arrêtes d'avoir peur, je vais bien.

les nausées te rappellent le dur combat que tu mènes contre le cancer. tes mains tremblantes que tu fais en sorte de cacher aux yeux de tes amis, te rappellent combien c'est rude, toute cette épreuve. tu es forte alysha. tu es certainement la fille la plus acharnée et la plus courageuse mais parfois, tu as tes moments de faiblesse toi aussi. tu te sens vulnérable et fragile...dangereuse aussi. car tu effraies tes amis. tu les confronte à cette peur de te voir mourir. non ! tu ne veux pas ! ô diable, tu n'aimes pas ce sentiment de faiblesse. alors, tu redresses tes épaules, tu te tiens droite, tu gardes la tête haute et tu affiches un sourire sur ton visage. toujours. tu t'accroches à l'espoir, à l'envie de vaincre la maladie, tu te répètes que ça pourrait être pire. tu es encore là pour longtemps, on ne t'arrachera pas à la vie. on ne te coupera pas le souffle. on ne te volera pas ce désir de vivre. on ne t'empêchera pas de rire a t'en arracher la mâchoire. on ne te privera pas du soleil que tu aimes sentir sur ta peau ou de la brise qui vient sur ta joue comme une bise. ce vent qui aime s'inviter dans tes boucles épaisses et brunes. /.../ cette nuit, tu n'as pas put l'éviter : tu t'es levée, tu as couru jusqu'à la salle de bain pour finir la tête au dessus des toilettes. tu aurais voulu les épargner. tu as même, failli trébucher. incertaine, tu t'es rincé la bouche sans même regarder ton reflet dans le miroir. tu t'es vite réfugiée dans ton lit, la tête sous la couette, priant pour ne pas les avoir alerté. non, non, non... et le soleil a beau s'infiltrer par le dessous de ton volet roulant à moitié baissé, tu ne te réveilles pas. enveloppée comme dans un cocon, tu dors à poings fermés. c'est vers les onze heures que tes paupières s'ouvrent. tes bouclettes finissant contre ton front, tu passes ta main devant tes yeux endormis. tu t'étires, te roules en boule et traines - encore un instant jusqu'à ce que tes pieds nus finissent par terre. tu enfiles des grosses chaussettes et un gros pull en laine par dessus tes frêles épaules. ça t'évite de te voir trop maigrir. filant jusque devant ta fenêtre, tu relèves le store et le soleil vient réchauffer ton visage. des cernes sous les yeux que tu as du mal à cacher. tu sors de la chambre, doucement. tu entends la télé dans le salon. tu ignores quelle heure il est mais tu devines qu'il est déjà tard.

Affreux cauchemars. Reese avait fait un mauvais rêve dans lequel il était poursuivit par la faucheuse. La mort. C'était horrible à dire mais depuis les récents événements il avait l'impression qu'elle était au dessus d'eux menaçant de s'abattre comme une épée de Damoclès. Pourtant il voulait y croire, il voulait avoir cet entrain et cette joie dont ses amis faisaient preuve mais c'était trop dur pour lui. Paradoxal, parce que de tous, Reese était celui qui prenait tout à la légère et au second degrés. C'était celui qui riait de tout et ne s’embarrassait de rien. S'en était encore plus triste de voir à quel point cette maladie qui n'était pas en lui avait une véritable emprise sur lui et sur son moral. Impossible de se rendormir après cette vision affreuse. 9H47, le jeune qui était plutôt lève tard n'avait pas l'habitude de voir cette heure affiché sur le cadran de la vieille montre de son père posé sur sa table de chevet. Tant pis il allait en profité pour faire quelque chose de productif, ou presque. Il commençait à débarrasser le bazar de la veille : Iago et Ronn avait squatter sa chambre pour regarder un film. Une douche froide, une main dans les cheveux, un jean troué enfilé, le t-shirt attendrait. Comme pour doucement sortir son esprit de l'état de torpeur dans lequel ce cauchemars l'avait mit il inspira un grand coup et se dirigea vers un vieux carton qui traînait la. Il en sortit un vieux lecteur trente trois tour qui avait appartenu à son père. Il l'emmena au salon accompagné d'un vynil des red hot chilli pepper, celui avec Californication dessus. Il savait que le musique tant qu'elle n'était pas trop forte, ne dérangeait pas ses colocataires en train de dormir.
Il s'affala sur le pouf avant de fixer la porte de la chambre d'Alysha le regard comme égaré. Respirait-elle ? Dormait-elle ? Pleurait-elle ? Des questions qui tournaient de manière incessante dans sa tête ça en devenait maladif. Comme si il était monté sur ressort il se leva et décidait de mettre fin à cette torture et d'aller voir de lui même. Doucement il ouvrait la porte. Elle dormait profondément et il voyait son torse faire des allés et venues rassurant : elle respirait. Il restait un moment dans la contemplation. Dans cette contemplation qui lui faisait du mal parce qu'elle avait l'air épuisée, elle avait l'air si petite dans se lit énorme. Tellement, que les draps semblaient pouvoir l'étouffer. C'était douloureux de la voir comme ça quand on l'avait connu autrement. Et c'était douloureux de la voir faire comme si tout était normal alors que son corps et son visage disait tout l'inverse. Après quelques minutes il referma la porte et pour ne pas être tenté de revenir dans sa chambre il décida de préparer à manger. Des œufs brouillés, du pain perdu et des pancakes : c'était rare qu'il cuisine, encore plus qu'il en fasse autant. Et alors qu'il se servait et que Californication venait de commencé, il la vit sortir de sa chambre. Petit ange avait une mauvaise mine. « Hey … » ; la plupart du temps il n'osait même plus lui demander si elle allait bien. Il avait honte et il pensait cette question débile. « Tu tombes bien je viens de finir de faire à manger. » ; il terminait de préparer l'assiette qui lui était destiné et la posa sur la table pour elle. « A moins que tu n'es pas trop faim. Tu n'as pas de rendez-vous à l'hôpital aujourd'hui. »  - il ne se rendait pas compte qu'il agissait comme un putain de flic avec elle. Il ne se rendait pas compte d'à quel point il puait la peur à 1000 kilomètres. Il ne se rendait pas compte à quel point il n'était plus le Reese qu'elle avait connu toutes ses années. Celui qui même dans le pire riait aux éclats, celui qui préférait crever que d'abandonner... C'était triste de le voir si touché, triste qu'il ne voit plus que la peine partout.

