crois que parfois il ne faut pas chercher à comprendre les subtilités de l'être humain. Je hoche positivement la tête.

- Je suis ouvert aux suggestions, j'essaierai votre méthode, mais si elle ne me convient pas, je reprendrai la mienne.

J
e ne peux m'empêcher de rouler des yeux face à sa phrase. Naturellement que cela ne m'intéresse pas. Qui pourrait être intéressé par ce genre de chose ? Je sais bien que c'était un trait d'humour, néanmoins il était plutôt mal venu, comme tout à l'heure, à quoi cela sert qu'il s'excuse si c'est pour recommencer une boulette similaire quelques minutes plus tard.

- Non, pas vraiment, surtout pour ma famille, comprenez, je ne voudrais pas leur laisser une mauvaise image de moi. Il faudrait qu'ils puissent me reconnaître tout de même.

J
e pose un regard attendri sur lui, ses paroles prennent vraiment leur sens. Oui, il ressemblait à un chien errant. Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres.

- C'est vrai, mais vous savez quand j'étais môme je ramenais tous les animaux perdus et blessés que je trouvais pour les soigner, je suppose que c'est un reste de cette période de ma vie.

O
ui moi aussi je savais faire de l'humour, même s'il était moins corrosif. Je lui serrais la main lorsqu'il me la tendit. Il me demanda ensuite si je fumais. Oui, à présent j'avais un peu repris. Lorsque j'étais avec David, je ne fumais pas, je n'en avais pas le droit, David ne supportait pas la fumée, il me disait que cela lui rappelait de mauvais souvenirs, mais sans me dire lesquels. Je hochais positivement la tête.

- Oui...maintenant oui. Au pire si les vôtres ne sont plus vraiment sèches, j'en ai un paquet neuf dans la poche de mon blouson.

J
oignant le geste à la parole, j'allais à mon blouson et sorti ledit paquet. Je le montrais ensuite à Jorah.

- Voyez....ce serait peut-être mieux qu'on prenne les miennes, non ?

© Starseed
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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyMar 3 Nov - 15:05


Mot que l’inconnu prétend ne plus pouvoir utiliser. Mot à jeter. Dictionnaire à rayer. Jorah refuse l’idée, cette stupidité de croire qu’à la mort de l’un, tout s’arrête. Lui aussi a connu la perte. Et il l’aimait, à en crever, c’était maladif à ce stade. Poupée tombée. Maladie. Lui aussi pensait ne pas pouvoir se relever, pleurer et s’enterrer. Mais tout à continuer. Le temps s’est acharné contre lui et les rencontres se sont succédées. Jusqu’à sa femme. Autre histoire. Tête qu’il détourne un instant, au refus de repenser à ce qu’il a abandonné – à la personne qui l’a abandonné. « Foutaises, si vous pensez que c’est foutu, crevé là-dedans… » Le cœur qu’il pointe, l’image des sentiments. Brun égaré au cœur percé. « …autant vous exploser la caboche, ça s’ra moins douloureux » Conseil idiot. Dangereux. Il n’a pas conscience qu’il pourrait être suivi, orchestré dans la seconde. « … mais j’comprends, vous retrouverez p’ être un tchèque. On est une espèce rare » Idiot qui se satisfait de ses paroles, ne peut empêcher un sourire vainqueur. Tchèque. Ils sont nombreux mais peut-être pas ici. Curieuse coïncidence avec l’autre, ce mort dont il connaît juste le prénom. Similarité avec le double.

Le sourire ne disparaît pas. Rareté. Lui qui garde toujours un visage fermé, ou marqué de colère. Ça semble presque faux, là, mélange de bonheur, moquerie, et confiance. « J’pense que ça lui plaisait, c’est juste qu’il faisait son grognon pour vous emmerder » Mot prononcé de travers. Il n’aurait pas du lui dire. Plus jeune perturbé. Surtout qu’il mentait.

Ses conseils qui sont écoutés. Pour une fois que quelqu’un paie attention à ses mots ! « C’qui m’obligera à revenir pour constater les changements » Changement de ton, ça se fait plus charmeur, joueur. A ne pas pouvoir s’empêcher de se mettre tout le monde dans la poche, surtout les bruns aux yeux bleus. Caprice.

Humour qui n’est pas apprécié. L’intonation de l’autre qui se fait plus rêche, dangereuse. Menace de son départ qu’il entend. « Reconnaissez qu’ça serait pratique, ils pourraient vous transporter dans un vase, ça prend pas d’place » Jorah ne peut pas s’en empêcher, c’est plus fort que lui. Franchise et humour singulier. Tout le monde s’offusque et lui hausse les épaules. Rien à foutre de ce qu’ils peuvent penser.

Comparaison avec des cabots. Petites boules de poils errantes qui s’échouaient autour d’un gamin. Jorah s’imagine l’image, et ça lui arrache un rire, léger. Presque trop doux pour sa carcasse de colosse crevé. « Donc… vous aidez tous les paumés qui franchissent cette porte… » Jalousie qui suinte. Emotion qui n’a pas sa place ici. Il voudrait être l’unique et pas le cinquantième sur une liste. Le tissu est à nouveau resserré sur ses épaules. Peu frileux, mais il n’avait pas pris un déluge si barbare dans la face depuis longtemps. Foutu pays !

Paquet trempé. Même celle qu’il avait sortie avant n’est plus fumable. Désespoir de la nicotine gâchée. Regard intéressé vers celui qui propose. Le voilà sauvé ! Cigarettes observées avec curiosité, retournées sous tous les angles. [color:c9c3=#v]« Elles ont un filtre » Des années qu’il n’en a pas fumé de ce genre là. « Merci » Clope arrachée au paquet. Zippo qu’il trouve dans la poche de son pantalon. Au moins une chose qui a survécu. Flammèche qui allume celle de Sebastien, puis la sienne. Il s’adosse au mur, au soupir d’aise qui s’évade des lèvres. La pluie continue de s’acharner, à croire qu’il ne pourra pas quitter la librairie.



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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyMar 3 Nov - 19:41

Je vois des morts
“Parfois, même si tu es certain d'une chose, tu ne peux t'empêcher d'espérer”
A
lors que Jorah me répondait, je fronçais les sourcils, ne comprenant pas le sens de ses paroles, pourquoi disait-il cela ? Soudain, tout s'éclaira, il avait mal interprété ce que j'avais dit. Remarquez, cela prêtait à confusion. Je secouais négativement la tête avec un doux sourire. Je n'ai jamais pensé que je ne pourrais plus aimer à nouveau, je savais bien que je finirai par retomber amoureux, et puis si David avait un moyen d'entrer en communication avec moi, il m'aurait certainement mis un bon coup de pied dans le derrière, au sens figuré bien sûr, si jamais j'avais baissé les bras, si jamais j'avais décidé de fermer mon coeur à l'amour. Non, il ne s'agissait pas de cela.

- Non, je ne disais pas ça dans le sens où mon coeur est mort et que je n'aimerai plus jamais, parce que je sais que ce n'est pas vrai, c'est plutôt que, comme vous l'avez fait si justement remarquer, les Tchèques sont rares, et ici encore plus qu'ailleurs, si bien que j'ai très peu de chance de pouvoir encore employer ce mot dans cette langue, mais je n'ai jamais dit que je ne l'emploierais pas dans une autre, en français par exemple, amour, ça sonne tout aussi bien.

J
e l'observe toujours, chaque courbe de son visage, ce sourire si particulier. Un petit rire s'échappe de mes lèvres lorsqu'il évoque le fait que David faisait probablement cela pour "m'emmerder".

- Oui, sans aucun doute, cela lui ressemblerait assez.

J
e penche la tête sur le côté, réfléchissant à la perspective de le voir revenir dans ma boutique. Un grand sourire s'étale sur mes lèvres. Oh oui, j'aimerai ça à n'en pas douter. Je voudrais qu'il revienne...il n'est pas encore parti, mais déjà je voudrais qu'il revienne.

- Oui, ne serait-ce que pour voir si je m'y prends bien et au besoin, vous pourriez me montrer comment faire.

J
'avais l'habitude de l'humour quelque peu "acide" de David et celui de Jorah semblait être le même. Bien sûr, le moment était très mal choisi, néanmoins, je ne voulais pas qu'il se vexe, je ne voulais pas qu'il parte, alors je pris sur moi et, haussant les épaules, je lâchais ces quelques mots.

- Quitte à choisir, je préfère qu'on numérote mes abatis plutôt que de me retrouver dans un vase sur une cheminée au risque de voir le vase tomber, se briser et moi étalé sur le sol et passer dans l'aspirateur...avouez que comme fin, y a plus glamour.

L
e rire qui s'échappe de ses lèvres est comme une douce mélodie à mes oreilles, une mélodie que je n'avais pas entendu depuis tellement de temps. Seigneur, je suis certain que discuter avec lui me fait plus de mal que de bien, parce que inconsciemment, je ne peux m'empêcher de faire un transfert, mais je ne veux pas que cela cesse, non je veux continuer à lui parler, je veux encore entendre sa voix, son accent, même ses blagues douteuses. Je suis pathétique...mais qu'est-ce que ça fait du bien. Un sourire tendre apparaît sur mes lèvres à sa réplique dans laquelle je crois déceler comme une pointe de jalousie, mais je rêve sans doute, néanmoins, je ne peux m'empêcher de le démentir, comme si je voulais le rassurer.

- En fait, non, c'est juste vous.

J
e hoche la tête lorsqu'il fait la remarque que mes cigarettes ont un filtre. Oui, j'en ai toujours fumé avec filtre, donc je n'allais pas changer du jour au lendemain. Il alluma ma cigarette avant d'allumer la sienne, je le remerciais d'un sourire puis, exhalant la fumée, je contemplais son visage silencieusement. Au bout d'un moment, je baissais les yeux et souriais timidement, un peu gêné.

- Désolé, je...enfin ce n'est pas mon habitude de dévisager les gens comme ça, c'est juste que...enfin bref, désolé.

L
a pluie continuait de tomber. Je grimaçais.

- Dites, ça n'a pas l'air de se calmer. On a le temps, je ferme que vers 21 heures et il est presque midi, mais...est-ce que vous voulez déjeuner avec moi ? Enfin je veux dire si vous n'avez rien d'autre de prévu. Je pourrais appeler pour qu'on nous livre quelque chose, comme ça c'est un livreur qui se fera mouiller et non nous.

P
etit sourire espiègle à la fin de ma phrase. Oui bon je sais, je peux être très gamin parfois.

© Starseed



petite précision:
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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyMar 3 Nov - 21:28


Surprise qui stagne au regard, quelques secondes de trop. L’envie de se gifler pour sa stupidité. Il pensait que… imbécile ! « J’comprends les choses de travers, ça m’arrive souvent. D’solé, j’pensais que vous parliez de votre carcasse presque crevée. Y’en a plein qui se laissent mourir » Ca le rassure de savoir que le brun ne compte pas mourir de sitôt. Du gâchis que ça serait. Jorah comprend mieux à présent, hoche doucement la tête. « J’suis tchèque, ça peut s’arranger » Sourire en coin. Un tchèque pour en remplacer un autre.