arrêtes d'avoir peur, je vais bien.

doucement, tu progresses dans le couloir. une agréable odeur te provient de la cuisine. un parfum sucré et salé à la fois. tu penches doucement la tête pour apercevoir une ombre s'agiter contre le mur. c'est reese. il prépare le petit déjeuner et ça t'arraches un petit sourire. bonjour chaton tu le regardes à l'oeuvre, la poêle dans ses mains et en train de servir le tout dans une assiette. tu devines qu'il est debout depuis quelques heures. de par son allure, certes débraillée mais il son visage ne semble pas ensommeillé. cela change du tien, ça rééquilibre. merci dis tu quand il pose une assiette pleine devant toi. tu te lèves malgré tout pour aller chercher des oranges et les presser. tu te mets sur la pointe des pieds puis attraper deux verres dans le placard et lui vole un bisou sur la joue avant de retourner derrière le plan de travail.
à tes oreilles, vient se frotter sa voix inquiète. il te rappelle que tu n'as aucun rendez-vous médical aujourd'hui. tu te pinces lèvres. reese a tendance à trop te couver depuis l'annonce de ton cancer. il s'inquiète beaucoup trop et s'est arrêté de vivre. ce n'est pas une solution et tu n'as surtout pas envie de le voir aussi préoccupé à cause de toi. tu fermes doucement les yeux et termines de servir les deux verres sans faire la moindre remarque. une fois assise à table, tu lui tends la main pour qu'il approche. reese, s'il te plaît...arrêtes de t'inquiéter pour moi. je vais bien et...et c'est pas une solution de te terrer dans la peur. ça..ça ne fait que me tétaniser un peu plus. j'ai..j'ai besoin de toi, j'ai besoin de mon reese. le drôle, le fort et le courageux. tu l'as connu plus vivace et plus joyeux, c'est clair. tu ne peux pas lui reprocher d'être là pour toi mais il faut qu'il pense à lui aussi. je vais bien... tu te répètes avec un petit sourire. je veux que tu sors, que tu profites un peu de ton temps libre, que tu fasses ce qui te plaît sans te préoccuper de moi. tu fronces légèrement les sourcils et poses ta main sur la sienne avant de piquer dans les oeufs brouillés pour manger un peu.