Le mot en français qu’il écoute, une sonorité étrange qu’il tente de retenir, capturer. Jorah se surprend à prononcer le mot, à tenter d’y donner la même intonation qu’il a entendu mais c’est bancal, d’une maladresse terrifiante. Ça ressemble à un petit garçon apprenant à parler. Le français est trop différent de ce qu’il connaît. Un mot qu’il répète un seconde fois, amusé. « J’veux bien apprendre d’autres mots, et en échange, on parlera tchèque »

Revenir. Ça sonne comme une invitation, c’est lui qui s’octroie le droit de repasser par là, de venir déranger le propriétaire avec ses questions de rangement. Ça rayonne dans les billes ambrées lorsque l’offre est acceptée. Revenir. C’est étrange comme sensation, cette envie de ne pas vouloir quitter la boutique, de rester là, à parler avec Sebastian. Un inconnu. « J’suis pas spécialiste, mon domaine c’pas les bouquins, c’était… les sciences... » Professeur de physique-chimie. Ça n’y semble pas du tout, là, avec son allure de mauvais gars, ses paroles hachées et pourtant… des années comme professeur dans un lycée. Jusqu’au renvoi. Gosse qui dénonce. Cliché parfait dans lequel il a sombré. La chimie. Ce n’était pas innocent. Les procédés pour améliorer la Blanche. « …maintenant, je m’occupe des morts. C’est moins chiant que des gamins, c’est plus… silencieux »

L’histoire de la mort et du vase qu’il abandonne, incertain que son humour grinçant soit apprécié. Cigarette qui fait un bien fou. Ça ne réchauffe pas, mais c’est agréable, assez pour oublier les frissons, les vêtements trempés et cette sensation désagréable d’avoir une peau en lambeaux. Il ne détourne pas le regard lorsque l’autre ancre ses yeux aux siens. Il n’est pas du genre à quitter en premier. Toujours à affronter. Les excuses sont balayées d’un geste de la main. Pas besoin de ça. Jorah refuse. « Ca m’dérange pas… j’ai juste l’impression d’me faire bouffer du regard mais c’pas gênant » Clin d’œil, bandit heureux de son effet. C’est même agréable comme sensation, de ne pas être regardé et pris en pitié. Habitude d’être perçu comme un errant. Le costume change les choses, octroie une autre identité. Il est loin de ses standards, là, vêtu comme un cadavre élégant.

Fumée qu’il avale de travers, manque la mort et tousse pour faire cracher les poumons du surplus de nicotine. La demande le surprend, de trop. Lui qui ne s’attendait pas à ça, et imaginait le contraire. Déjeuner, avec lui, là. Jorah dévisage le brun, chercher l’ironie, la blague, quelque chose mais il ne trouve rien de tout ça. Juste la sincérité et un sourire agréable. « Pauvre mec qui va crever de froid sur son scooter » Réflexion inutile, de quoi meubler la conversation, le temps de trouver quelque chose de raisonnable à dire. Autre que : la prochaine étape, on baise sur le comptoir ? Tête qu’il secoue doucement. Mauvaise idée. « Vendu » Cigarette qui arrive à sa fin, mégot écrasé puis jeté dans une poubelle plus loin. Des restants de ses années dans un club de basket. « J’déplace juste ma moto, j’ai pas envie qu’un connard l’envoie au sol » Trop amoureux de son unique possession. Il se défait du tissu, et abandonne Sebastian, le temps de mettre le véhicule à l’abri. Acte inutile. Et revoila sa carcasse plus trempée encore. Allure de chien perdu. Visage taché d’eau. Il attrape de nouveau le tissu et s’enroule dedans. « Commandez c’que vous voulez, j’suis pas difficile, tant que j’ai une bière, ça ira » Porte qu’il ouvre, laisse passer l’autre en premier. Restants de politesse. « J’pourrai pas rester avec vous jusqu’à vingt et une heure, j’risque de mourir avant. Faudrait que j’me débarrasse de tout ça mais finir à poil dans votre librairie, c’probablement pas une bonne idée. Priez que j’meurs pas » Paroles qu’il jette sans même savoir si l’autre les entend. Réflexions qu’il se fait pour lui, à se demander combien de temps encore avant la fin.


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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyMar 3 Nov - 22:48

Je vois des morts
“Parfois, même si tu es certain d'une chose, tu ne peux t'empêcher d'espérer”
C
'était normal qu'il ait interprété de travers, n'importe qui en aurait fait autant, il est vrai que les mots que j'avais utilisé pouvaient avoir un double sens. Je secouais négativement la tête, balayant ainsi ses excuses, elles étaient parfaitement inutiles.

- Ne vous en faites pas, n'importe qui en pareille situation aurait pu faire la même erreur, mes paroles pouvaient être comprises de façons différentes, j'aurai dû être plus explicite. Et puis, vous avez raison, beaucoup dans cette situation ne résistent pas et se donnent la mort, ou tout du moins essayent de le faire. Ce n'est pas mon tempérament, et même si je peux être malheureux comme les pierres pendant un temps, ma douleur et ma tristesse finissent par se calmer. Aujourd'hui, je peux parler de lui en souriant, à dire vrai, j'aime l'évoquer, mais c'était complètement impossible il y a quelques semaines de cela.

S
es mots suivants font naître un peu de rougeur sur mes joues. Je ne le vois pas, mais je le sens, une véritable collégienne. Je me contente d'un sourire que voulez-vous que je lui réponde ? Je le regarde tandis qu'il tente de répéter le mot que je venais de prononcer. Je voulais bien lui donner des cours, sans problème. Je maîtrisais la langue de Molière grâce à ma mère, française de naissance et surtout mes grands-parents chez qui je passais un mois par an lorsque j'étais gamin. A mon tour je lui souris

- Oui, je veux bien, je vous apprendrais le français et vous m'apprendriez le Tchèque, je n'en sais que le mot que j'ai prononcé tout à l'heure, donc c'est léger pour meubler une conversation.

T
iens, un changement de carrière, voulu ou pas ? Je ne le savais pas et sincèrement cela ne me regardait pas, sans compter que j'ai l'impression que Jorah n'était pas du genre à se livrer et surtout pas à quelqu'un qu'il venait de rencontrer. Son nouveau métier expliquait un peu son humour corrosif, son air de se moquer de ce qu'on pense de lui, lorsque l'on voit des morts tous les jours je suppose que cela vous endurcit quelque part.

- Ce n'est pas grave, vous pouvez toujours me donner votre avis même en étant néophyte, c'est bien d'avoir un regard extérieur sur son travail. Enfin, ce n'est que mon avis naturellement. C'est vrai que niveau embêtement, vous devez être tranquille avec vos nouveaux clients.

J
'étais heureux qu'il laisse enfin tomber ses plaisanteries quelques peu douteuses. J'ai naturellement perdu le "combat de regard" que j'avais moi-même initié, la faute à son regard si perçant. J'aimais tellement me plonger dans ces yeux-là, dans ce regard si électrisant. Un frisson agréable me parcours le corps lorsqu'il me fait un clin d'oeil. Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas été "abordé" de cette façon que je me sens vraiment étrange et ce n'est pas désagréable du tout.

L
orsqu'il tousse, manquant de cracher ses poumons, je ne peux m'empêcher de hausser un sourcil, je ne pensais pas que ma proposition semblerait si incongrue, ce n'est pas comme si je lui proposais de coucher avec moi. Néanmoins, il accepte, pour mon plus grand plaisir. J'esquisse un petit sourire amusé.

- C'est vrai, mais personne ne le force à faire ce boulot.

J
'écrase ma cigarette et balance le mégot au loin, je suis moins adroit que Jorah. Il semble tenir énormément à sa moto. Je hoche la tête en guise d'acquiescement.

- Entendu.

L
e rendez-vous avec mon frère me revint en mémoire juste à temps, il faut que je lui envoi un message pour annuler. Je doute qu'il serait heureux de voir que je passe du temps avec la réplique exacte de David et je n'ai clairement pas envie de supporter une leçon fraternelle aujourd'hui. Jorah me laisse passer, je le remercie d'un sourire puis je vais dans l'arrière-boutique, j'envoi un message à mon frère, relativement court, en lui disant que je lui expliquerai tout plus tard. Sa réponse ne se fait pas attendre, il a pris note, mais il souhaite tous les détails. Je ne sais pas ce qu'il s'imagine, mais je ne préfère pas le savoir. Je commande des sushis et de la bière pour Jorah, un jus de goyave pour moi. Oui, j'ai horreur de l'alcool. Je reviens auprès de Jorah.

- Voilà, j'ai commandé des sushis, j'espère que ça vous va et je vous ai pris de la bière en accompagnement.

J
e le regardais, il tremblait encore plus que tout à l'heure, si cela continuait il allait réellement attrapper la mort. J'esquissais un sourire.

- Je ne serai pas le plus gêné des deux.

S
oudain, je me frappe le front du plat de la main, mais quel idiot, j'avais ce qu'il fallait pour Jorah. Allait-il accepter de le porter, je ne sais pas, mais ce serait toujours mieux que de garder ses vêtements mouillés.

- Mais quel idiot je fais. Attendez, je crois avoir ce qu'il vous faut...enfin en tout cas, ça pourra vous dépanner le temps que vous ayez réussi à sécher vos vêtements.

S
ans lui laisser le temps de répondre, je m'enfonçais un peu plus dans ma librairie et j'allais décrocher un costume et une chemise sur un cintre. Ces vêtements avaient appartenu à David, le pressing me les avait rendu après l'accident. David les avait emmené à laver trois jours avant et il devait passer les rechercher, mais...il n'en a jamais eu l'occasion.  J'amenais le tout à Jorah.

- Tenez, je...enfin vous n'êtes pas obligé hein, mais ce serait réellement mieux que ce que vous avez maintenant, non ?

© Starseed
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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyMer 4 Nov - 17:07


Il écoute, attentivement, c’est rare. Toujours à décrocher de la conversation, à trouver plus intéressant dans l’inspection d’un objet ou des inconnus plutôt que celui qui parle. Toujours ainsi. Ça change. La parole donnée est entendue et Jorah comprend qu’il ne se retrouve pas devant un pleurnichard qui souhaiterait s’enterrer avec un défunt. Combien de fois ça lui est arrivé… qu’on vienne sur son épaule, qu’on lui dise que tout est fini, achevé, qu’ils ne trouveront personne d’autre… trop de fois. Eux les abattus de la vie, les idiots préférant une balle au crâne plutôt que l’idée de poursuivre. « J’comprends l’idée. C’est juste que j’suis habitué à fréquenter des gens qui veulent en finir, des pas foutus de se relever » Et c’est vrai, qu’aucun n’arrive, que tous ceux qu’il a déjà croisé sont presque morts ou sur la route des limbes.

C’est charmant ça, les joues rougissantes, comme un gosse pris en faute. « J’vous préviens que les premiers mots qu’on apprend, c’sont les insultes et pas les politesses » Sourire de malfrat qui se faufile sur les lèvres. Ça semble curieux comme proposition. D’apprendre à un inconnu. De se faufiler dans sa vie de cette façon, serpent sournois qui s’accroche doucement. « J’ai quelques souvenirs de français… mais j’veux bien apprendre, ça peut toujours être utile » C’est ancien le français, des souvenirs qui ne sont plus dans sa caboche, relégués trop loin, enterrés car liés à l’enfance, lié à ce qui n’existe plus. Petits tas de cendres.

Mention de son métier. « Un mort, ça ne vous pose pas de questions, c’est silencieux, c’est bien » Et surtout, ça ne vous conduit pas en prison. Avantage certain.