Elle avait l'air plutôt de bonne humeur : elle l'est toujours en réalité. Comme pour le tirer de ses mauvaises pensées elle était venue déposer un baiser sur sa joue. Ça l'avait fait sourire comme un idiot : chaque fois que ses petites lèvres effleuraient ses joues c'était la même rengaine. Le jeune homme se préparait en suite une assiette copieuse et se dirigea vers la table la ou Alysha l'attendait apparemment. Elle lui tendait la main et lui disait tout ses mots qui se voulaient rassurant et encourageant. Il avait un peu honte. C'était elle la malade mais lui qu'on consolait : pitoyable.
D'autant plus triste parce qu'il était impossible pour lui de réaliser ce qu'elle lui demandait. Sortir ? Rire ? C'était des choses de plus en plus rare. Plus il voyait qu'elle perdait de la force et que son cancer devenait plus visible moins il avait le courage. Le courage de rire, de vivre, de bouger, d'être ce qu'il avait toujours été. Il fronçait les sourcils en s'asseyant prêt d'elle. Son front plissé ça voulait dire qu'il tentait de contenir un flot d'émotion. La tout de suite c'était de la déception. Il s'en voulait qu'elle se préoccupe tant de ses états d'âme et même si il se doutait que son inquiétude constante n'était un secret pour personne il aurait voulu que ça ne soit pas une de ses priorités. « Et comment je fais pour arrêter de me préoccuper de la princesse de cette appartement. » ; il jouait la carte du second degrés. La carte qu'on lui reprochait de ne pas assez jouer ses dernier temps, celle du « je prend tout à la légère ». Il accompagnait de ses paroles d'un clin d'oeil et d'un léger rire avant d'approcher sa chaise de celle d'Alysha et son corps aussi. Il était face à elle, yeux dans les yeux. Un sourire idiot sur le visage il en profitait pour la détailler. Lire sur son visage toutes les traces qu'avaient laissé cette saloperie de cancer. « Tu veux que je sois heureux et que j'arrête de m’inquiéter pour toi ? Laisse moi être prêt de toi dans cette bataille. Je te ferais rire, je serais fort pour nous deux. Si tu veux que je sortes on peut sortir tout les deux, je peux passer mon temps libre avec toi … Je sais que j'ai pas été au top mais je te jure que j'essaie … M'éloigne pas Alysha. » . C'était rare de le voir comme ça. A nu . Complètement perdu. Il soufrait et d'un coup il avait perdu le courage à nouveau : il n'arrivait plus à la regarder dans les yeux alors il les baissaient.

arrêtes d'avoir peur, je vais bien.

ton baiser sur sa joue semble lui avoir fait du bien. tu le remarques. il suffit d'un petit rien pour le rendre heureux et justement - tu le connais par coeur. reese ne va pas bien du tout ! ça t'énerve. tu aimerais qu'il pense à autre chose que ton cancer. tu aimerais le voir, reprendre goût à ce qu'il faisait avant. mais tu ne veux pas être trop brusque. il culpabilise maintenant. discrètement, tu te pinces la lèvre inférieure puis piques dans ton assiette pour mettre un peu d'ordre dans tes pensées. comment faire comprendre à reese qu'il n'a besoin d'être omniprésent comme il le fait ? son soutien t'es indispensable c'est vrai mais pas de cette manière. pas à en oublier de vivre soi-même. c'est du gâchis. c'est du temps de perdu. en relevant la tête, tu le vois s'installer à côté de toi. ses sourcils froncés confirme son état d'âme. c'est bien pour ça que tu lui prends la main.
rées parle, fais une petite remarque attendrissante et qui te va droit au coeur. son clin d'oeil agrandit ton sourire. ô, alysha, tu es tellement contente de l'entendre faire un peu d'humour. tu le regardes approcher : tirer sa chaise vers toi. idiot. tu le tapes gentiment sur l'épaule puis souris. à présent, c'est son regard que tu sens sur toi. cela te ferait presque rougir. mais ça réchauffe la pâleur de tes joues. tu plantes tes yeux bruns dans les siens. ça me met mal à l'aise car il ne te regarde pas comme d'habitude. reese. tu repousses sa joue pour que ses grands yeux ne te détaillent plus. c'est seulement quand il mesure le poids de mes paroles que je relève la tête pour l'écouter. c'est tout ce que je veux. que tu m'apportes du soutien oui. que tu me fasses rire, que tu rends mes jours agréables mais…sans être excessif comme tu le fais depuis des semaines. tu laisses ta fourchette sur le bord de l'assiette. je veux que tu me vois comme si je n'avais rien. je n'aime pas la façon que tu as de me regarder ces temps-ci je parle doucement je veux ton regard…celui que tu as toujours eu pour moi…le taquin, le tendre, le curieux, le réconfortant, le blagueur, le rassurant. celui à travers duquel tu me vois vivante et pas malade. tes yeux brillent un peu mais tu es forte. tu comprends ? tu détailles son visage, qu'il cache aussitôt. ton doigt sous son menton tu le relèves. reese…regardes moi. ne me fuis pas car moi je suis là. tu fronces les sourcils. je veux que tu me promettes de sortir aussi sans moi. d'accord, on passe du temps ensemble mais pas que ça. j'ai aussi besoin de souffler parfois. tu sais, c'est normal. tu poses tes mains sur ses deux joues.