Retour dans la boutique. La chaleur pour appréciation. L’autre qui mentionne que le voir déshabillé ne déplairait pas. « Evidemment » Sourire en coin, amusé. Evidemment que ça ne le dérangerait pas, lui qui observe depuis le début, dévisage, cherche à gratter sous la surface. Une ressemblance avec quelqu’un qu’il a connu, c’est bien ça l’excuse. Et Jorah serait curieux de savoir : quelles ressemblances. Mais ça s’enferme dans sa gorge. Il refuse de demander, se montre légèrement poli, pour une fois. Interrogation aux billes lorsque l’autre disparaît à sa vue, avec l’excuse d’une solution miracle. A moins qu’il ait des vêtements cachés quelque part et certainement pas les siens. Légèrement plus petit, épaules moins larges. Jorah ne rentrerait pas dans un pull et encore moins dans un pantalon. Alors non, si c’est pour mettre du trop petit, il préfère capituler tout de suite et rester dans ses tissus trempés. C’est un pas en arrière qu’il fait en voyant les vétements présentés. Non et non, certainement pas ! Un costume. Des tissus qui coutent certainement plus que trois mois de salaire et surtout… surtout… ça lui rappelle étrangement ceux que pouvait porter l’autre, le plus grand, l’idiot dans ses costumes trois pièces. Tête qu’il secoue négativement. Un gosse qui refuserait l’évidence. « J’peux pas porter ça » Impossible. Pour deux raisons. Qu’il ne se sentirait pas à l’aise, et qu’il aurait l’impression de devenir son frère. Hors de question ! « C’pas vos vêtements, c’est trop grand pour vous » Constat porté à voix haute. Le doigt enfoncé sur l’évidence. « J’ai pas envie d’me prendre la foudre sur la tronche parce que votre mec aura jugé que j’ai froissé la chemise » Supposition que le tout appartenait au cadavre. Il ne peut pas. Revêtir les vêtements d’un mort. Mais les siens sont trempés, de trop et à ce stade, ça devient génant. « C’bon, je les prends » Tissus arrachés des mains de l’autre, effleurement sans le vouloir. Il va se réfugier à l’abri de la vitrine mais sans fuir le regard de l’autre. Impudique. Chemise, pantalon qui chutent. Corps criblé de cicatrices et tatouages, fresque humaine. Encre pour recouvrir les plaies. Rien de glorieux à regarder. Saillis d’une vie de mauvais gars. Passer les tissus secs lui arrache un soupir de contentement. L’allure est changeante. Plus sérieux. Moins… cabot. Il n’a pas besoin de miroir pour savoir qu’il serait une réplique parfaite du jumeau. D’un geste il pivote vers l’autre, un sourire en guise de remerciement, et le voilà qui parcourt la boutique, allant à la porte pour ouvrir au livreur. Billets et au-revoir pour le gamin trempé jusqu’aux os. Le tout qu’il apporte devant Sebastian. « J’ai hésité à m’abriter dans la boutique d’avant, mais j’pense que j’ai fait le bon choix » L’enchantement de la présence de l’autre. Au cliché qu’on ne connaît qu’au cinéma.



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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyMer 4 Nov - 20:05

Je vois des morts
“Parfois, même si tu es certain d'une chose, tu ne peux t'empêcher d'espérer”
C
'est vrai, beaucoup se laissaient couler et dans son métier, il en voyait probablement des centaines, mais sans même prendre en compte le fait que David n'aurait pas aimé que je me laisse aller, je ne suis pas de ce genre de tempérament, je n'ai jamais été suicidaire. Je trouve ça très lâche, je n'ai aucune pitié pour les suicidaires, j'estime que c'est pour affronter les épreuves que l'on trouve sur notre route qu'il faut du courage, continuer à avancer dans la tempête, et en ressortir grandi. Je fis une petite grimace.

- Oui, je me doute que vous devez en voir pas mal, mais tant qu'on est dans les confidences, je n'éprouve aucune pitié pour les suicidaires, pour moi ce sont des lâches, à contrario, j'admire ceux qui réussissent à se relever malgré les épreuves et c'est pour ça que je fais la même chose, j'ai été au fond du trou pendant environ un mois, le temps de me remettre, et lorsque ce fut le cas, j'ai donné un bon coup de pied et je suis remonté. Inutile de se laisser abattre, ce n'est pas en se laissant abattre ou en faisant le sacrifice de sa vie privée que ça ramènera la personne disparue. C'est pour affronter les épreuves de la vie qu'il faut du courage, non pour se faire sauter le caisson.

P
etit sourire d'excuse devant le flot de paroles que je venais de déverser.

- Désolé, j'ai tendance à m'emporter quand je parle de ce sujet.

U
n petit rire s'échappe de mes lèvres à ses paroles. Je suis loin d'être prude ou quoi que ce soit, il m'arrive de jurer comme un vrai charetier parfois, mais je le fais en français, ça passe mieux.

- Ce n'est pas grave ça. Je pourrais aussi vous apprendre des insultes en français, ils peuvent avoir un language très imagé, croyez-moi.

J
'adorais parler français, j'aimais cette langue, je la trouvais vraiment magnifique.

- Super, vous verrez, ce n'est pas la langue la plus facile que je connaisse, mais ce n'est pas non plus insurmontable.

J
e hoche la tête à la réflexion qu'il fait sur son métier. Il n'y avait rien à répondre à cela.

N
on, cela ne me dérangerait pas de le voir même dans le plus simple appareil, je connais déjà son corps par coeur, même sans l'avoir vu. Bon bien sûr, il peut me surprendre, en ayant des griffures, peut-être même des piercing ou des tatouages, mais je connais chaque courbe de son corps et je dois avouer que j'aimerai bien les revoir encore une fois. Mes traits s'affaissent lorsqu'il devine que ces vêtements ne sont pas à moi. Quel idiot, je n'ai pas réalisé la porté de mes gestes, j'ai juste voulu lui donner des vêtements secs. Le fait que ces vêtements appartenaient à David ne me dérangeais pas, mais je n'avais pas pensé un seul instant que cela aurait pu gener Jorah.

- Je suis désolé, je ne pensais pas que...je suis stupide, je...

P
as le temps d'ajouter autre chose qu'il se décide finalement à prendre les vêtements. Sa main frôle la mienne et ce bref contact de nos épidermes m'électrise délicieusement. Je ne perds pas une miette du "spectacle" qu'il donne lorsqu'il se déshabille. Seigneur, il est magnifique, quelques cicatrices par-ci par-là, des tatouages aussi, mais cela ne m'étonne même pas, je crois que si j'avais trouvé sous ses vêtements un corps exempt de la moindre marque, cela m'aurait surpris. Il doit certainement sentir que le regarde, mais sincèrement je m'en moque, j'ai toujours aimé contempler les oeuvres d'art et pour moi son corps en est une. Lorsqu'il me fait face, ayant sur lui les vêtements secs, un sourire mélange de nostalgie et de douceur, d'appréciation se dessine sur mon visage. Ainsi vêtu, il ressemble parfaitement à David, naturellement cela me fait quelque chose, mais je me reprends et me répète mentalement que c'est Jorah, un homme différent de David.

- Magnifique.

O
ui, il était vraiment magnifique. Je le regarde aller ouvrir au livreur. Pauvre type trempé comme une souche. J'enverrai un pourboire plus tard à la société de livraison. Jorah nous sert à manger. J'acquiesce à ses paroles.

- Je confirme, vous avez très bien fait.

J
e commence à manger un ou deux sushis.

- Dites, je me disais, on pourrait peut-être se tutoyer, non ? Après tout, je vous ai vu quasiment nu.

P
etit sourire coquin pour ponctuer ma phrase. Je me lève et vais chercher le livre dont je lui parlais tout à l'heure. Je reviens ensuite m’asseoir près de lui.

- Tiens, tu me diras ce que tu en penses.

J
'ai envie de lui montrer une photo de David, pour qu'il comprenne pourquoi j'ai eu l'ai si étrange lorsqu'il est entré, mais j'ai peur qu'en faisant cela, ça l'effrai pour je ne sais quel raison. Je ne veux pas qu'il parte, pas encore....pas tout de suite, j'aimerai tant le connaître. Je sais qu'il n'est pas David, d'ailleurs, en dehors de cette ressemblance physique, ils ont très peu de choses en commun, c'est pourquoi il est un peu difficile de les confondre.

M
on portable se met à sonner. Je lance un regard désolé sur Jorah

- Excuse-moi, j'en ai pour un instant.

R
estant où je suis je décroche. C'était mon frère.

- Tu m'emmerdes bro', je t'ai dit que je te raconterai tout ce soir. Oui et bien tu vas devoir attendre, tu sais la patience est une vertue, tu ferais bien de commencer à en avoir un peu. Ahaha oui, moi aussi je t'aime.

J
e raccrochais et regardais Jorah en esquissant un petit sourire. Je n'avais pas eu besoin de m'éloigner vu que j'avais parlé en français tout le long de notre conversation et oui, monf frère aussi maîtrisait cette langue.

- C'était mon frère, s'il ne m'appelle pas au moins une fois par jour, il n'est pas bien.


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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyJeu 5 Nov - 8:23


L’invitation à apprendre, l’invitation à se retrouver encore ici, et probablement ailleurs. L’idée lui plait, probablement de trop. C’est un menteur Jorah. A croire qu’il va apprécier de prendre des cours, de perdre du temps à apprendre ce qui ne lui sera jamais utile. Du français. Pays qu’il ne connaît pas, juste par carte postale, et quelques échos de son frère, lui qui a voyagé, lui qui se vantait de parcourir le monde. Apprendre le français, ce n’est qu’une excuse bancale pour revenir, pour se retrouver encore en présence du libraire. « J’suis prêt à y passer des heures s’il le faut, j’ai tout mon temps… » Vérité pour celui qui ne possède plus rien, plus de famille, plus rien à quoi se raccrocher. Alors le temps est devenu un luxe qu’il s’est offert. Aucune nécessité de rentrer à telle heure, de s’occuper de ci ou de cela. Personne. Appartement vide lorsqu’il rentre le soir, lorsque les clés sont déposées dans l’entrée. Tintement grave qui ne s’accompagne de rien d’autre. Le silence. Gravité qui s’affiche aux ambres quelques secondes, fracas des émotions qu’il laisse perceptible et tout s’efface, se chasse d’un faux sourire.

Les vêtements d’un étranger sont à ses doigts. Drôle de sensation lorsqu’il passe les tissus, s’observe et comprend qu’il a revêtu un costume mort. Désagréable impression d’être étriqué, tissus qui empêchent de grands mouvements. Contraint de se déplacer avec mesure pour ne pas déchirer la chemise. Il y a le regard de l’autre sur lui, violent, presque mordant si il veut bien y prêter attention. Les plaies et tatouages serpentent sur la chair. Rire léger à l’entente du commentaire qu’il n’approuve pas. Rien de magnifique là-dedans. A t-il bien regardé ? Compris que Jorah n’est qu’une carcasse périmée ?

Les sushis rapportés et la bière demandée. Joie ! Une boisson dont il ne pourrait pas se passer. Bière qu’il repose lorsque Sebastian suggère le tutoiement. Peut-être… Et le voilà qui disparaît encore. Tour de passe-passe auxquels il n’est toujours pas habitué. « Dégueulasse comme titre » Livre qu'il reçoit entre ses doigts. Inspecte la couverture. Observe le titre et lis la première page. Ça commence bien. Ça tranche vif. Sans détail superflu et métaphores de trois kilomètres. C'est ce qu'il recherche. Le clinique. Le glacial dans les mots. Et pas les énigmes littéraires sur des kilomètres. Le livre est déposé de côté lorsque sonne un portable qui n’est pas le sien. Mots qu’il ne peut s’empêcher d’écouter sans en comprendre la signification.

Un frère évoqué. Quelque part c'est une pointe de jalousie. Au souvenir que le sien l’a chassé de sa vie. Abandonné. Jorah n'est pas innocent dans l'équation. Lui qui entraînait le plus grand dans les pires coups. Qui le traînait vers le bas. Trop différents. Condamnés à la séparation. Il a fait le brave le jour où l'autre lui a tendu un chèque. Un au revoir. Il a fait le fier. Heureux d'avoir de l'argent et une voiture. Ça semblait suffisant à son bonheur. À l'acheter. Ça avait suffit quelques temps. Jusqu'à ce qu'il l'appelle. En panique. Ayant besoin de son aide. Suppliant son retour. Rien. Téléphone raccroché. Et l'histoire s'était terminée ici. Il y a quinze ans. Couperet d'une relation fraternelle. « Faut pas t’plaindre qu'il t'appelle tout le temps. Ça prouve qu'il fait attention à toi. Au moins. Il t'abandonne pas » Aucune précision. Il ne parle pas de lui. Il n'évoque pas le passé avec les étrangers, avec personne. Jorah ne veut pas de leur pitié. De leurs questions. Ça serait expliquer la raison d’une guerre fraternelle. « J’dois t’remercier comment pour tout ça ? » L’abri, les vêtements, la discussion, ce tout charmant qu’il ne sait pas comment payer. « Et la pluie qui s’arrête pas, t’es condamné d’ma présence pour la journée »



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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyJeu 5 Nov - 13:25

Je vois des morts
“Parfois, même si tu es certain d'une chose, tu ne peux t'empêcher d'espérer”
L
a France, cela fait longtemps que je n'y ai pas mis les pieds. David et moi avions prévu d'y aller cet été, mais cela ne s'est pas fait, il a été beaucoup trop absorbé par son travail. Il y a de fortes chances que j'y aille pour Noël, je n'ai personne à aller voir là-bas, mes grands-parents étant décédés depuis quelques années déjà, mais cela ne m'empêche pas de retourner dans ce pays que j'adore. Peu de temps avant de rencontrer David, j'avais émis le souhait d'obtenir la double nationalité, j'étais prêt à passer le temps qu'il fallait en France pour se faire, mais j'ai rencontré David et j'ai laissé tomber ce projet. Je ne lui en ai jamais parlé, peut-être qu'il aurait été d'accord pour qu'on vive en France, je l'ignore, quoi qu'il en soit, je ne le saurais jamais. Maintenant, cette envie m'est passé, je me suis construit ma vie ici et je n'ai nulle envie d'en recommencer une autre ailleurs. Je souris à Jorah.

- Formidable, j'aime les élèves motivés.

P
arfois je me donnerai des baffes, sérieusement, il y a de quoi mettre n'importe qui mal à l'aise à l'idée de porter les vêtements d'un mort et moi, comme une pauvre pomme, je lui avais proposé ceux de David. Même sans lui avoir dit qu'ils étaient à lui, Jorah l'avait bien deviné, il n'était pas stupide. Je lui parle de David depuis tout à l'heure, j'ai parlé de lui comme étant mon compagnon, il est bien évident que si ces vêtements ne sont pas à ma taille, c'est parce qu'ils étaient à lui. Lorsque je lui fis part de mon "appréciation" sur son allure, il ne sembla pas la partager, mais je m'en moquais, il avait ri. J'aime entendre son rire, rien que pour pouvoir l'entendre à nouveau, je serai presque en train de rechercher une autre idiotie à dire. Je le regardais, conservant mon sourire, l'air de dire "Penses ce que tu veux, mais c'est là ma propre opinion."

J
e lui avais ensuite amené le livre dont je lui avais parlé un peu plus tôt. A dire vrai je n'étais pas certain que cela lui plaise, mais c'était ce qui se rapprochait le plus de ce qu'il recherchait, alors avec un peu de chance...

- Je confirme. Ce n'est pas vraiment mon genre de lecture toutefois, mais je l'ai parcouru un peu, j'aime bien savoir ce que je vends.

E
t puis mon frère m'avait appelé. Pendant toute la conversation je n'avais pas dit un seul mot d'anglais. Parfois je parlais avec mon frère en français sans m'en rendre compte, cependant cette fois-ci, cela avait été volontaire, je ne voulais pas encore disparaître du champ de vision de Jorah et comme ce que j'avais à dire à mon aîné ne l'intéresserait en aucun cas, j'avais préféré utiliser le français. Je secouais négativement la tête.

- Oh je ne me plains pas. J'adore mon frère tu sais, mais il a toujours été très protecteur avec moi, parfois un peu trop et depuis que David est mort, il a renforcé sa protection. Je n'ai rien contre cela, mais je crains qu'à cause de cela il néglige sa propre vie.

J
e ne savais pas si Jorah avait parlé par expérience, mais je n'étais pas du genre à chercher à savoir les choses si on ne me disait rien et puis quelque chose me disait que Jorah n'était pas du genre à se confier facilement sur son passé...un peu comme David en fait. Il me demanda ensuite comment il allait me remercier pour tout ce que j'avais fait pour lui. Je le regardais, avec un air gourmand, laissant sous-entendre...des choses qui n'étaient pas vraies puisque je repris un air un peu plus normal et me contentais de lui sourire gentiment.

- Tu n'as pas besoin de me remercier, j'ai fait tout ça parce que ça me faisait plaisir, mais sinon, ta présence est amplement suffisante, je m'ennuyais comme un rat crevé ici, alors maintenant que tu es là, c'est beaucoup mieux.

J
e regardais par la fenêtre et constatais ainsi la véracité de ses paroles. Je plongeais ensuite de nouveau mon regard dans ces yeux qui me troublaient si délicieusement. J'eus un petit rire amusé.

- Ce n'est pas grave, j'accepte avec plaisir la condamnation.

J
e regardais Jorah, mon regard passait de ses yeux à sa bouche que j'avais envie de dévorer puis descendait dans son cou. Je me repris.

- Et toi, tu as de la famille quelque part ? Ici ou bien en Tchécoslovaquie ?.

P
eut-être ne voudra -t-il pas répondre.

- Désolé, je suis un peu curieux sans doute

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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyVen 6 Nov - 8:46


Le livre est observé, manipulé, ouvert. Il n’est pas de ceux à les prendre avec précaution, pincettes et autres foutaises. Ce n’est qu’un thriller, et pas un manuscrit datant des temps perdus. Les premières lignes lui plaisent et c’est assez pour qu’il accepte de lire la suite. « J’pense que ça peut me plaire » Léger sourire, d’un bonheur d’avoir enfin trouvé un ouvrage, quelques lignes pour passer le temps.

Les mots sont écoutés, ces paroles à propos d’un frère et de l’autre, d’un mec aimé qui revient toujours dans la discussion. Il voudrait lui demander si il s’en rend compte à quel point l’autre prend de la place, à quel point il est là, à tourbillonner autour. Sebastian lui a assuré que ça ne lui trouait plus le cœur, mais d’en parler autant ? Ce n’est pas dangereux ? Lui ne sait pas, n’est pas spécialiste de ces questions là, mais l’idée lui semble étrange. Quand elle est morte, il n’a plus parlé d’elle, plus jamais. Peut-être que chacun a ses moyens pour oublier la mort. haussement d’épaules. « C’est normal qu’il joue au p’tit chevalier si c’est l’plus grand. Il veut faire son vaillant pour n’pas que tu crèves au fond du trou » Le regard n’est plus là, détourné pendant quelques secondes. Il feint de trouver un objet intéressant, cadre dont il ne voit même pas le sujet. Parler d’un frère évoque évidemment le sien, celui qui n’est pas là, celui qui n’est jamais venu quand il a eu besoin de son aide. S’il te plait qu’il avait murmuré, le souffle coupé, presque mort, mais l’autre était resté sans réponse, raccrochant, ne voulant plus d’un cabot perdu dans sa vie. Le souvenir est toujours aussi douloureux. Tremblements du corps qu’il masque piteusement.

Le regard suinte le sous-entendu, ça dégorge de partout. Il n’avait rien suggéré dans ses paroles, mais Sebastian avait interprété le contraire. Surprise de voir ce regard, agréable, étrange. Un moment qu’il n’a pas croisé un mec dans ses draps. Des gouts trop complexes. Et voilà que l’opportunité se présente. Non. On ne profite pas des gens en deuil. Quoique… mais les mots n’avaient rien de détournés. Aucune invitation là-dedans. Légère déception. « J’pense pas que ma présence soit d’plus agréables. Tu dois avoir des clients moins chiants que ma carcasse trempée » Des clients… justement, aucun n’est là, aucun n’ose franchir la porte. La pluie détruit les ambitions des plus courageux.

Il pourrait repartir, ça ne serait l’affaire que de quelques minutes sous l’eau, vingt et une précisément. Pas de quoi le tuer. Mais Jorah s’est trouvé un lieu agréable et une présence charmante, c’est suffisant à son bonheur passager. La question frappe avec violence. Il hait les questions, ces curiosités à propos de son passé. La mâchoire se contracte. Muscles tendus. « Des parents qui sont en Grèce, va savoir pourquoi c’était le rêve de leur vie. Et… non c’tout. Pas grand chose d’autre. Peut-être un ou deux gamins que j’ai pas assumé, ça m’étonnerait pas » Sourire vague pour les derniers mots. Rien de particulièrement drôle là-dedans, mais ça le fait rire. Lui. Le bandit. Le jumeau n’est pas évoqué, rayé, dissipé de sa vie. C’est une personne qu’il n’évoque jamais dans les conversations, même avec ceux qui les connaissent, eux les semblables.

Le portable crache une sonnerie détestable. Il attend, une fois, deux fois et fini par décrocher. Geste d’excuse qu’il fait en direction de Sebastian. Ça crache d’insultes à l’autre bout. Celui qui se prétendait ami lui retire l’appartement, demande à retrouver les clés. Colère qui serpente au visage de Jorah. Téléphone qu’il manque d’envoyer valser contre un mur. « Tu déconnes… t’avais dit une s’maine et j’fais comment ? T’es qu’un putain de connard… t’en a même pas besoin de cet appart’, juste pour passer ta poudre, c’est ça ? Va crever ailleurs » Les langues se sont mélangées, passant du tchèque, à l’anglais. Appartement, poudre. C’est ce qui était distinctif en anglais. Ce que le propriétaire de la librairie à certainement compris. Jorah tourne toujours le dos à Sebastian. « J’peux pas rester, j’ai des affaires à régler » Casque en main. Il ne dit rien de plus, s’évade de la boutique, oublie le livre, oublie l’autre, compagnie agréable. Il n’a pas le temps de discuter, plus le temps de rien.



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MessageSujet: Re: Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé)   Je vois des morts [PV : Jorah] (terminé) EmptyVen 6 Nov - 10:40

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